Transition énergétique : pourquoi Métropole crée une Société d’économie mixte
Fin mai, Saint-Etienne Métropole créait une Société d’économie mixte baptisée « Energies vertes et métropole ». Début décembre, lors du Forum de la transition écologique et énergétique 2024, organisé par SEM au théâtre du parc à Andrézieux-Bouthéon, sa signature était officialisée. Alors quelles ambitions se cachent derrière cette structure et pourquoi voit-elle le jour maintenant ?
SEM crée une SEM. Comprendre : Saint-Etienne Métropole crée une Société d’économie mixte. Fin mai, « Énergies Vertes et Métropole » était créée, et début décembre, elle était officialisée par Sylvie Fayolle, présidente par intérim de Saint-Etienne Métropole, lors du Forum de la transition écologique et énergétique 2024, organisé à Andrézieux-Bouthéon. Alors de quoi s’agit-il exactement ? Une Société d’économie mixte (SEM) est une société anonyme dans laquelle sont associés des capitaux publics et privés. Les actionnaires majoritaires sont des personnes publiques qui détiennent entre 50 et 80 % du capital, et le reste est détenu par des personnes privées.
Dans le cadre de leurs compétences, les collectivités peuvent donc créer ce type de société pour réaliser et faciliter des opérations d’aménagement, de construction, exploiter des services publics à caractère industriel ou commercial, ou pour toute autre activité d’intérêt général. Sur le territoire métropolitain, cette structure interviendra sur le domaine des énergies vertes.
Une boucle vertueuse
« Cela permet de favoriser le partenariat public privé, de pouvoir permettre à la métropole d’investir sur des projets d’énergies renouvelables sur notre territoire, et d’avoir quelque chose d’exemplaire puisque l’énergie produite évitera d’en faire venir depuis l’extérieur, détaillait Sylvie Fayolle, interviewée à ce sujet lors du Forum de la transition écologique et énergétique. Cette énergie produite va être réinjectée dans les réseaux, elle va être vendue, elle va déclencher du bénéfice, qui remontera à la capitalisation de la société, et permettre de réinvestir dans de nouveaux projets d’énergies renouvelables. Ça va vraiment être une boucle vertueuse ». Dans ce projet, Saint-Etienne Métropole est accompagné par la Banque des Territoires, le Crédit agricole et la Caisse d’épargne. Un Conseil d’administration a été créé, et ce dernier sera souverain dans le choix des projets soutenus.
1,7 million d’euros de capital
Alors pourquoi maintenant ? C’est la question posée par les écologistes au moment de la création de la SEM fin mai. Jean Duverger, conseiller métropolitain Le temps de l’écologie regrettait une action tardive, et le soulignait à l’époque : « Il vaut mieux tard que jamais. La ville de Grenoble est en avance dans ce domaine, et en Suisse, c’est aussi le cas pour la ville de Genève ». Pour la présidente de la métropole par intérim, c’est d’abord parce que « Énergies Vertes et Métropole » est le fruit de plusieurs années de travail, mais aussi parce que certains dispositifs législatifs permettent désormais de le faire plus facilement, grâce à un marché des énergies renouvelables aujourd’hui plus mature. Par ailleurs, la crise énergétique a montré la nécessité pour les collectivités de s’emparer du processus de production pour ne pas dépendre de marchés fluctuants.
« Au départ, on a un capital d’1,7 million d’euros, et on espère qu’il monte à 5 ou 7 millions d’euros d’ici quatre à cinq ans, explique Sylvie Fayolle. On va créer deux emplois à temps plein tout de suite. Il s’agit d’un développeur sur l’hydroélectricité et sur le solaire/ photovoltaïque. Cela va aussi nous permettre d’atteindre notre objectif Tepos (Territoire à énergie positive, NDLR), on est pile dedans. On va faire travailler notre économie locale, ce sera de la croissance verte, voilà pourquoi cette société a été créée ».
Territorialiser l’énergie
Que va-t-elle financer ? Sylvie Fayolle évoque dans un premier temps le potentiel du territoire en hydroélectricité qui est fait de plusieurs petites centrales et dont aucun opérateur ne finance les projets. « Il y aura du photovoltaïque aussi, et l’idée d’avoir des parts sur les stations biogaz qui vont s’installer sur le territoire, pour avoir, à terme, un couteau suisse sur la production et distribution d’énergie. Cet outil va chercher des financements extérieurs avec la Caisse des dépôts, la Caisse d’épargne et le Crédit agricole, et réinjecter les bénéfices tout de suite pour financer des projets ».
« Énergies Vertes et Métropole » pourra aussi prendre des participations dans des sociétés existantes ou naissantes, comme, par exemple, celle qui exploite la centrale photovoltaïque du stage Geoffroy Guichard.