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Retraites : durcissement ou pas, les syndicats entendent rester soudés

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L’intersyndicale CGT, CFDT, FO, Solidaires, FSU, UNSA, CFTC, CFE-CGC et CNT a fait le point mardi sur la mobilisation dans la Loire contre la réforme des retraites. Bientôt un mois que les cortèges s’enchaînent. Plus ou moins fournis mais indéniablement touffus à chaque fois. Alors qu’un durcissement est dans le champ de vision pour mars, il y aura à nouveau une manifestation ce jeudi 16 février à Saint-Etienne, Roanne et même un rassemblement à Montbrison…  

Samedi 11 février, lors du rassemblement devant la gare de Châteaucreux à Saint-Etienne. ©If Média

« Quand on voit dans les cortèges autant de drapeaux bleus et oranges, c’est que la situation est très, très grave ». La taquinerie, parfois entendue dans les cortèges intersyndicaux, sort de la bouche d’étendards « rouges ». Mais pas de ça à table, mardi, à la Bourse du travail au moment de présenter la suite locale du mouvement. Le message est clamé et approuvé par toutes les composantes de l’intersyndicale : cette réforme « injuste », redit-elle, fait contre elle l’unanimité syndicale. Et le camp d’en face ne doit pas envisager ne serait-ce qu’un début de microfissure au sein du bloc. Faut pas les prendre pour des bleus, c’est d’ailleurs un « orange » qui le dit : « On entend régulièrement cette petite musique de la part du gouvernement autour de dissensions potentielles histoire de nous diviser. On le redit avec tous les collègues : nous sommes chacun à 100 % dans cette intersyndicale et exactement sur la même position face à la surdité du gouvernement », insiste Guillaume Touminet, délégué CFDT Loire/Haute-Loire chez Casino.

Ce jeudi 16 février, se déroulera dans la Loire le 5e round local après le 4e du samedi 11 février où le mouvement avait visiblement repris de la vigueur par rapport au mardi 7 sans, qu’à cette dernière date, on puisse parler pour autant d’effondrement des effectifs. 25 000, 30 000, 35 000 personnes à Saint-Etienne samedi ? Beaucoup, tranchera désormais l’intersyndicale qui a exprimé son ras-le-bol sur la bataille stérile des chiffres (par manque de moyen un samedi matin ? Le 11, la police a donné un « peu réaliste » 5 000 manifestants à Saint-Etienne…), et ne veut plus s’y attarder tant à ses yeux la densité et la longueur évidentes des cortèges successifs mais aussi la variété des profils qui les composent – « des familles », « des jeunes », « des retraités », « des salariés du privé », « des gens qui ne manifestent jamais » – atteignent l’« inattendu ». Voire le « jamais vu ». Les appels à manifester et la grève allant avec, eux aussi, se densifient.

Pédagogie et réunion publique

Le couvert sera en effet remis dès ce jeudi 16 février. A Roanne, le départ aura lieu à 10 h devant le centre hospitalier pour une arrivée classique au menu : l’hôtel de ville. L’original est dans le Forez : afin de répondre à une « forte demande locale », sans doute lassée de se manger le coût en temps et en argent des déplacements jusqu’à Saint-Etienne, un rendez-vous aux flambeaux est organisé à 18 h à Montbrison, devant la sous-préfecture. A Saint-Etienne, il est fixé à 10 h 30 depuis la Bourse du travail pour se rendre cette fois-ci non plus à l’hôtel de ville mais, jusqu’au Parc Sanguedolce, devant le Musée de la Mine. Pas pour se délasser mais pour la symbolique des lieux et rendre visible l’ampleur de la mobilisation au sein d’autres quartiers. Même si l’intersyndicale Loire met à nouveau en avant des sondages nationaux qui sont (ont été ?) les plus favorables au mouvement, et ne faisant pas un pli – « 9 travailleurs sur 10 contre la réforme, 2/3 tiers des Français soutenant la mobilisation » –, à ses yeux un peu plus de pédagogie ne fera pas de mal.

