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dimanche 19 janvier 2025
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La Région a présenté sa mutuelle avec soins dans la Loire

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Il y avait déjà des mutuelles portées à l’échelle communale, voire intercommunale. Il y a désormais aussi celle régionale : « Ma Mutuelle Région Auvergne-Rhône-Alpes ». La collectivité joue là les intermédiaires bien sûr, sans créer une sorte de service public supplémentaire locale. Les offres, annoncées comme avantageuses pour le public visé – personnes dépourvues de complémentaires mais pas au C2S, étudiants et retraités – ont été élaborées avec 4 mutuelles partenaires qui, outre une 5e pour l’ensemble des étudiants, ont été retenues par le conseil régional pour un ou plusieurs départements.

Mi-novembre, Valérie Lassalle, assise au 1er plan est venue présenter à Saint-Etienne « Ma Mutuelle Région Auvergne-Rhône-Alpes » entourée d’élus régionaux ligériens de la majorité. ©If Saint-Etienne/XA

Une offre mutuelle relayée et même orchestrée par une collectivité ? L’idée existe depuis une bonne douzaine d’années. Le modèle de fonctionnement, comme l’échelle de déploiement d’ailleurs, est variable. Mais l’objectif affiché reste le même : permettre à une population qui en est privée ou excessivement pressurisée pour cela, de bénéficier d’une complémentaire santé solide et facilement accessible. Et donc d’éviter le non-recours aux soins par absence de mutuelle qui, au-delà du drame social en soi, peut, derrière aussi, s’avérer délétère pour les finances publiques en cas de prise en charge pour des pathologies aggravées. En partant du principe classique, qu’un bloc au potentiel clientèle massif pèse en négociations même si l’adhésion reste purement individuelle. La collectivité jouant, elle, le rôle d’intermédiaire / facilitatrice / communicatrice.

En lançant cet automne, département par département, « Ma Mutuelle Région Auvergne-Rhône-Alpes », c’est ce que fait actuellement le conseil régional Aura. En 2014, la Ville Roche-de-la-Molière fut une des premières communes de France à relayer et proposer à ses administrés le dispositif « Ma Commune Ma Santé » en partenariat, non avec une mutuelle privée dans son cas, mais l’association Actiom. Celle-ci choisissant les mutuelles prestataires autour de « valeurs communes » et revendique, ainsi, de nos jours 4 800 mairies partenaires et même trois Départements. La municipalité rouchonne a, elle, cependant jeté l’éponge il y a quelques années : « Nous avons jugé que l’évolution de son offre, avec l’arrivée d’une nouvelle mutuelle n’était plus aussi avantageuse pour nos administrés et avons du coup pris nos distances. L’évolution brusque des tarifs, le rapprochement avec de nouvelles mutuelles peuvent faire apparaître des problématiques inattendues avec ce genre de dispositifs. Les choses évoluent vite, les remboursements de la Sécu aussi. De nos jours, il ne faut pas rester sur une même solution et, régulièrement, la remettre en cause », indique à If son maire Eric Berlivet. Du côté du nord du département, il existe aussi depuis le milieu des années 2010, « Santé Mut Roanne », proposant sa mutuelle dite de « village » au modèle analogue mais privilégiant le regroupement de petites communes (60 sont adhérentes selon son site).

« 300 000 personnes sans complémentaires dans la région »

Ce type de dispositifs, déjà mis en place, ne risque-t-il pas d’être balayé par l’équivalent (dans le principe du moins) d’échelle régionale, faisant d’ailleurs aussi l’objet d’un partenariat de déploiement avec l’AMF (Association des maires de France) ? « L’objectif n’est pas de concurrencer des bonnes idées. L’objectif comme pour l’existant est de contribuer à aider les gens dans le besoin, ceux privés de complémentaires ou qui ont beaucoup de mal financièrement pour en avoir. A eux d’opter pour ce qui leur paraît le plus avantageux selon leur cas et tant mieux. En revanche, pour ce qui est de concurrencer, notre offre pourra peut-être, justement, aux mutuelles communales et intercommunales de renégocier leurs prix actuels s’ils sont moins avantageux et donc d’aider davantage de monde », répond à notre interrogation Dino Cinieri. Le conseiller régional était présent, mi-novembre, aux côtés d’autres élues ligériennes à la Région de la majorité – Aline Mouseghian, Sylvie Fayolle, Nicole Peycelon – pour une des présentations départementales à la presse du dispositif par Valérie Lassalle, conseillère déléguée à la mutuelle régionale, ayant suivi celle générale à Lyon le 17 octobre.

