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jeudi 25 avril 2024
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Sport : la ministre défend le jeu du gouvernement, point par point

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Amélie Oudéa-Castéra était en visite de terrain, lundi dans le sud Loire. La ministre des Sports parcourt régulièrement la France à l’orée des événements sportifs d’ordre mondiaux qui se dérouleront dans le pays (Coupe du monde de rugby, JO 2024). Objectif : mobiliser autour de ces derniers, démontrer que le gouvernement soutient les collectivités dans la construction et la rénovation des équipements sportifs et, enfin, tenter de rassurer les dirigeants associatifs.

Amélie Oudéa-Castéra accueillie lundi à Saint-Chamond par le maire Hervé Reynaud, aux côtés du député Renaissance ! Quentin Bataillon. ©If Média/Xavier Alix

La 3e édition de « La semaine de l’EPS », organisée pile cette semaine par le syndicat enseignant SNEP-FSU n’est bien sûr que pur hasard. La ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra, comme elle nous dit, se rend en effet « très régulièrement sur le terrain » en ce moment. Lundi, c’est le sud de la Loire qui était à son menu : Genilac, Saint-Chamond et Villars pour conclure. Mais (étrangement ?) pas Saint-Etienne, pourtant si associée au sport… Des déplacements un peu partout en France à double enjeu. Premier point : démontrer que le gouvernement est derrière les collectivités locales pour les aider à rénover ou construire des équipements sportifs. Deuxième point : contribuer à susciter une mobilisation et l’engouement général autour de la Coupe du Monde de rugby et des Jeux olympiques Paris 2024 : « La densification des équipements de proximité doit témoigner d’un héritage de long terme de ces jeux olympiques et paralympiques », explique la ministre.  

Le Syndicat national de l’éducation physique (SNEP affilié à la FSU) pointe, lui dans ses plus récents communiqués, ce qu’il considère comme un sacré trou dans la raquette de la politique sportive gouvernementale. Il dénonce le sort réservé à l’enseignement et donc la promotion du sport au sein des établissements scolaires : « Développer l’EPS (éducation physique et sportive, Ndlr) et le sport, c’est construire une société plus sportive plus émancipatrice et plus solidaire. À l’opposé de cet objectif, depuis des années, les choix politiques affaiblissent l’enseignement de l’EPS dans les établissements scolaires (suppressions de postes, baisse des horaires en lycées professionnels…) et mettent en place des dispositifs vides de sens. » C’est particulièrement vrai, insiste le SNEP au niveau des lycées professionnels.

L’Etat est paradoxal selon les syndicats

Il rappelle qu’en 2009 déjà, sous Nicolas Sarkozy, leurs élèves s’étaient vu amputer d’une année d’enseignement avec le passage du Bac pro de 4 à 3 ans, l’EPS perdant 20 % d’horaires. Et « en 2017, avec la Transformation de la voie professionnelle menée par J.-M. Blanquer les élèves ont perdu 30 % de leur volume d’enseignement général comme professionnel. L’EPS a cette fois perdu une demi-heure de plus. L’EPS a donc été amputée de 25 % de ses horaires en moins de 10 ans ! » L’annonce de l’augmentation de 50 % des périodes de formation en milieux professionnels pour ces mêmes lycéens selon une « logique utilitaire », dit le syndicat, pourrait conduire à moins d’horaires et ainsi se traduire par « une EPS utilitaire de prévention et de posture en fonction des métiers ». Le syndicat réaffirme la nécessité de ses propositions dont 4 h d’EPS hebdomadaires pour tous. 

Dans le collimateur du syndicat encore : « Les choix politiques opérés par l’État de ne pas aider les collectivités à la hauteur des besoins pour faire face à l’augmentation des coûts de l’énergie et ainsi maintenir ouverts et chauffés l’ensemble des équipements sportifs. » Lundi, très loin du terrain de la polémique, c’est une ministre tout sourire qui a été soigneusement accueillie au sein d’un établissement scolaire, le collège Pierre-Joannon de Saint-Chamond dont la halle des sports éponyme et attenante relève de la Ville. C’était l’étape 2 de sa visite et il y était justement question de… rénovation énergétique soutenue par l’Etat. « Cette salle date de 1974 avec une conception d’avant le premier choc pétrolier. Isolation, toiture, menuiserie, aménagement intérieur pour optimiser la pratique : nous avons lancé sa rénovation complète en avril », explique à la ministre la Ville.

Interro façon Petit Nicolas 2.0

La construction de l’Arena a été présentée à la ministre. ©Ville de Saint-Chamond.

