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Urgences du Gier : une lumière au bout du tunnel

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La direction du centre hospitalier du Gier, à Saint-Chamond, travaille d’arrache-pied à la réouverture complète de ses urgences, fermées la nuit depuis début novembre. Elle est en négociations avec plusieurs médecins prêts à venir y travailler pour mener un projet structurant, en espérant mettre fin à un problème structurel. Une démarche que le Ségur de la Santé ne peut que faciliter en consacrant un investissement de 2 M€, entre autres, dans la modernisation du service.

La situation de l’hôpital du Gier n’est malheureusement pas une exception. ©If Media/Xavier Alix

Pourront-elles rouvrir au 1er janvier 2022 comme cela avait été annoncé le 28 octobre ? La direction du Centre hospitalier (CH) du Gier l’avait dit mais sous couvert de « retrouver l’équipe médicale nécessaire au bon fonctionnement de son service d’accueil des urgences et soins non programmées ». Cela avait été déjà le cas du 9 juillet au 9 août. C’est le seconde fois que l’hôpital de Saint-Chamond est contraint de fermer ses urgences de nuit cette année, cette fois de 19 heures jusqu’à 9 heures. Du jamais vu faute d’effectifs suffisants. À noter que les urgences de la maternité ne sont pas concernées par ces nouveaux horaires et restent ainsi accessibles 24h/24 et 7j/7.

Le problème qui touche Le CH du Gier n’est pas isolé. C’est même incroyablement courant en France actuellement, une illustration type du drame qui touche l’hôpital public dont on estime que 20 % des lits sont fermés dans l’Hexagone ! Bien d’autres urgences ferment, au moins partiellement sur tout le territoire. A Saint-Chamond, « il faut deux urgentistes minimum la nuit en plus des internes. C’est déjà juste comme ça. On n’est plus du tout assuré de les avoir et on peut difficilement en demander plus aux autres médecins. Eux comme le reste du personnel, tout le monde en fait déjà plus », constate dépitée Habiba Ouali, aide-soignante de l’établissement et secrétaire de l’union locale CGT.

La concurrence déloyale du privé

La syndicaliste précise que le service avait déjà fonctionné comme il pouvait ce printemps et à la rentrée avec de l’intérim et l’aide humaine envoyée par le CH de Firminy. Mais lui aussi pris à la gorge, ce dernier ne peut plus envoyé des secours désormais. C’est une mise en arrêt maladie d’un médecin et le départ d’un autre pour un service « moins stressant » qui a acté la situation. « Il est devenu très très difficile de recruter du personnel pour un hôpital public, même en intérim et y compris des médecins. Aujourd’hui, ce sont les urgences, demain ça peut être n’importe quel service. Le Covid a enfoncé une situation de fond. Et la problématique n’appartient pas au Gier mais à l’ensemble de l’hôpital public. »

Le Ségur de la Santé va permettre de restructurer un service vétuste. ©If Media/Xavier Alix

Un cercle vicieux pour Habiba Ouali : salaires bas et bloqués, conditions de travail difficiles, manque de personnel, de moyens, départs et nouvelle aggravation des conditions de travail… La CGT pointe la concurrence déloyale de l’hôpital privé, moins contraint, qui, avec ses moyens plus conséquents, vient régulièrement faire son marché de l’emploi dans le public. Régis Cadegros, lui-même médecin de profession, adjoint municipal de Saint-Chamond délégué aux finances et président du conseil de surveillance de l’hôpital ne nous dit pas le contraire : « Alors que la nouvelle génération de médecins ne veut plus être corvéable à merci, il est plus que temps de revoir l’écart énorme de rémunération de salaire entre privé et public, bloqué par ses grilles, ses statuts. A Saint-Chamond, le privé doit débaucher un à deux médecins par an en moyenne. Et c’est largement pire dans d’autres établissements, à commencer par le CHU. »

Les 2 M€ investis dans les urgences suffiront-ils ?

Une situation à laquelle les effets dramatiques du maintien obstiné des décennies durant de numérus clausus pour les médecins conjugué à la logique absurde, et toujours en cours, de la tarification à l’acte ne sont évidemment pas étrangers. Pour revenir à Saint-Chamond, la direction du centre hospitalier du Gier travaille d’arrache-pied au recrutement de plusieurs médecins prêts à venir travailler au sein de ces urgences. Un projet structurant serait en gestation avec un fonctionnement revu de A à Z selon la CGT. Fait a priori rare : contrairement à 2015 lorsqu’il planait de fortes menaces sur la maternité, le syndicat fait bloc derrière la direction actuelle et lui tire « même son chapeau » sur le travail de négociations actuelles.

Sur quoi portent-elles exactement ? La directrice de l’hôpital n’a pas souhaité répondre à nos sollicitations. Régis Cadegros confirme cependant que les pourparlers sont toujours en cours sur un projet d’établissement. « Laissons la direction se charger de ça. Elle fait tout ce qu’elle peut. On espère tous que cela va aboutir mais vous savez tant que ce n’est pas signé… » Il rappelle cependant une bonne nouvelle, définitive elle. Outre 3 M€ de reprise de dette, une enveloppe de 2 M€ est accordée par l’Etat dans le cadre du Ségur de la santé directement fléchée pour étendre les consultations externes mais aussi moderniser le service des urgences saint-chamonaises. Un argument décisif pour convaincre de nouveaux médecins ?

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