Nous y travaillons depuis plus d’un an et cela a fait l’objet d’un appel à manifestation d’intérêt. Quatre mutuelles ayant répondu au cahier des charges ont été sélectionnées se chargeant chacune d’un ou plusieurs départements.

C’est là la concrétisation depuis le 1er septembre, d’une promesse de campagne électorale, insistent les élus de la majorité. Promesse faite à partir de ce constat rappelé par Valérie Lassalle : « On estime 300 000 personnes en Auvergne-Rhône-Alpes (sur 8,1 millions d’habitants ; l’estimation n’a pas été faite par département, précise-t-on à If, Ndlr) qui ne bénéficient pas de complémentaire santé. » Certes cela peut être un choix, mais l’exécutif régional estime que c’est d’abord une question de méconnaissance et, surtout, de coûts. « 26 % des Français ont déjà renoncé à des soins à cause de ça, insiste Valérie Lassalle. D’où cette idée participant à nos politiques de santé, sur laquelle nous travaillons depuis plus d’un an et ayant fait l’objet d’un appel à manifestation d’intérêt. Quatre mutuelles ayant répondu au cahier des charges ont été sélectionnées se chargeant chacune d’un ou plusieurs départements (Miltis pour la Loire, Ndlr). Une autre (une société de la SMERRA via) se consacre aux étudiants où qu’ils soient. »

6 400 demandes de devis début novembre

Un comité de pilotage est en place et des élus départementaux se chargent d’être les « ambassadeurs » chez eux du dispositif : Laurence Bussière pour ce qui concerne la Loire. Mais si la Région, tout en soulignant qu’elle « n’a aucun lien financier avec les opérateurs ni leurs adhérents », assume son rôle d’intermédiaire, négociatrice, facilitatrice et communicatrice, elle ne créée bien sûr pas un nouveau service interne avec des fonctionnaires dédiés. Les mutuelles partenaires se chargent de tout, sous la garantie de la région, assure celle-ci, d’un relationnel rapide et facile (y compris pour une résiliation de l’existant ; il existe un site spécifique et un numéro dédié au prix d’un appel local : 04 2800 2800). Cette mutuelle est accessible à tous les habitants de la région ne bénéficiant pas de la C2S (ex-CMU), dès lors que leur contrat actuel a au moins 12 mois et qu’ils ont un numéro de sécurité sociale. Tout en visant dans son esprit d’abord ceux qui en sont dépourvus, les étudiants, les travailleurs indépendants, les seniors mis dans une situation délicate par leur passage à la retraite, leur santé, leur âge avançant…

Pas de conditions de ressources, pas de questionnaire médical, pas de limite d’âge, pas d’évolution de tarif au-delà de 85 ans, liste la Région, pour une couverture des soins hors du 100 % santé (appareils auditifs, lentilles, implants dentaires, orthodontie). Elle promet aussi aucun délai de carence, une participation à la prise en charge de dépassements d’honoraires, de soins post cancer (prothèses capillaires, implants mammaires), une participation à la contraception non remboursée. Les étudiants de 18 à 30 ans peuvent bénéficier d’une offre spécifique à partir de 20 € par mois. Il existe pour les autres, trois niveaux de couverture plus ou moins poussés. Début novembre, la Région avait, dit-elle, déjà enregistré 6 400 demandes de devis pour « Ma Mutuelle Région Auvergne-Rhône-Alpes ». Elle revendique un panier de soins à des prix inférieurs de 15 à 25 % à la moyenne des mutuelles du marché.

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