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jeudi 25 avril 2024
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Chalmazel : l’heure de l’après-ski ?

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Chalmazel ©CVDG

Faut-il conserver la station de ski de Chalmazel, au vu du réchauffement climatique ? Le débat refait son apparition alors que le Département vient de voter un investissement de dix millions d’euros pour une opération d’aménagement visant à construire une station quatre saisons.

Stop ou encore ? Le sujet du devenir de la station de ski de Chalmazel ne date pas d’hier et, contrairement aux flocons, lui revient chaque année. Avec une altitude comprise entre 1 100 et un peu plus de 1 600 mètres, Chalmazel est une station dite de moyenne montagne, particulièrement tributaire des chutes de neige. Par ailleurs, le réchauffement climatique tend à aggraver la situation du faible enneigement d’ici un futur proche. Alors qu’au Département, la majorité mise sur un plan quatre saisons, l’opposition dénonce, quant à elle, une hérésie environnementale et économique.

Une transition en pente douce ?

Vendredi matin, lors de l’assemblée départementale, près de 10 millions d’euros ont été alloués à l’aménagement de la station de Chalmazel. « Le projet sur quatre saisons inclut d’utiliser le télésiège en été, nous explique Jean-Yves Bonnefoy, 3e vice-président du Département en charge du Sport-Jeunesse. Pour cela, l’idée est de faire des parcours qui démarrent en haut de la station, pour y occuper les familles, qui redescendent par la suite en profitant de cette nature environnante. Nous sommes en train de travailler dessus pour définir le meilleur équipement à apporter ».

75 000 m3 d’eau ont été utilisés l’année dernière, afin de créer 150 000 m2 de neige. ©CVDG

Jusqu’à il y a encore quelques années, l’élu explique que les recettes de la station étaient pour 95 % liées à la neige. « L’idée est de développer le reste de l’année, d’arriver à la proportion inverse, mais c’est une transition, donc nous avons encore quelques années à travailler sur l’hiver tout en développant le plan quatre saisons en parallèle. » Du côté de l’opposition, on dénonce notamment l’utilisation de neige de culture.

Les canons de la discorde

« Le Département ne doit pas investir 1 centime de plus pour conforter l’activité neige de la station, estime le conseiller PS d’opposition Pierrick Courbon. C’est une aberration économique et écologique. Les travaux du plan quatre saisons sont engagés depuis longtemps et avancent trop doucement. Aujourd’hui, nous avons pris connaissance d’un avis des services de l’État qui est très critique, pour ne pas dire assassin, sur le fait que les projets de développement de l’activité neige sont discutables et l’impact d’une activité quatre saisons insuffisant. Ce n’est plus une opposition qui émet un avis, c’est une autorité environnementale. »

Le document, que nous avons pu consulter, est un avis de la mission régionale d’autorité environnementale sur le projet de réaménagement de la station par le Département. Pour la MRAE*, « le choix d’augmenter la capacité de production de neige de culture dans un secteur de moyenne montagne nécessite d’être justifié, dans le contexte actuel d’augmentation des températures moyennes, de diminution de l’enneigement et de raréfaction de la ressource en eau ». Au-delà de l’aspect écologique, l’opposition se pose également la question de la pertinence économique de conserver l’activité de la station de ski.

Faire de la neige de culture n’est pas cohérent avec les défis actuels, estime l’opposition. ©CVDG

Défis divers

« Dans le même temps, on demande aux collèges de baisser le chauffage, on demande un effort de sobriété, et l’on fait de la neige de culture avec de l’eau, de l’air, mais surtout de l’électricité, interroge Pierrick Courbon. La question se pose de savoir si cela doit être une priorité du Département de maintenir des investissements en cette direction. N’a-t-il pas mieux à faire que de maintenir sous perfusion une station de ski qui vivote ? » Pour Jean-Yves Bonnefoy, ce n’est pas significatif, puisque l’hiver dernier (relativement bien enneigé, rappelons-le), la station a utilisé 75 000 m3, afin de créer 150 000 m2 de neige. L’élu n’est pas en mesure de nous donner le coût exact du fonctionnement de la centaine de canons à neige, mais avance la somme de 69 000 euros, avec le fonctionnement des deux téléskis compris. Par ailleurs, il avance l’importance de la station pour le dynamisme économique de Chalmazel. « Si l’on ferme la station, il y a une économie qui va en pâtir au niveau de l’hébergement, des restaurants ». Alors, que faire face à la hausse du coût de l’énergie ? Pour lui, il s’agit de faire preuve de bon sens et d’être vigilant.

« Le sujet est de savoir si cela doit être une priorité des dépenses du Département ».

Pierrick Courbon, conseiller départemental.

Coup de froid

Alors c’est sans surprise que les différentes parties sont restées sur leurs positions. L’investissement n’a pas été voté par l’opposition ce vendredi matin, mais a cependant été adopté par la majorité. « Vous nous auriez parlé d’un plan quatre saisons il y a dix ans… mais aujourd’hui, avec autant d’accent mis sur l’activité neige, non, a déclaré Pierrick Courbon face à un président qui a mis en avant la possibilité pour les enfants ligériens de pouvoir aller skier près de chez eux, pour une somme modeste, et ainsi réduire l’impact écologique d’un éventuel trajet pour les Alpes. « Sauf que ce n’est pas le sujet, a rétorqué l’élu. Ni de savoir si les gens qui viennent skier sont contents. Le sujet est de savoir si cela doit être une priorité des dépenses du Département ». Pas de quoi refroidir la majorité et sa volonté d’investir et de conserver la station.

*Mission régionale d’autorité environnementale.

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