Renaissance : « Bien sûr que nous entendons cette colère »
Tsunami express. Confrontée, comme les QG locaux des partis politiques, au calendrier démentiel provoqué par la dissolution, la rédaction d’If Saint-Etienne ne sera pas en mesure d’être aussi exhaustive qu’en 2022, année à double échéance électorale. Néanmoins, notre site a essayé de contacter, dans la mesure du possible, un maximum de formations afin de comprendre leur stratégie, leur présence sur l’ensemble du département et leurs propositions d’ici le 1er tour ce dimanche. Troisième volet consacré au camp présidentiel qui, sur les six circonscriptions de la Loire, comptent deux candidats sortants (Renaissance et MoDem) et, très certainement, un candidat Horizons.
Du compliqué dans une situation qui l’est déjà. On ne peut pas dire que contacter le parti présidentiel soit chose aisée dans la Loire. Après avoir mis deux semaines à joindre Quentin Bataillon, candidat à sa succession dans la 1ère circonscription de la Loire, nous apprenons que n’aurons pas de vision globale du parti. « Je me suis mis en retrait le temps de mener ma campagne, nous lance l’ancien député. Je suis redevenu pleinement candidat je ne peux donc pas parler de ce qu’il se passe dans les autres circonscriptions du département ». Depuis le 9 juin au soir, c’est donc Jérôme Chantelot, secrétaire général de Renaissance Loire, qui a pris le relais. Trouver une disponibilité en moins de 24 heures étant impossible, nous devrons faire sans cette interview. Dommage vu l’ampleur du fouillis, nous aurions bien volontiers voulu avoir quelques explications.
D’abord, pourquoi la majorité présidentielle ne présente-t-elle pas un candidat dans chacune des six circonscriptions ligériennes ? Faute de volontaires ? C’est probable. Quant à une supposée alliance secrète avec LR à l’échelle locale, Quentin Bataillon rejette cette idée en bloc. « Je n’ai jamais été en contact avec le moindre cadre LR, ce serait difficile (en allusion à ses relations tendues avec Jean-Pierre Taite, NDLR) ».
Parachutage à l’horizon
Autre point d’interrogation, la candidature d’Alexandre Silva dans la 6ème circonscription (Forez), dont il a fallu plusieurs jours pour comprendre qu’il se présentait sous l’étiquette Horizons… visiblement sans même que les alliés MoDem et Renaissance soient au courant. « Je ne suis absolument au courant de rien, nous explique Emmanuel Mandon, candidat MoDem dans la 3ème circonscription de la Loire. Je n’ai aucune information et je n’ai pas cherché à en avoir. On a juste été capable de savoir qu’il siège au barreau de Paris, ça ne fait pas lourd comme information… Ce sont des partenaires, mais je ne suis pas chez Horizons, je sais qu’ils ont une stratégie assez individualiste. Est-ce qu’il y a eu en amont des tractations, des négociations qui n’ont pas abouti ? Je ne sais pas ». Reste que la candidature du fraîchement parachuté Alexandre Silva est soutenu par Julien Borowczyk, ex député LREM qui a rejoint Horizons depuis. Horizons qui soutient aussi les candidatures d’Emmanuel Mandon, et d’Eric Le Jaouen (UDI), qui se présente pourtant dans la 2ème circonscription pour l’alliance LR/ UDI. Vous avez du mal à suivre ? C’est normal…
Un bilan à défendre
Côté programme, Renaissance va devoir défendre un bilan très critiqué, qui a déçu de nombreux électeurs susceptibles de s’être tournés vers le Rassemblement National. « Bien sûr que nous entendons cette colère, reconnaît Quentin Bataillon. Mais les gens que je rencontre sont loin d’être racistes, il s’agit plus d’un rejet des élites. La classe moyenne demande plus d’ordre et plus de justice sociale. Nous sommes justement pour la fin de l’excuse de minorité, et pour l’indexation des retraites sur l’inflation. » Le député conçoit que certaines mesures aient été mal perçues, notamment en matière d’écologie. « Concernant les zones à faibles émissions, pour une famille qui a un monospace, qu’elle ne peut pas changer faute de moyens, c’est une assignation à résidence. » Comme 99 % des Français dimanche 9 juin, l’ex député a appris la dissolution à la télévision et a choisi de se tourner immédiatement vers sa campagne. « Il y a des campagnes ‘contre’ mais j’en aimerais une qui soit ‘pour’. A Saint-Etienne, il y a besoin que l’économie aussi remonte en Ligue 1, c’est un élément fort. »
Faire des compromis
De son côté, Emmanuel Mandon ne croit pas à la durée de l’alliance de gauche. « On les a vu fonctionner ces jeux d’alliance. Il y a deux blocs au sein du Front populaire, celui avec LFI et le Parti communiste, et puis l’autre bloc avec le PS et les Ecologistes. Quant à l’extrême droite, c’est une éponge à mécontentement. Le risque, c’est d’avoir des députés idéologues, ou des gens complètement déconnectés de la réalité locale. » L’ancien député estime que ces élections sont peut-être une chance de retrouver un parlementarisme rationalisé. « Un parlement qui fonctionne, c’est un parlement où il est possible de faire des compromis. Je crois à la république démocratique. Je suis pour la liberté d’entreprendre, mais avec des garde-fous et avec une politique sociale équilibrée. Je ne suis pas pour le dirigisme absolu que veulent imposer Bardella et Mélenchon. Aujourd’hui, je suis malheureux de voir les citoyens douter parce que leur quotidien ne leur laisse pas beaucoup d’espoirs. »