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Chantage : Gaël Perdriau aurait bien eu connaissance du contenu de la vidéo

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Ce mercredi 26 avril, Mediapart a publié le premier des quatre volets d’articles supplémentaires concernant l’affaire dite du chantage à la vidéo intime. Parmi les révélations qui y sont faites, ce premier article tend à prouver que le maire avait bien connaissance de l’existence de la vidéo tournée à l’insu de son premier adjoint…

Capture écran mediapart
© Mediapart

« A ce stade, je n’ai aucun commentaire à faire sur une vidéo que je n’ai pas vue, dont le contenu, si j’ai bien compris l’article, relève des faits de la stricte intimité et de la vie privée des personnes qui sont citées ». Interrogé par nos confrères au lendemain de la sortie des premières révélations publiées par Mediapart le 26 août dernier, le maire de Saint-Etienne Gaël Perdriau l’assure, il n’a pas connaissance de ce que contient cette vidéo.

A l’époque, il poursuivait : « Je ne sais pas s’il s’agit d’un autre homme, je ne sais pas s’il s’agit d’un gang bang ou d’une partouze, à ce stade, je ne sais pas ce qu’il s’est passé dans cette soirée-là ». Huit mois plus tard, alors que les quatre protagonistes de l’affaire ont été mis en examen le 6 avril, Mediapart publie de nouvelles révélations visant à mettre à mal leur version.

Pierre Gauttieri admet avoir avisé le maire

Le média s’est procuré des messages qui ont été saisis par les enquêteurs de la police judiciaire de Lyon, datant du 9 juin 2018. Via WhatsApp, Samy Kéfi-Jérôme, alors adjoint chargé de l’éducation, transmet à Gaël Perdriau une image de Gilles Artigues les yeux masqués, accompagnée du texte « Théo, c’est toi ? ». Théo faisant référence au prénom de l’escort boy qui apparaît dans la fameuse vidéo. Ce à quoi l’édile, qui a visiblement compris la référence, aurait répondu avec un montage de Laurent Wauquiez sur la photo d’un homme en maillot de bain, accompagné d’un « non, c’est lui ! ».

Des interrogatoires poussés

En garde-à-vue, Mediapart affirme également que Pierre Gauttieri aurait admis avoir avisé le maire de l’existence de cette vidéo dès 2015, peu après l’avoir visionné lui-même, bien qu’il nie en être le commanditaire, ou qu’il s’agisse du maire. Et Mediapart de poursuivre : « Lors de son audition par les trois juges d’instruction qui dirigent l’enquête, le 6 avril, Gaël Perdriau répète pourtant qu’il n’a jamais eu accès à la vidéo, dont il avait tout juste entendue parler, pensant qu’il s’agissait d’une sextape consentie par son premier adjoint ».

Le journal ajoute que le maire est alors relancé par les magistrats. « Nous allons donc maintenant faire de la sémantique. Vous avez un bac + 5. Que signifie “on m’a remis une clé USB où on voyait effectivement tout ce qu’il y avait à voir” ? ». Gaël Perdriau aurait alors répondu par un alambiqué « on me l’a donnée, mais je le répète, je ne l’ai jamais eue ».

Une préméditation ?

Dans son article, le média révèle l’existence d’une vidéo récupérée par les enquêteurs sur un disque dur appartenant à Samy Kéfi-Jérôme, bien qu’elle aurait été effacée datant de septembre 2016 (la vidéo avec l’escort boy datant de janvier 2015). L’adjoint à l’éducation se serait filmé en train de montrer la sextape à Gilles Artigues pour le pousser à reparler de cette soirée et disposer d’un moyen de pression supplémentaire.

Enfin, Mediapart précise que « dans un document manuscrit saisi chez Samy Kéfi-Jérôme, ce dernier fait état d’une rencontre, à l’été 2014, entre Gilles Rossary-Lenglet et Pierre Gauttieri ayant pu servir à élaborer le piège contre Gilles Artigues ». Contacté par la rédaction de If Saint-Etienne, Gilles Rossary-Lenglet n’a pas souhaité faire de commentaire, n’ayant, dit-il pas, encore eu accès au dossier d’instruction. Visiblement, contrairement à d’autres… Les enquêteurs ont un mois à compter des gardes à vue du 6 avril pour le transmettre à chaque protagoniste. De son côté, le service de presse de Gaël Perdriau assure qu’il ne fera pas de réaction dans l’immédiat, dans une volonté de respecter le secret de l’instruction et de ne pas enfreindre la loi.

« Assez ! »

Dans un communiqué de presse, le groupe Saint-Etienne Demain se dit consterné par ces nouvelles révélations. « Désormais, des messages qu’il a échangés avec Samy Kefy-Jérôme, dès juin 2018, confirment qu’il était bien au courant des « tenants et aboutissants » de cette vidéo, dans son contenu, jusqu’au surnom de l’escort recruté pour le piège, et dans ses fins. Ces messages, consternants, mettent une nouvelle fois à jour le mélange des genres particulièrement malsain, entre politique, vie privée et sexualité, que Gaël Perdriau semble avoir érigé en système. Ainsi, à quelques jours de la mise en scène de leur « rabibochage » électoral en juillet 2018, Gaël Perdriau diffusait à ses amis un photomontage mettant en scène le Président de Région. Comment nos partenaires institutionnels pourraient maintenant croire en la sincérité d’un tel personnage ? ». Les élus s’interrogent également sur la nature des révélations à suivre et déclarent craindre le pire. Et d’ajouter : « Assez ! Plus que jamais, le maintien de M. Perdriau à la tête de l’exécutif de la mairie de Saint-Etienne est insupportable sur le plan éthique, néfaste pour les intérêts de notre ville et délétère pour l’image de la politique dans son ensemble ». Une nouvelle fois, ils appellent à la démission de l’édile.

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