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jeudi 7 novembre 2024
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Retraites : « Le Président nous a donné rendez-vous jusqu’au 14 juillet »

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Reprise du marathon : après une courte pause qui n’a pas empêché des actions parallèles, l’intersyndicale, « toujours aussi unie et déterminée » dans la Loire comme dans tout le pays, a renoué avec sa lutte dès vendredi, tout en annonçant sa nouvelle mobilisation générale, la 13e, contre les retraites. Elle coïncide ce lundi, avec les traditionnelles manifestations du 1er Mai. Après 3 mois et demi, entre autres de cortèges, les syndicats ont fait part d’un état d’esprit qui ne laisse, disent-ils, aucune place à la résignation…

Lors de la manifestation à Saint-Etienne du 6 avril. ©If Saint-Etienne/Xavier Alix

Une sorte d’hors-d’œuvre à la sauce convergente. Hier vendredi 28 avril, était la « Journée mondiale de la sécurité et de la santé au travail, l’intersyndicale avait appelé à un rassemblement à 18 h place Hôtel-de-ville à Saint-Etienne en appelant les salariés à venir « poser leurs outils de travail ». Alors qu’un député macroniste du Rhône, Thomas Gassilloud a vu sa visite de l’usine électrique du barrage de Grangent, jeudi empêchée et « casserolée », les syndicats tiennent à faire du bruit entre réforme des retraites et ce qui représentent pour eux d’autres casseroles qu’ils attribuent à Emmanuel Macron. « Ses premières décisions une fois élu en 2017 ont donné lieu à la disparition des Comités d’Hygiène, Santé et des Conditions de Travail, rappelle Mireille Carrot, secrétaire générale de l’union départementale. Tout passe au rabais par le CSE avec cette réforme et c’est catastrophique. »

Car la liste de cette mise à mal de ce service public pour l’intersyndicale ne s’arrête pas là et doit s’interpréter avec d’autres : « insuffisance de moyens pour la médecine du travail », « Inspection du travail empêchée de remplir sa mission, aux effectifs insuffisants, soumise une pression du ministère du Travail sur les agentes et agents pour protéger les entreprises et non les salariés », « suppressions de postes dans la fonction publique, le non-remplacement des arrêts maladie », « compétitivité à outrance des entreprises, justifiant des cadences impossibles… ». Et, « contrairement à ce que dit en ce moment même par la voix d’Olivier Dussopt le gouvernement, on en voit les conséquences : 3,53 accidents mortels pour 100 000 travailleurs, c’est quatre fois plus qu’en Allemagne, Suède, Pays-Bas, Espagne ou en Grèce ! »

« Ne pas mourir au travail »

Selon l’intersyndicale, depuis le début de cette année, nous en sommes à plus de 84 morts au travail. Le 2 novembre 2022, le ministère du Travail a publié une étude statistique recensant 783.600 accidents du travail en 2019, soit plus de 2 500 accidents du travail par jour ouvrable. 780 salariés en sont morts  contre… 530 recensés en 2017. Dommage que les syndicats n’aient pas pu donner les chiffres de la Loire, eux qui sont les plus hauts, disent-ils, de la région Aura… Parler des accidents du travail en hausse, là aussi il s’agit « de ne pas mourir au travail », c’est pour l’intersyndicale mettre en perspective le fait que la réforme des retraites n’est à ses yeux qu’une étape majeure d’un projet continu (hôpital public, Education nationale, etc.) de démantèlement d’un modèle social. Alors, 64 ans ? C’est, sans surprise « toujours non ». Et peu importe que la loi soit passée : l’intersyndicale poursuit une lutte dans le cadre d’une union à la longueur dans le temps désormais inédite. Ce 1er mai, les manifestants de Paris seront d’ailleurs rejoints par des membres des délégations de syndicats européens et même extra européens.

Ce n’est pas excessif de dire que l’on est en pleine crise démocratique.

Paul Bouilhol (FO Loire)

Toujours non et toujours pas de résignation, représentants, adhérents (plus nombreux) ou sympathisants comme en témoigneraient les interpellations et appels reçus appelant parfois à aller plus loin (type : « Pourquoi n’appelez-vous pas à la grève ? ») par les délégations syndicales Loire, pour une loi jugée injuste – « 25 % des travailleurs pauvres meurent avant 62 ans, ce sera 29 % avant 64 ans », argue encore une fois Corinne Mandon (UNSA) – et objet d’une adoption jugée « anti-démocratique ». « Ce n’est pas excessif de dire que l’on est en pleine crise démocratique. Nous, on ne veut pas que l’on nous explique : on a très bien compris et on veut négocier. L’opinion publique continue à être massivement avec nous, contre cette réforme. Alors, on est loin, très loin du baroud d’honneur avec le 1er-Mai. C’est le Président lui-même qui a nous a donné rendez-vous, jusqu’au 14 juillet (allusion aux 100 jours) », souligne Paul Bouilhol (FO Loire).    

« Ne volez pas 2 ans de nos vies sans savoir » 

« Comment peut-on nous dire, « vous avez pas compris » alors que son propre camp ne maîtrise pas les tenants et aboutissants de cette réforme ?, s’interroge Mireille Carrot. Je pense, entre autres, à la fausse assurance du minima de 1 200 €. Je pense aussi, à leur méconnaissance des réalités, de la pénibilité que vivent des millions de travailleurs, comme l’illustre notre rencontre qui a enfin eu lieu avec le député stéphanois de Renaissance Quentin Bataillon. A l’évocation des conditions de travail difficiles vécues par ses interlocuteurs, il répond : « vous savez moi, je ne connais pas tout ». Oui, on le constate bien. Alors, ne volez pas 2 ans de nos vies sans savoir.» Une attitude globale du camp présidentiel et du Président en tête jugée méprisante par les syndicats pour ses accumulations qui explique les réactions de colère désormais systématiques pour l’intersyndicale. Le cumul de casseroles n’a pas fini de résonner.

Dans la Loire, le lundi 1er mai auront donc lieu les deux manifestations habituelles de Saint-Etienne et Roanne. Pour la première ville, le rassemblement est fixé à 10 h 30 devant la Bourse du travail. Le parcours ira jusqu’à la place Hôtel-de-ville (via Badouillère, peuple et avenue de la Libération…). Du côté de Roanne, rassemblement à 10 h 30 devant la Sécurité sociale puis direction jusqu’au centre universitaire pour « un grand meeting unitaire ».

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