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vendredi 26 avril 2024
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Yves Nicolin : « J’ai l’intime conviction que la LGV se fera un jour » (partie 3/3)

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Après une deuxième partie d’entretien où il évoquait la présidentielle à venir, son soutien à Michel Barnier, ou encore le phénomène Zemmour, le maire et président de l’agglomération de Roanne, Yves Nicolin, aborde notamment dans cette troisième et dernière partie d’interview son souhait d’amener la culture dans son agglomération, la problématique des transports ou encore ses choix en matière de communication. Propos recueillis par Julie Tadduni et Nicolas Bros.

Yves Nicolin, maire de Roanne © JT / IF Saint-Etienne

Il y a un projet qui concerne Roanne, s’intitulant Railcoop, qui veut relier Lyon à Bordeaux en passant par Roanne. Qu’en pensez-vous ?

Avant cela, une bonne nouvelle pour le Roannais, sauf si ce n’était qu’une promesse électorale, c’est que l’État a décidé de reprendre les investissements sur la mise à deux fois deux voix de la RN7. Et en ce qui concerne le département de la Loire, il y a le projet qui refait surface, de déviation des Tuileries à Mably jusqu’à Saint-Germain-Lespinasse, ceci dans le cadre du contrat de plan État-Région. On ne peut que s’en réjouir. C’est une bonne nouvelle à modérer dans le sens où c’est une route nationale qui devrait être à 100 % financée par l’État, et que l’État dans le meilleur des cas n’en financera que 50 %, puisqu’il y a ce contrat financé par la Région. Merci Laurent Wauquiez qui a décidé d’inscrire dans le contrat de plan État-Région des programmes routiers. Ce que son prédécesseur refusait de faire. On a perdu du temps à l’époque où l’État était prêt à financer. Maintenant que l’État et la Région sont d’accord, on peut espérer que ça avance. Ce serait un plus pour le roannais.

En ce qui concerne Railcoop, nous avions la chance il y a quelques années d’avoir une liaison qui passait par Roanne et qui reliait Nantes à Lyon, et Bordeaux à Lyon. Aujourd’hui nous n’avons plus cela, et en particulier Bordeaux-Lyon qui était la seule transversale est-ouest véritable. Aujourd’hui, on a une alternative proposée par Railcoop. Ils sont venus devant le Conseil communautaire il y a un peu plus d’un an pour nous présenter le projet, auquel nous avons accordé une oreille non seulement attentive mais bienveillante. Nous sommes prêts à les accompagner, à participer y compris financièrement au projet. On n’a pas encore défini les modalités qui seraient celles de notre participation. En tout cas, nous regarderons cela avec bienveillance, parce qu’effectivement, c’est un plus pour les Roannais et aussi pour le chemin de fer entre Bordeaux et Lyon. Après, je suis comme eux, je trouve assez inadmissible qu’on prenne du retard. Je ne sais pas si c’est à 100 % à cause de la SNCF, qui ne libèrerait pas des créneaux pour pouvoir mettre en place la liaison, ou s’il y a un part de responsabilités au niveau de Réseau ferré de France ou de l’État. Je n’en sais rien. Mais c’est un peu dommage qu’on prenne du retard à ce niveau.

Sur les transports toujours, nous voulions revenir sur la LGV Clermont-Paris qui est un peu une arlésienne. Quel est votre point de vue sur ce sujet ?

Concernant la LGV, j’ai l’intime conviction que cette liaison se fera un jour. J’aimerais qu’elle se fasse rapidement. Je suis déçu et amer que les gouvernements Hollande et Macron aient gelé ou repoussé le projet. Ce n’est que du bon sens. On ne peut pas d’un côté dire « il ne faut plus qu’il y ait de liaisons aériennes quand on a des possibilités de train à moins de trois heures », et ne pas donner sa chance au train de desservir davantage de territoires. Pourquoi est-ce que cela bloque ? C’est une question d’argent. Mais là encore, je pense que le TGV est un modèle qui rapporte de l’argent à la SNCF. Ce ne sont pas les TGV qui sont en déficit. On sait qu’on a une saturation qui va croissante entre Paris, Lyon et Marseille. Donc à un moment donné il faudra bien trouver une alternative et il n’y en a pas cinquante. Soit on thrombose la liaison, soit on fait une ligne parallèle. Tant que le gouvernement n’en a pas pris conscience, on va attendre patiemment.

La maire souhaite miser sur la culture pour sortir du lot. © JT / IF Saint-Etienne

Vous misez beaucoup sur les nouveaux outils de communication avec un magazine en réalité augmentée, un compte Tik Tok. Roanne veut faire parler d’elle. Est-ce que vous estimez qu’à l’inverse, les autres villes du département souffrent d’un déficit de communication ?

Je pars du principe qu’on doit dire ce que l’on va faire et faire ce que l’on a dit. Et pour dire ce que l’on va faire, il faut communiquer, et une fois qu’on l’a fait, il faut le faire savoir. Donc on mise effectivement sur la communication. Par contre, ce dont nous nous sommes rapidement rendus compte, c’est que les moyens de communication aujourd’hui évoluent. Vous en êtes un exemple, il n’y a plus que la presse papier, il faut trouver d’autres supports, et y compris avec les nouvelles générations. Désormais, ça passe par les Facebook, Instagram, Tik Tok, Snapchat et autres. Nous sommes donc présents sur tous ces supports.

Mais ce n’est pas la majorité parmi les maires, êtes-vous avant-gardiste ?

