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mardi 23 avril 2024
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« Tiers lieu culturel » de Beaulieu : les esquisses entrent en scène

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Elles n’ont rien de contractuelles et ces projections architecturales évolueront au fur et à mesure de l’avancée du dossier, insiste la municipalité. Lundi soir, une réunion publique a cependant été l’occasion de donner plus de détails, dont des images, sur l’équipement majeur – « tiers lieu culturel » – qui succédera d’ici 2025, dans les quartiers Sud-Est, au Nouveau Théâtre de Beaulieu détruit par un incendie en 2017…

Vue depuis le boulevard de La Palle. Projection architecturale non contractuelle.

Les tiers-lieux ? « Ce sont les nouveaux lieux du lien social, de l’émancipation et des initiatives collectives. Ils se sont développés grâce au déploiement du numérique partout sur le territoire. » Voilà pour la définition du ministère de la Cohésion des territoires. Bien d’autres s’accumulent, s’enchevêtrent et se trouvent facilement en un clic sur la toile. Mais retenons parmi cette nébuleuse, la notion d’un lieu coconstruit aux activités hybrides, ouvertes à de multiples acteurs et donc porteuses de lien social. Ce qu’en somme, résume la municipalité en utilisant d’un tiers lieu à vocation culturelle pour le nouvel équipement des quartiers sud-est.

En juin 2017, un incendie criminel avait détruit le Nouveau Théâtre de Beaulieu et sa MJC. Il était fréquenté pas près de 5 000 enfants et accueillait le festival des Arts burlesques. Le principe d’une reconstruction sur place est acté depuis novembre et un vote de l’assemblée municipale. L’équipement sera beaucoup plus grand – plus de 1 500 m2 – et centralisera davantage d’activités. Voir réduit en cendres le bâtiment dont les ruines sont encore visibles face au CHPL avait provoqué un certain émoi dans le quartier. Pas étonnant dès lors, que la consultation locale menée auprès des associations, des centres sociaux, des habitants et des entreprises de novembre 2018 jusqu’en mars 2020 ait totalisé une centaine de participants. Il s’agissait de dessiner les grandes lignes sur la forme et le contenu de ce « tiers-lieu ».

Une salle qui sera « capable »

La médiathèque de Beaulieu va déménager dans ce tiers-lieu. Voilà comme elle s’envisage à ce stade.

Lundi soir, à l’Amicale laïque de Beaulieu, « c’est la synthèse de ces échanges » qui a été présentée pour reprendre les propos du maire Gaël Perdriau, présent à la réunion publique. « La participation à la conception a été considérable. On est parti d’une page blanche. Ce sera un lieu atypique sur sa forme et ses usages, d’abord pour les habitants du quartier même s’il a vocation à le dépasser pour compléter l’existant dans les autres. » Pas de changement majeur avec ce qui avait été annoncé cet automne. Confié, à la suite d’un appel d’offres qui avait attiré une dizaine de candidatures, aux agences d’architecture stéphanoise Dominique Vigier et Philippe Drevet et lyonnaise l’Atelier 131 (auteur de la Comète) pour « avoir très bien intégré sa haute dimension sociale », ce tiers lieu dont l’appellation future fera l’objet d’une autre consultation, ce sera déjà une salle de spectacles dédiée à la culture urbaine, aux arts de la rue. Et elle sera « capable ».

C’est-à-dire en jargon techno-culturel, très modulable et avant tout destinée à la pratique. Avec une « belle hauteur sous plafond », des gradins rétractables d’une capacité de 120 à 140 places, contre 160 auparavant (180 selon le groupe d’opposition municipale Saint-Etienne Demain). « C’est ce qu’ont demandé les habitants et c’est logique, rappelle, comme il l’avait dit en novembre, Marc Chassaubéné, adjoint municipal à la culture. Saint-Etienne est très bien dotée pour des représentations, qui plus est avec l’ouverture de la Comète », précise Marc Chassaubéné, adjoint municipal chargé de la culture. Une grande partie du bâtiment accueillera la médiathèque de Beaulieu qui y déménagera pour une version 2.0 très numérisée, modulable et aérée (« diluée », dit le fameux jargon) favorisant les échanges, le travail sur place, l’organisation d’ateliers à l’éducation numérique ou encore à la lutte contre l’information pernicieusement fausse (« fake news » dans un jargon tiers).