Après le 4e opus samedi, on ne semble pas prêt du terminus. ©If Média

Elle devrait organiser, du coup, une réunion publique le jeudi 2 mars à la Bourse du travail de Saint-Etienne pour exposer encore les éléments de la réforme, ses contre-arguments et ses propres propositions. « Le gouvernement s’entête. Il n’y a jamais eu de réelles concertations. Il n’a jamais souhaité se pencher sur nos solutions, là aussi communes : les 6 à 7 Md€ dégagés par une réelle égalité hommes/femmes dans le travail, la hausse des cotisations d’1 %, etc. Pourquoi, encore une fois, tout faire supporter aux seuls salariés ? Les femmes qui ont connu le temps partiel vont être, particulièrement touchées. Commençons par maintenir dans l’emploi les plus de 50 ans qu’il s’agisse de leur en donner ou de diminuer l’usure dont ils sont victimes pour plus de cotisations », s’agace Anthony Giraud de l’UNSA Loire. Et « la pension à 1 200 € miniums est un leurre au regard des conditions strictes et restrictives pour les obtenir », pointe Guillaume Touminet (CFDT).

Données comptables vs données financières

Dominique Haon pour FO, ajoute : « Il faut bien comprendre que pour avoir une retraite complète sans décote, il faudra très souvent aller au-delà des 64 ans – 67, 68 ans pour les générations dont les conditions de départ ont déjà été plombées par le passage précédent de 60 à 62 ans. » Des éléments pédagogiques, Alain Rochette, de la CFE-CGC en maîtrise aussi : « Ce projet de loi touche la population au plus profond d’elle-même. Il n’y a pas que les éléments techniques en vue d’un ajustement comptable à prendre en compte mais aussi notre rapport au travail global, la prise en compte fine, selon le contexte, des postes, du vieillissement au travail. Tout cela est totalement mis de côté avec l’exigence d’aller très vite : on reproche aux députés de discuter d’un projet d’une gigantesque ampleur. Or, si on observe ce qui s’est précédemment passé chez des voisins, le débat a par exemple duré 4 ans en Italie, 8 en Suède ! »

La violence, on n’en veut bien sûr pas mais on ne la contrôle pas.

Christine Massard, une des secrétaires de l’UD CGT Loire

Quant aux données comptables, « l’argent à trouver » pour sauver le système de répartition, il met dans la balance des « salaires qui représentaient 59 % du PIB national, selon la Banque de France, en 1997 contre 54 % en 2019. Tandis que dans le même laps de temps, les dividendes passaient de 5 à 15 %. Ces mouvements financiers sont totalement incohérents. Le déficit des comptes publics a commencé en 1974, ce ne sont pas les salariés qui l’ont creusé ». Mais jusqu’à quand les échanges d’arguments et professions de foi ? Loin de la violence ayant entaché les mouvements 2018-2019 des gilets jaunes, les cortèges jusque-là très bon enfant peuvent-ils devenir plus agressifs ? « La violence, on n’en veut bien sûr pas mais on ne la contrôle pas », note Christine Massard, une des secrétaires de l’UD CGT Loire. Les services d’ordre des syndicats ont leur limite, ceux d’amateurs, la réelle surveillance revenant aux professionnels, les forces de l’ordre.

Droit vers le champ de mars ?

Or, « l’inflexibilité, la surdité assumée face à une opinion aussi clairement, majoritairement et massivement exprimée, avec en plus des provocations gouvernementales jetant de l’huile sur le feu », relève Guillaume Touminet (CFDT), tout cela risque de lasser, avertissent les syndicats… Sans même parler de violence, l’opposition à la réforme commence-t-elle à déborder hors des journées générales de mobilisation, comme entrevue encore modestement à l’université de Saint-Etienne ? C’est-à-dire par des mouvements de grèves spécifiques ? Oui, répond la CGT qui, sans revendiquer l’exhaustivité évoque plusieurs grèves « maison » liées aux retraites dans des entreprises où elle est très implantée comme Thermal Ceramics à Saint-Marcellin-en-Forez ou encore Comefor à Roche-la-Molière. Un petit avant-goût de la grande journée de blocage général national déjà annoncée, en attendant d’autres manifestations, et fixée le 7 mars ? Le début d’un combat autrement plus dur ? Les « bleus » et les « oranges » seront-ils alors aux côté des rouges ? « On verra ce qui se décide au soir du 7 mars », botte en touche la CFDT.

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