Saint-Chamond : une sacrée cure de jouvence pour son Hôtel Dieu
Élément majeur du patrimoine bâti couramiaud, dont les parties les plus nobles remontent à Louis XIV, l’Hôtel Dieu va jouir d’une sacrée cure de jouvence. Objectif : mettre en valeur, aussi bien d’un point de vue esthétique que fonctionnel un bâtiment sous utilisé. Vaste programme à 12 M€ qui devrait s’étaler sur le mandat municipal suivant mais dont la première phase doit commencer, côté ouest, au 1er trimestre 2024…
Cette fois, c’est pour de bon. De premières études avaient déjà émergé lors du premier mandat de la municipalité d’Hervé Reynaud. Celle-ci vient d’annoncer et de présenter les vastes travaux de rénovation qui devraient s’enclencher à partir du 1er trimestre 2024 au sein de ce bâtiment si « emblématique » de Saint-Chamond, comme tient à le rappeller le maire. L’Hôtel Dieu est une évidence. Celle d’une histoire locale dont le coup d’envoi ne doit rien à l’industrialisation et son corollaire : une urbanisation des XIXe et XXe siècles prédatrice du passé l’ayant précédée.
A Saint-Chamond, la « rue de l’Hôpital » ne passe pas devant le Centre Hospitalier du Gier mais devant la face sud de l’Hôtel Dieu. A l’ouest, ce dernier est bordé par la rue de la Charité. La toponymie n’est pas hasardeuse. Face à l’esplanade débarrassée il y a quelques années de l’immonde bâtiment de la CPAM, se dresse un ex hôpital géré par l’Église tel qu’on les envisageait (« l’enferment des mendiants » et sa fonction de charité allant avec les soins) et fondait sous l’Ancien Régime. Celui-ci date de 1672 sous Louis XIV, installé là sur l’emplacement d’une maison préalable. Une chapelle est construite en 1674, d’autres agrandissements les années suivantes. En 1713, le bâtiment est officialisé par lettres patentes du Roi. Il va conserver sa fonction hospitalière (et être aussi en même temps une sorte de maison de retraite de 1807 à 1971) jusqu’en… 1940.
Actuellement utilisé à seulement « 60-70 % »
Étendu (en particulier 1789) et modifié à plusieurs reprises, le bâtiment est par la suite réaffecté et restauré. Il accueille encore ou accueilli la Bourse du travail, la Greffe d’instance, les prud’hommes, la salle de spectacles Gérard-Philipe, des associations, des directions des services municipaux, sinon sert de bureau de vote… Mais de nos jours, entre le remplacement de Gérard-Philipe par la salle Roger-Planchon et la fermeture de sièges et services non municipaux, « l’Hôtel Dieu n’est utilisé qu’à 60-70 % pour 2 200 m2 de surface utile, constate Andonella Flechet, adjointe déléguée à la vie associative, à la manœuvre sur le dossier au sein de la mairie. Avec les modifications, nous allons passer à 2 500 m2 . Un niveau sera créé dans les salles Gérard-Philipe et des prud’hommes en profitant de leur hauteur de plafond. »
Une extension de la surface utile qui correspond à un nouveau plan d’utilisation que la municipalité estime en adéquation avec les besoins recensés par des consultations et son groupe de travail spécifique. Tandis que les unions locales syndicales resteront, tout comme les Amis du Vieux Saint-Chamond et le comité des fêtes, tous déjà domiciliés dans ces murs, de nouvelles associations, à l’exemple des Anciens combattants actuellement installés dans une location d’Habitat & Métropole, y trouveront un nouveau, sinon leur premier premier local et/ou des bureaux partagés ainsi que des salles de réunion pourvues en équipements et matériels. Les espaces réaménagés permettront aussi d’y transférer des services municipaux et leur à la population, actuellement jugés trop à l’étroit au sein de l’Hôtel de ville.
Un permis de construire sera déposé cet été
Il s’agit de ceux enfance/jeunesse et logiquement, du coup, vie associative. Ils présenteront un accueil commun dans la partie centrale du bâtiment avec les services municipaux déjà présents. A la suite du croisement des études orchestrées par le cabinet lyonnais Silt (architecte mandataire derrière un du groupement associant au projet dans leurs domaines respectifs DLD, Le Be Associés, Nicolas Ingénieries, Onnix et Global), un permis de construire sera déposé cet été pour espérer lancer une première phase de travaux au premier trimestre 2024 pour environ 18 mois, sur la partie ouest, voire centrale séparant les deux cours et 4 M€ investis. Le dossier a été préparé en lien étroit avec l’Architecte des Bâtiments de France et la Drac (Direction régionales des affaires culturelles), le bâtiment étant classé, qui ont validé les orientations prises.
Côté fonctionnel, l’accessibilité sera améliorée, tout comme le bilan énergétique de l’ensemble, actuellement une passoire, par ailleurs raccordé au réseau de chaleur. L’amélioration esthétique, pas évidente à manœuvrer dans sa globalité du fait d’une construction successive aux matériaux hétérogènes et que toiture et façades, reprises, ainsi que les galeries sont inscrites aux titre des Monuments Historiques depuis 1975, est aussi au programme avec cet impératif fixé de respecter la sobriété des lieux. Une modernisation, une ouverture des lieux sont néanmoins annoncées, en particulier en ce qui concerne les menuiseries : la plupart des fenêtres sera changée. Un des objectifs est de rendre l’intérieur – débarrassé de ses éléments disgracieux tel l’escalier au garde-corps en verre fumé – beaucoup plus lumineux.
Une seconde phase dans 3 ans
Il y a le cas de la chapelle aussi et son crépi saumon peu reluisant. Servant actuellement de débarras, il s’agit en réalité d’une reconstruction en mâchefer décalée de 5 m par rapport à l’originale, détruite malgré son âge pour laisser place à la percée de la circulation automobile rue de la Charité élargie peu après la Seconde guerre. Elle deviendra, non pas une salle d’exposition (en raison de la reconversion de Notre-Dame) comme envisagé un temps, mais une nouvelle salle polyvalente destinée aux projets d’animation de la Ville et des associations. La chapelle retrouvera d’autant plus la lumière que ses grandes fenêtres ne seront du coup plus obstruées. Une seconde phase de travaux, avec sans doute une reprises des jardins et leur ouverture doit concerner l’est de l’Hôtel de Dieu. A voir donc pour la partie centrale si elle sera déjà ou non commencée. Cette suite du chantier sera lancée au début du mandat municipal suivant, c’est-à-dire à partir de 2026.
« Le patrimoine bâti aussi, est un élément d’attractivité, du rayonnement d’une ville. Les gens ont besoin de ça, de sa valorisation dans leur environnement, d’autant plus dans cette zone géographique (le bâtiment est longé par la traversée principale de Saint-Chamond, ex tracé de l’A47, Ndlr) », argue avec recul Hervé Reynaud vis-à-vis d’un investissement qui devrait tout de même, à terme, totaliser 12 M€ toutes tranches comprises. La municipalité couramiaude espère cependant obtenir, outre un fonds de concours de Saint-Etienne Métropole sur son plan de relance, des subventions de la Drac, de l’UE via le Feder et de la Région.