Les ruines du NTB détruites à partir de cet été

Vue de l’esplanade et des terrasses dont celle du futur restaurant.

Il faudra aussi compter sur un vaste espace de restauration (faisant probablement l’objet d’une DSP) et une cuisine partagée, conformément à la demande des habitants, l’installation de la Maison des projets et, enfin, une vaste esplanade végétalisée devant donnant sur le boulevard de La Palle. Cet extérieur sera doté de gradins et de terrasses pour déjeuner. « On parle donc de tiers lieu car c’est un projet qui mixte les acteurs, les publics, les activités et surtout très innovant. La gouvernance et la programmation culturelle, même si ce sera aussi un bâtiment municipal approcheront de ce qui se fait à La Comète, précise Marc Chassaubéné. Il y aura une compagnie résidente pour la programmation choisie sur appels à projets pour 3 ans. Mais elle devra fortement ouvrir les lieux à d’autres acteurs culturels. Comme le souhaitent les habitants, ce ne sera pas un paquebot culturel ostentatoire, intimidant. »  

Comme le souhaitent les habitants, ce ne sera pas un paquebot culturel ostentatoire.

Marc Chaussaubéné, adjoint municipal à la culture

La démolition des ruines du NTB va commencer ce mois de juillet et s’achever en octobre. Des consultations d’entreprises pour la construction et le dépôt de permis de construire seront effectués en 2023. L’objectif est de lancer la construction en février 2024 pour une livraison à l’été 2025. D’ici là, des nombreuses « actions de préfiguration » sont prévues : de l’information (y compris sur les offres d’emploi induites par la construction) et des temps d’échanges pour continuer à associer les habitants sur la future programmation. De l’animation aussi avec des ateliers réguliers ouverts aux jeunes (jeux vidéo, 3D, bricolage numérique, création de stickers, cultures urbaines) ou pour tous (cuisine, spectacles, fête de quartier, ciné-quartier, ciné plein air)

Le coût a grimpé de plus de 15 % en 7 mois !

Une chose qui a déjà évolué, elle, c’est le prix estimé de l’opération, exemple très concret de l’impact de l’inflation sur les projets portés par les politiques publiques et toute l’inquiétude allant avec. En novembre, le conseil municipal a voté un investissement de 7,6 M€. « Nous sommes désormais à plus de 9 M€ pour l’équivalent et ce n’est sans doute pas fini, annonce quelque peu dépité Gaël Perdriau. Comme nous l’avons dit récemment en conseil municipal, la situation va sans doute nous amener à revoir notre plan d’investissement. Mais pas sur cet équipement qui se fera comme nous l’avons présenté. En revanche, même si on espère bien sûr des subventions de l’Etat et d’autres collectivités, pour l’instant, nous ne comptons plus que sur nous-même pour le financer (et sur 900 000 € issus des assurances à la suite de l’incendie, Ndlr). »

Plan général au rez-de-chaussée.

Car à l’inflation des matières, à la progression du point d’indice des fonctionnaires décidé par le gouvernement (qui pèsera sur le fonctionnement mais donc aussi sur l’autofinancement qui en découle), aux dépenses supplémentaires et pertes de recettes liées au Covid, s’ajoute un paramètre purement « auralpin ». Comme déjà évoqué cet automne puis en mai lors d’une signature de convention entre Saint-Etienne Métropole et l’université Jean-Monnet, le « nouveau » contrat plan Etat/Région est toujours bloqué en raison de différends entre les deux parties citées. Le précédent s’est achevé en 2020. Le suivant était censé entrer en fonction… en 2021. Le financement et co-financement de très nombreux projets majeurs d’intercommunalités, de Départements et de la Région sont donc en suspens…

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