Saint-Étienne
mercredi 22 janvier 2025
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A Saint-Chamond, Notre-Dame désacralisée est annoncée dans les temps

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Ce n’est pas une mue totale de l’intérieur de l’édifice emblématique de Saint-Chamond qui s’opère actuellement. Des éléments « du sacré » seront d’ailleurs toujours visibles. Mais la transformation de l’église Notre-Dame, désacralisée par le diocèse en 2022, en un lieu culturel municipal qui conservera ce nom est bien en chemin. Objectif maintenu à ce stade par la mairie : c’est-à-dire une ouverture au public pour les vacances de Noël 2024.

Des statues récupérées par la paroisse et l’association des Amis du vieux Saint-Chamond. ©If Média/Xavier Alix

Nous avons assisté en direct à la descente de Jésus. Non pas de sa croix. Mais du pilier où celle-ci était fixée depuis plus d’un siècle à une dizaine de mètres du sol. Hauteur, envergure – 4,5 m sur 2,5 m environ –, poids et autres pesanteurs : l’opération était délicate. Le diocèse de Saint-Etienne, via la paroisse, va récupérer, entre autres, cette statue comme d’autres éléments statuaires, sinon relatifs au sacré de l’église. Les Amis du Vieux Saint-Chamond aussi. « Mais le caractère sacré des lieux ne sera pas effacé pour autant (les vitraux évidemment, les représentations du chemin de Croix sur les collatéraux, la chaire, le baptistère, les autels, les croix gravées sur les piliers etc., Ndlr). Ce n’est pas du tout l’intention. Le nom ne changera pas : on parlera bien toujours de « l’église Notre-Dame », même s’il s’agira désormais d’un lieu laïc », souligne le maire de Saint-Chamond Axel Dugua.   

Le nom ne changera pas : on parlera bien toujours de « l’église Notre-Dame ».

Axel Dugua, maire de Saint-Chamond

Comme If Saint-Etienne vous l’expliquait dans cet article, le serpent de mer local que représentait depuis quatre décennies le dossier de l’église Notre-Dame, bâtiment élégant aux proportions de cathédrale, compromis entre néogothique et néo-byzantin datant de la fin du XIXe siècle, a enfin trouvé une issue. Il y a 3 ans déjà. Emblématique de Saint-Chamond, l’édifice domine la principale place de la commune en plein centre-ville. Mais sa fragilité intrinsèque – du fait de la nature friable de sa pierre – a longtemps posé moult préoccupations à la municipalité propriétaire des murs, puisque construits avant la loi 1905 de séparation entre Église et État. Problématique aujourd’hui résolue après l’investissement de plusieurs millions dans des opérations de sécurisation / rénovation successives (qui avaient parfois donné lieu, pour ne rien arranger, à des malfaçons) depuis le début des années 2000. Cela jusqu’en 2019 et validées en cours de route par un référendum local nettement en leur faveur.

1 000 m2 d’exposition et 260 m2 d’espace scénique 

Problème : ce même contexte avait amené à fermer l’accès des lieux au public après une ultime cérémonie à la Pentecôte 2004. Moins de 20 ans plus tard, le diocèse constatait son incapacité à suivre le coût de l’entretien courant intérieur ou encore du chauffage, alors même que ses besoins d’accueil sont très largement couverts par les autres églises de la ville. D’où finalement une désacralisation des lieux, discrètement effectuée en 2022, et une municipalité ayant désormais totalement la main sur ce qui est devenu un bâtiment purement communal et laïc. Elle le destine à des activités culturelles : concerts classiques adaptés à son acoustique et expositions d’art. Il y a là, 1 000 m2 d’exposition et 260 m2 d’espace scénique : l’ex-chœur. A voir, au regard de la prudence budgétaire qu’impose au sein de toutes les collectivités, depuis 2022, la contraction de leurs marges de manœuvre financières, si les 4,5 M€ prévus en 2021 sur le prochain mandat pour améliorer son confort et son esthétique seront effectivement utilisés.

Mais les travaux minimums autorisant l’accueil du public sont, eux, programmés, en cours, sinon effectués. En décembre dernier, Axel Dugua, élu maire deux mois auparavant, avait en effet fait part lors d’une visite presse sur place de ce nouvel objectif consistant à les ouvrir au public pour les vacances de Noël 2024. A ce stade, le pari tient toujours. 375 000 € sont mis sur la table, avec le soutien encore inconnu de l’Etat au titre de la DSIL. Ne serait-ce que pour avoir, le droit d’accueillir ici du public, pour une jauge limitée à 300 personnes à la fois. Il s’agit, en effet, de répondre aux normes ERP (établissement recevant du public) : mise en conformité électrique, incendie et accessibilité. S’ajoutent les frais conséquents décapage / nettoyage (jusqu’à 3,8 m de haut) et des opérations délicates comme celle décrite plus haut. « Il faut savoir que le type de charpente métallique (dans un étonnant style Eiffel, Ndlr) supportant la toiture résiste moins bien, moins longtemps à un incendie qu’une charpente en bois, comme celle de Notre-Dame de Paris. En cas de catastrophe, elle se déformerait vite pour tomber sur les voûtes et les faire effondrer », explique un technicien de la Ville.

Un accès PMR va être créé

Alors qu’un éclairage led modulable est prévu, il a aussi fallu effectuer, à 21 m de hauteur, la purge des enduits s’effritant sous les voûtes touchées, dans le passé, par des infiltrations. Quant à l’accessibilité aux PMR, François Morange, conseiller municipal délégué au patrimoine historique a suggéré de la réaliser rue du Presbytère, à la sortie du parking place de la Liberté. Lieu jugé le plus commode à la fois ses usagers et la circulation automobile. Une rampe d’accès y sera installée et un mur percé, du coup sur le bas-côté de la nef côté ouest et doté d’une porte en bois. En ce mois de juillet, la municipalité annonce qu’elle est en tout cas dans les temps pour son objectif d’ouverture courant décembre. Même si cette dernière n’est pas garantie, puisqu’à l’issue des travaux, elle dépendra du « timing » de la visite d’inspection administrative de la commission de sécurité et de ses conclusions.

L’harmonium (…) autorise de beaux concerts mais accompagné d’un seul instrument pas davantage en raison des limites de l’acoustique. Alors, on ne fera pas doublon avec ce qui se fait déjà à l’église Saint-Pierre. 

François Morange, conseiller municipal délégué au patrimoine historique

Toutefois, « oui, nous travaillons déjà sur quelques pour la réouverture, confie François Morange. A voir ce qu’il sera possible de faire. Ici, pour rappel, il y a un harmonium de haute valeur patrimoniale, qui autorise de beaux concerts mais accompagné cependant d’un seul instrument – flûte, violon… – pas davantage en raison des limites de l’acoustique. Donc, on ne va pas faire doublon avec ce qui se fait déjà à l’église Saint-Pierre. » Quant à l’espace d’exposition créé, il ne sera pas de trop, assure encore la municipalité au regard des sollicitations déjà reçues. A noter que l’investissement pourrait se poursuivre à hauteur d’environ 200 000 €, une fois les travaux indispensables effectués, mais là pour une note davantage esthétique. A commencer par revoir le rose orangé qui donne sa couleur au chœur, future espace scénique. La mairie entend toujours obtenir des subventions de la Drac Aura ou encore de la Fondation du patrimoine.

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