Je ne sais pas. D’ailleurs on a eu des Spots d’Or sur la communication parce qu’effectivement on a une équipe plutôt jeune dans ce service, qui a envie d’utiliser ces outils-là. Donc je leur dis « allez-y ! » Et cela fait aussi parler de Roanne. L’objectif n’est pas de faire parler de la ville nationalement, mais de toucher le plus de monde localement. Tellement de gens me disent « ah bon vous faites ça, on ne savait pas ». On ne sait plus quoi faire pour que les gens aient l’information. Après, il faut qu’un minimum de gens s’y intéressent et ce n’est pas toujours simple.

« Dernièrement, j’ai rencontré différents responsables économiques du roannais, dont la famille Troisgros, Lucien Deveaux, la présidente du Medef, etc., pour voir comment nous pourrions monter un espèce de club de mécènes pour accompagner la ville dans l’acquisition d’une à deux œuvres monumentales chaque année. »

La ville a récemment fait l’acquisition de plusieurs sculptures. Pour quelle raison ?

L’emplacement de certaines villes comme Paris, Saint-Tropez, Chamonix, … leur confèrent un rayonnement. Celles qui n’ont pas la chance d’être sur un spot touristique, tiennent leur notoriété de leur histoire, de leurs compétences économiques, mais également de plus en plus de leur action en matière culturelle et sportive. Des villes capables d’accueillir des manifestations sportives, des manifestations culturelles de renommée, sortent davantage du lot. Donc, depuis 2014, j’ai décidé d’agir dans ce domaine. On a d’ailleurs un mandat qui va concrétiser beaucoup d’actions sur ces points. Notamment l’une d’entre elles consiste à générer un parcours de sculptures monumentales à travers la ville, pour les Roannais et les non-Roannais. Nous avions la chance d’avoir un sculpteur internationalement connu qui est Michel Granger, ayant réalisé une sculpture monumentale du temps de mon prédécesseur. J’ai eu l’opportunité de rencontrer un artiste corse qui s’appelle Gabriel Diana et nous lui avons commandé une sphère intitulée People of the world, et qui constitue la symbolique de la planète avec des hommes qui se tiennent la main. Nous avons décidé de l’installer sur la place du marché, sur une fontaine assez horrible, commandée par ma prédécesseur, qui avait été faite par un marbrier funéraire. Et donc tout le monde me disait « il faut faire quelque chose, on peut pas laisser cette fontaine comme ça ». Donc on a acté de positionner cette sphère au-dessus et les Roannais sont ravis.

Par ailleurs, lorsqu’on a voulu inaugurer les Bords de Loire, Gabriel Diana nous avait proposé de louer une exposition de six œuvres, qui sont installées sur un miroir d’eau. Les Roannais ont été tellement enthousiastes que beaucoup nous ont demandé de maintenir les œuvres. Nous avons donc pris la décision de les acheter. Dernièrement, j’ai rencontré différents responsables économiques du Roannais, dont la famille Troisgros, des gens comme Lucien Deveaux, la présidente du Medef, etc., pour voir comment nous pourrions monter un espèce de club de mécènes pour accompagner la ville dans l’acquisition d’une à deux œuvres monumentales chaque année, et qu’on positionnerait à travers la ville.

Nous avons un énorme programme qui vise à agrandir et moderniser le musée Déchelette. […] Nous allons investir lourdement pour ce projet, entre 16 et 18 millions sur ce mandat.

Cela en représente combien ?

Si on peut en avoir une vingtaine ou une trentaine… On en a une qui va se mettre en place dans le cadre du 1 % culture, devant l’esplanade du campus, avenue de Paris. On est en train de développer cette opération qui vise à développer un parcours d’œuvres sculpturales qui n’ont pas forcément de liens entre elles, mais qui vont permettre d’avoir une identité culturelle plus forte.

À côté de cela, nous avons un énorme programme qui vise à agrandir et moderniser le musée Déchelette. C’est un musée qui, depuis son inauguration en 1988, s’est un peu essoufflé. Nous avons la chance d’avoir un bon feeling avec le conservateur et nous allons donc investir lourdement pour ce projet, entre 16 et 18 millions d’euros sur ce mandat. À côté de cela, j’ai, lors de mon mandat précédent, fait entrer la culture sous forme de compétence au niveau de l’agglomération, avec la gratuité des médiathèques pour les habitants de l’ensemble des communes de l’agglo. Nous avons aussi intercommunalisé le conservatoire et qui lui aussi doit s’agrandir et se moderniser. Cela ne se fera peut-être pas sous ce mandat, mais lors du prochain. Nous avons donc quand même des investissements programmés importants dans ce domaine. C’est un vrai combat pour que chacun puisse accéder à des œuvres de haut niveau. Si on ne les apporte pas sur nos territoires, il y a de fortes chances que certains n’y accèdent jamais. Si on veut développer une attractivité culturelle qui dépasse les frontières de la ville ou du département, il faut quand même aller taper sur des gens qui ont une notoriété.

Et côté sports ?

J’ai toujours manifesté un intérêt important pour les manifestations sportives de haut niveau. Nous avons eu la chance d’accueillir le Tour de France en 2008, on devrait l’avoir, sinon l’année prochaine, la suivante. Et puis nous avons accueilli la Fed Cup en 2017 et le premier Open international de tennis de Roanne qui fut une réussite magnifique et que l’on souhaite faire perdurer. On a aussi la chance, avec la Chorale de Roanne, d’avoir une équipe qui reprend des couleurs, ainsi que du basket féminin. Nous accueillons beaucoup de disciplines qui brillent et essayons d’héberger des manifestations importantes. De plus, l’agglomération possède le Scarabée, cet équipement plurifonctionnel, opérationnel depuis treize ans et qui nous permet d’accueillir des manifestations de toutes natures, qu’elles soient économiques, culturelles, ludiques ou sportives. Et cet équipement, comparé à tous les autres qu’on peut retrouver en France, n’est pas déficitaire !

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