Saint-Chamond annonce sonder ses habitants pour forger 2035
Elle est présentée comme une démarche de participation citoyenne « inédite » dans la Loire par son ampleur et ses modalités. Tout en étant parallèle, aussi, assure le maire à ses ambitions, forcément attendues pour les Municipales 2026. La Ville de Saint-Chamond se lance en effet dans l’opération de consultation « Saint-Chamond, Horizon 2035 », écrin visant à élaborer le visage de la commune d’ici une décennie.
Avant 2035, il y a 2026. Alors, forcément, l’ambition portée par cette vaste consultation de la population, annoncée dans la dentelle, risque d’être interprétée, au moins en partie, comme une préparation de campagne. Celle qui, dans un an, battra son plein. « Quoi que l’on entreprenne dans une collectivité, il y aura toujours des critiques, nous répond à ce sujet le maire de Saint-Chamond Axel Dugua. Si un maire et son équipe n’élaborent pas une vision sur le long terme, on lui reproche. Si c’est fait, on dit que c’est par calcul. Avec « Saint-Chamond, Horizon 2035 », nous ne préoccupons pas de ça, seulement de forger cette vision de long terme à partir de l’expression directe de la population et dans son intérêt. Vous savez, tous les éléments que nous recueillerons à ce sujet ne seront pas placés dans un coffre-fort au profit de la seule majorité mais consultables par tous, y compris bien sûr, l’opposition. Que je reste maire ou non ensuite. Ce sera transparent parce que la transparence, c’est le but. »
Et si Axel Dugua apparaît actuellement en grand sur des panneaux publicitaires couramiauds, c’est pour une autre démarche d’approche directe de ses administrés : des permanences sur le principal marché de la ville où l’on peut l’interpeller les samedis. Pour ce qui est d’Horizon 2035, il ajoute : « Dans la gouvernance d’une commune, il y a des cycles. Des cycles à finir, à construire. Et même s’il y a de la continuité avec Hervé Reynaud (réélu en 2020, parti à l’automne 2023 à la suite de son élection au Sénat, Ndlr), nous sommes en plein dedans. L’ambition, c’est ce que doit être Saint-Chamond en 2035 selon les habitants. C’est tout. » Et c’est beaucoup. Car avec « Saint-Chamond, Horizon 2035 » donc, la Ville affiche comme objectifs d’aboutir à « un cadre de vie épanouissant pour tous les habitants, à toutes les étapes de la vie, en misant sur la qualité de vie, des services publics de proximité adaptés et l’attractivité » ; « Dans un contexte de crise démocratique et de prédominance de l’individualisme », à « encourager les échanges et le dialogue et recréer du lien entre les citoyens et les institutions » ; enfin, de « favoriser l’émergence de solutions durables, concrètes et réalistes pour répondre aux défis sociaux, économiques et environnementaux ».
Une sollicitation par catégorie de population
Le projet repose sur un « dispositif hybride ». Une plate-forme numérique d’un côté. Des ateliers participatifs en physique, de l’autre. En deux vagues : en mars 2025 après ceux imminents de décembre 2024. Le mois prochain donc, ce sont huit ateliers thématiques qui sont organisés partout dans la ville (salles Lamartine, Roger-Baudy et château du Jarez) à laquelle toute la population est invitée, même si le public prioritairement attendu doit évidemment relever des thèmes en question : « Être jeune à Saint-Chamond en 2035 » ;« Être jeune adulte à Saint-Chamond en 2035 » ; « Être senior à Saint-Chamond en 2035 » ; « Être parent à Saint-Chamond en 2035 » ; « Être commerçant à Saint-Chamond en 2035 » ; « Être chef d’entreprise/acteur économique à Saint-Chamond en 2035 » ; « Être acteur associatif à Saint-Chamond en 2035 » et « Être agriculteur à Saint-Chamond en 2025 ». L’agriculture ? Un fond de vallée très urbanisé occulte souvent un territoire communal qui est le plus étendu de la Loire s’étalant loin dans la campagne, aussi bien au nord comme au sud.
« Alors, oui, c’est un angle pour nous : c’est Saint-Chamond qui compte le plus d’exploitations agricoles dans la Loire : il y en a plus de 50 », nous apprend la municipalité. Cette démarche consultative est présentée comme novatrice, inédite, en tout cas « très peu vue » en France, « jamais » dans la Loire. Par son envergure certes mais ne serait-ce aussi que par cette entrée, cette projection dans le temps – recueils des besoins, problématiques, aspirations vision, espoirs, etc. pour ensuite faire émerger des projets – demandée à différentes catégories de population. Et non, par exemple, via des projets urbanistiques déjà envisagés alors que le prochain mandat doit justement être celui du très vaste projet de remaniement du centre-ville en lien avec la Politique de la Ville et sa strate étatique. L’occasion, aussi, de se montrer pédagogues : faire comprendre qui – Ville, interco, Département, Région, Etat – a le droit de faire et fait quoi au niveau des politiques publiques sur le territoire communal, leurs responsabilités respectives et comment toute cela se croise et entrecroisent.
Beaucoup plus que des réunions publiques
« Nous sommes loin des réunions publiques classiques et consultatives autour d’un projet précis, d’un quartier etc. Elles ont nécessaires et ont leur valeur mais souvent attirent un public déjà investi dans la sphère publique. Et, hélas, donnent aussi souvent lieu à des discussions qui tendent à tourner sur les problèmes précis, certes, peut être légitimes, mais d’un ou plusieurs riverains. » Afin d’ailleurs de « casser » ce type de relation – griefs personnels d’habitants / élu identifié devant y répondre –, c’est un médiateur professionnel rompu à l’exercice qui animera les ateliers d’Horizon 2035. En plus de la communication (réseau sociaux, panneaux…), celui-ci et le cabinet conseil engagé pour façonner la démarche vont coûter environ 80 000 € à la commune. « Pour déterminer vers quel avenir les Saint-Chamonais veulent que l’on se penche, leur permettre de prendre part à la construction des futures politiques publiques, ce n’est pas si cher payé, justifie Axel Dugua. C’est souvent beaucoup plus coûteux tout en étant nécessaire, quand il s’agit de confier l’étude, par exemple, de projets urbanistiques majeurs pour une collectivité. »
Côté calendrier, la phase d’analyse doit être effectuée en avril/mai 2025 avant une restitution publique en juin. Reste à savoir si une large population, et donc celle, quel que soit son profil, qui n’a pas l’habitude de s’impliquer dans la vie publique tout court ou sinon seulement lorsqu’il s’agit des problématiques du moment touchant sa vie quotidienne, sera au rendez-vous. Les horaires ont pour cela été fixés : samedi matin souvent, mercredi et jeudi en début de soirée ou encore un lundi début de soirée pour les commerçants. La municipalité espère 80 à 100 personnes présentes en moyenne par atelier.