Elle en profite pour mettre en avant le plan de rénovation énergétique de son patrimoine bâti sur 10 ans devant l’amener à utiliser à 60 % de l’énergie renouvelable en 2050. On cite bien sûr les exemples sportifs auxquels appartient la halle Pierre-Joannon dont les émissions de gaz à effet de serre seront réduites de 45 % par les travaux en cours de finition (ils ont souffert d’un retard lié aux problèmes d’approvisionnement). Sur ce dossier, Saint-Chamond a obtenu 100 000 € de l’Agence nationale du sport (ANS) sur 583 000 € de travaux HT. S’y ajoutent encore 64 000 € de la part de l’Etat via la DSIL (Dotation de soutien à l’investissement local), 10 000 du Siel et 92 000 du Département. Suivie par la préfète Catherine Seguin et les députés ligériens de son camp, Quentin Bataillon et Emmanuel Mandon, Amélie Oudéa-Castéra rentre observer le résultat et une classe de 6e s’escrimer au badminton, sport désormais particulièrement attaché à la salle, lieu de résidence du Saint-Chamond Pays du Gier Badminton.

Avant d’échanger avec les collégiens, le maire Hervé Reynaud a fait faire un crochet à la ministre pour lui présenter une exposition sur l’Arena en insistant là aussi sur ses atouts énergétiques comme sa certification NFE-HQE d’excellence. « Combien de places ? Vous avez été sollicités par des délégations pour les JO ? », s’enquiert Amélie Oudéa-Castéra. « Pas encore mais nous sommes Terre de jeux », lui répond Hervé Reynaud. Petit discours de la cheffe d’établissement et échanges courtois autour des initiatives sportives du collèges hors programme avec la prof d’EPS des 6e s’enchaînent avant que ces derniers ne soient invités à s’assoir pour une pause. JO, handisport, rugby, stars tricolores : trois d’entre eux s’alignent sagement pour être interrogés sur le sport et les événements majeurs qui vont se passer chez eux par la ministre, façon Petit Nicolas. Le XXIe siècle et la décontraction en plus.

Plus d’aisance à citer Mbappé que Dupont

A l’heure des échanges avec des 6e de Pierre-Joannon. ©If Média/Xavier Alix

Hélas, la « génération 2024 » a infiniment plus d’aisance à citer les Mbappé, Benzema et autres Pogba ainsi qu’à parler Coupe du Monde de football que de répondre sur les JO, Caroline Garcia et le tennis ou encore le Mondial de rugby et Antoine Dupont…  De ballon rond, il en avait été question plus tôt dans la matinée. Si l’étape saint-chamonaise devait évoquer le sport en milieu scolaire et l’aide à la rénovation des bâtiments énergétiques, la première, à Genilac consistait à communiquer autour du plan d’Etat « 5 000 terrains de sport d’ici 2024 dans les territoires carencés ». La première phase de l’appel à projet avait été initialement réservé aux Quartiers politique de la ville (QPV) et aux zones de revitalisation rurale (ZRR). Mais financé par l’ANS, il a ensuite été élargi à l’ensemble du territoire national et des collectivités. De la première vague, Genilac a donc fait visiter à la ministre le city stade du quartier du Sardon, sorti de terre en partie (18 % du cout) grâce à ces financements.

(Mise à jour vendredi 18 novembre 11 h 15) Au sujet des citystades, les représentants Gier du parti Lutte Ouvrière, s’interrogeant sur l’opportunité de ces financements, ont fait parvenir à notre rédaction les réclamations des jeunes de quartier sur Saint-Chamond pour la rénovation en profondeur annoncée mais encore attendue (« pas d’échéance donnée » ) du terrain de Saint-Julien ou encore de ceux de Lavieu ainsi que le « retour » de celui d’Izieux/Le Creux enlevé il y a 4 ans.

Troisième étape de la visite : une rencontre dans la commune de Villars avec plusieurs directeurs de clubs et représentants associatifs sur le bénévolat, « essentiel à la pratique sportive de tous ». Un échange à l’échelle de la 1ère circonscription, celle de Quentin Bataillon, au sein de la salle de la Libération qui visait à revenir « sur l’importance du bénévolat sportif au niveau local et de partager les différentes difficultés auxquelles sont confrontées les clubs ». A propos de difficultés, l’ex-tenniswoman pro qu’a été Amélie Oudéa-Castéra a fait part de son optimisme vis-à-vis des Verts au moment de se voir remettre inévitablement un maillot de l’ASSE floquée en son nom.

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