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La hausse du prix des cantines dans les collèges n’est pas du goût de l’opposition

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Cette hausse de 2 % des tarifs sera effective en 2023. Elle a été votée en commission permanente lundi au sein du Département de la Loire en charge des collèges. Cela correspond à l’augmentation habituelle moyenne annuelle alors que l’inflation est bien plus élevée, se justifie la majorité face au groupe d’opposition de gauche « Loire en commun ». Ce dernier considère en effet que le « Département oublie le pouvoir d’achat des familles » et aurait dû tout absorber.   

Photo d’illustration.

15 000, en moyenne, par jour. C’est le totalité des repas servis dans les collèges de la Loire, qui relèvent du Département et dont la restauration est gérée par chaque établissement. La tarification d’un repas aux familles, uniforme elle, s’élevait jusque-là à 3,95 € en cas d’achat à l’unité mais à 2,87 € en cas d’achat « d’un forfait » de cinq repas. En 2023, ces tarifs passeront respectivement à 4 € et 2,93 €. À l’occasion de la commission permanente du lundi 10 octobre, la majorité départementale a, en effet, soumis au vote un rapport présentant les tarifs de la restauration scolaire pour 2023 en proposant une hausse des tarifs de 2 %.

« Certes, cette hausse correspond au taux moyen appliqué les années précédentes et permet à la fois de préserver l’équilibre budgétaire des établissements (les recettes des 1⁄2 pensions leur sont reversées directement), tout en limitant l’impact pour les familles ligériennes, reconnaît dans un communiqué le président du groupe d’opposition Loire en commun, le socialiste Pierrick Courbon. Toutefois, dans un contexte de crise aiguë du pouvoir d’achat, nous avons proposé que le Département absorbe la totalité de la hausse des coûts de production des repas (énergie et matières premières alimentaires), comme d’autres collectivités locales (Région, mairies…) l’ont fait, pour préserver le pouvoir d’achat des ménages. »

10 € de plus par an

Votant contre la décision, Loire en commun rappelle aussi que « contrairement à la situation dans de nombreuses collectivités, il n’y a pas de progressivité des tarifs de la restauration scolaire en fonction des revenus des parents. » Confronté par If Saint-Etienne à ces arguments, le président du Département Georges Ziegler estime la hausse légitime « dans un contexte d’inflation à plus de 6 % que nous nous gardons bien de répercuter entièrement sur les familles en se contentant de la hausse moyenne habituelle alors que dans le même temps – et nous ne disons pas que c’est illégitime – le Smic a été augmenté trois fois dans l’année écoulée. Si on fait le calcul, + 2 % dans nos cantines, cela fait + 10 € sur toute l’année, le prix d’un paquet de cigarette, pour les parents d’un enfant qui y mangerait chaque jour. »

L’inflation est à plus de 6 %, nous nous gardons bien de répercuter entièrement sur les familles en se contentant de la hausse annuelle moyenne.

Georges Ziegler, président du Département

Le président du Département ajoute que chaque repas, charges de personnel comprises, coûte au Département environ 11 € (ce qui signifie que jusqu’en 2022, les familles paient entre 26 et 36 % du prix réel) – soit, environ 165 000 € dépensés chaque jour par la collectivité – et qu’il existe un fonds de solidarité dans chaque collège permettant d’aider au cas par cas les familles en difficulté à envoyer leurs enfants à la cantine. « D’autres collectivités, comme la Ville de Saint-Etienne n’ont pas du tout augmenté leur tarif cette année ? Oui, pour l’instant, mais on ne sait pas ce qu’elles feront en 2023 et nous nous parlons de 2023. » C’est vrai jusqu’en décembre 2022 pour la Région mais, en revanche, « la non-augmentation est bien valable pour l’ensemble de l’année scolaire 2022/23 en ce qui concerne la Ville de Saint-Etienne », remarque Pierrick Courbon, lui aussi contacté par If.

Plus ou moins 1,5 M€ par an pour toute la Loire

Et Pierrick Courbon d’exprimer son étonnement de voir des élus municipaux stéphanois de la majorité siégeant aussi au Département « se féliciter à la fois » de la décision de la mairie de Saint-Etienne de pas augmenter et de celle du Département… d’augmenter. Quant au fonds de solidarité, « un tarif progressif selon les revenus serait plus légitime. Il ne faut pas attendre que le problème pour agir. Oui, ce n’est que 10 € de plus, le problème c’est que c’est 10 de plus de partout, sur toutes les lignes. C’est une brique de plus dans la problématique de pouvoir d’achat que la collectivité des solidarités qu’est le Département pouvait prendre en charge entièrement. » Si on se base sur les 15 000 repas par jour, en se basant sur le seul tarif forfait, l’absence de hausse aurait donné 9 000 € de plus à financer par jour de cantine.

C’est une brique de plus dans la problématique de pouvoir d’achat que le Département pouvait prendre en charge.

Pierrick Courbon, président du groupe Loire en commun

Soit un total d’environ 1,5 M€ de plus par an pour le budget la collectivité (sans compter donc, la majeure partie de l’inflation déjà prise en charge). « Ce n’est pas qu’une question d’argent qui d’ailleurs ne sert pas qu’à compenser des problématiques sociales mais aussi à investir dans l’intérêt commun, note Georges Ziegler. Afficher une non-augmentation aurait été démagogique. L’argent n’est pas quelque chose de magique et on ne peut pas endetter à l’infini, laisser toujours plus d’ardoises aux générations suivantes comme on le fait au niveau de l’Etat avec un effrayant 5 % de déficit annoncé. Nous prouvons que ce Département est solidaire mais la charité systématique, par principe, n’est pas une politique. Il vaut mieux aider les gens à apprendre à pêcher que de donner des poissons. »

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