Réforme des retraites : pourquoi ces Ligériens se mobilisent
Ils ont des profils différents et pourtant, tous sont venus grossir les rangs du cortège de mardi 7 février et entendent, pour la plupart, remettre ça ce samedi. If Saint-Étienne a donné la parole à ces Ligériens pour comprendre pourquoi ils ont décidé de se mobiliser contre la réforme des retraites.
Cindy, travaille dans le secteur médical :
« J’ai participé aux deux mobilisations précédentes. La dernière fois que j’ai manifesté, cela remonte à quatre ou cinq ans, pour demander une hausse des salaires des soignants. Dans le milieu médical, je ne me vois pas travailler jusqu’à 64 ans. J’ai déjà des douleurs au dos avant 40 ans, et il faut soulever les patients. C’est bien beau de repousser l’âge de départ à la retraite, mais ce qu’il va se passer, c’est que l’on va partir avec des retraites de merde et y perdre, parce qu’on ne pourra pas travailler jusqu’au bout. Si on ne se mobilise pas maintenant, le prochain gouvernement ajoutera, lui aussi, des années. Même si je ne me fais pas beaucoup d’illusions. Si on nous disait, à la rigueur, c’est deux ans de plus, pour le bien de tous, et ensuite on ne touche plus à cet âge… Mais ce qu’il se passe, c’est que les politiques demandent aux Français de faire des efforts, sans toucher à leurs propres conditions. Dans le milieu médical, on peut partir plus tôt à la retraite, mais il y a une grosse décote. Résultat, la personne qui n’aura pas travaillé toute sa vie touchera autant que moi. Je le constate avec mes parents qui ont une toute petite retraite. Et je trouve aussi que ce n’est vraiment pas le bon moment pour cette réforme. On sort à peine de trois ans de Covid, il y a la guerre en Ukraine et cette inflation. Les gens en ont marre. Puis on entend dire que cette réforme est urgente, tandis que d’autres disent le contraire. Si les comptes étaient vides, je serais ok pour cet effort, mais il faut que tout le monde le fasse. Et puis j’attends de voir ce que le gouvernement considère comme pénible. Avant, je travaillais en alternance jour et nuit. Ce n’était pas considéré comme pénible. Je les invite à venir essayer ».
Annick*, retraitée de la fonction publique :
« J’ai décidé de manifester parce que je pense aux jeunes, et particulièrement aux femmes. On l’a compris, les femmes sont les grandes perdantes de la réforme, malgré ce que le gouvernement veut bien dire. Rien qu’en cela, je la trouve profondément injuste. Et puis, il y a beaucoup de métiers qui sont pénibles et que les salariés ne pourront pas faire jusqu’à 64 ans. C’est déjà compliqué d’atteindre les 62 ans. Tout le monde ne travaille pas dans un bureau. Quant aux postes moins pénibles, qui va embaucher des gens de plus de 60 ans ? C’est déjà compliqué de trouver du boulot après 50 ans. Je me demande si le gouvernement a réfléchi à tout ça. La mise en application de cette réforme est impossible. Le seul argument de Macron c’est de dire qu’il a été élu sur cette réforme. Il sait que c’est faux. Il a été élu pour faire barrage à Marine Le Pen. Les Français, qu’ils soient dans la rue ou pas, n’en veulent pas de cette réforme. Les sondages sont clairs. Cela ne veut pas dire qu’ils n’accepteront pas que le système soit réformé. Il peut l’être, mais autrement ».
Laurent*, manutentionnaire :
« Dans mon métier, les vieux, on n’en voit pas. Ils sont usés, ils ne travaillent plus. Ils sont en arrêt ou partent plus tôt mais avec moins d’argent pour la retraite. Ils ne peuvent tout simplement pas aller jusqu’à 62 ans. Alors bosser jusqu’à 64 ans, c’est du délire. Quand est-ce que l’on pourra profiter de la vie et de ce pourquoi on bosse toute une vie ? On manifeste pour défendre des retraites qui sont déjà des retraites de misère, à l’heure où le plein est à 2 euros le litre et où manger des pâtes et se chauffer sont devenus un luxe. Au milieu de tout ça on vient nous dire de bosser deux ans de plus pendant que les politiques se gavent. François Hollande a dit qu’il aurait 12 000 euros de retraite ? Ces mêmes gens vont me dire de bosser plus pour à peine tirer 1 000 euros. Ça me révolte. Je trouve tout ça injuste, à la limite du cynique. C’est pour ça que j’ai fait toutes les manifestations depuis le 19 janvier. Je serai là samedi aussi, et j’espère une mobilisation d’ampleur, pour que le gouvernement entende ce que veulent vraiment les gens. On a l’impression d’être ignorés. Par tous les partis. De ne pas être entendus. Un referendum serait plus juste ».
*Les prénoms ont été modifiés.