Saint-Étienne
vendredi 29 mars 2024
16:21
Soutenez IF

« Pour maintenir le désir, on va commencer par abandonner Netflix »

0
3620 vues

En mai 2020, nous rencontrions Christelle Breuil, psycho-sexologue, à la tête des cabinets Entre Nous à Montrond-les-Bains et Saint-Just-Saint-Rambert, pour connaître l’impact du confinement sur les couples et leur sexualité. Nous sommes retournés à sa rencontre pour faire le bilan après une année hors du commun.

La psycho-sexologue ligérienne Christelle Breuil © JT / IF Saint-Etienne

Lors de notre précédente interview, vous nous disiez que le confinement avait été bénéfique concernant la communication dans le couple, mais pas au niveau sexuel. Où en est-on deux confinements plus tard ?

Les gens avaient besoin de se retrouver l’année dernière, donc finalement le confinement leur a fait du bien, a mis des problèmes en lumière, et le manque de communication a été pallié. Maintenant, on n’est plus dans un confinement strict comme en mars dernier non plus, c’est différent. Par contre, on est l’un sur l’autre quand on a des professions à l’arrêt ou en télétravail. Les conséquences sont qu’on ne se supporte plus. C’est quelque chose qui revient au sein des couples. J’entends souvent « il est toujours dans le canapé à regarder la télé »  et « elle est tout le temps énervée ». Et au niveau de la sexualité c’est pas terrible, parce que ce qui stimule le désir, c’est le manque. Ajoutez à cela les enfants qui prennent l’habitude que leurs parents soient à la maison et se mettent en travers du couple…

On ne peut pas tout trouver dans son couple, on a besoin de contacts extérieur. 

Êtes-vous davantage sollicitée depuis le début de la crise ?

Oui, j’ai beaucoup plus de couples et j’en refuse même. Je suis psycho-sexologue avant tout, donc j’avoue que je priorise les couples qui ont une problématique qui relève de ma spécialité.

Comment maintenir le désir dans un couple quand on est tout le temps ensemble ?

Pour maintenir le désir, on va commencer par abandonner Netflix. On laisse tomber les écrans. On essaie de faire de l’intimité sa priorité. On se couche en même temps, on communique, on peut se masser, se toucher. On n’est pas obligé de caresser pour avoir un rapport sexuel. La caresse désintéressée est très importante dans un couple.

La communication reste un indispensable sur ce sujet ?

Quand il y a une mauvaise communication, il y a une mauvaise sexualité. Certains couples n’en parlent pas, par pudeur, parce qu’il y a eu les enfants… Certains ne se demandent même pas comment s’est passée leur journée. Du coup les choses profondes sont enfouies et ressortent au mauvais moment et mal.

Pourquoi le confinement a-t-il précipité la fin de certains couples ?

En fait, ce sont des couples qui se sont aperçus qu’ils mettaient l’absence d’intimité dans le couple sur le compte du travail, de la pression, de la charge mentale, du temps passé avec les amis… et au final, une fois confinés, alors qu’ils avaient du temps, ils se sont rendu compte que l’instabilité était encore là. Du coup c’est là qu’ils se posent la fameuse question de savoir s’ils aiment toujours l’autre ou non.

Pour les couples, consulter un psycho-sexologue reste tabou ?

Cela s’est bien démocratisé, surtout la thérapie de couple simple. La thérapie ciblée sur l’intimité est peut-être encore un peu tabou parce qu’on a honte. Mais je suis surprise, depuis quelques mois, ce sont beaucoup d’hommes qui prennent l’initiative de m’appeler pour entamer une thérapie de couple. Traditionnellement ce sont plus les femmes.

Ce qui stimule le désir, c’est le manque. 

Quel conseil donneriez-vous à un couple dont la libido est en berne dans ce climat un peu anxiogène ?

Il faut sortir, je sais que c’est compliqué en ce moment, mais il faut trouver des choses à faire de son côté, voir ses amis. Je trouve les gens très déprimés depuis quelques mois. On ne peut pas tout trouver dans son couple, on a besoin de contacts extérieurs. Les gens se sont beaucoup isolés, particulièrement en ville.

Partagez
Signaler une erreur

    Signaler une erreur

    J'accepte de transmettre les informations personnelles saisies ci-dessus afin que mon signalement soit traité par IF MEDIA.

    Laisser un commentaire
    Recevoir la newsletter
    IF Saint-Étienne