11e mobilisation sur les retraites : les manifestants, toujours sur le pont
De Carnot au Puits Couriot via le boulevard urbain, la 11e mobilisation intersyndicale contre la réforme des retraites empruntait ce matin à Saint-Etienne un parcours inédit. Objectif : éviter une confrontation avec les violences que favorise le centre-ville où, justement, de nouveaux heurts entre forces de l’ordre et groupes tentant une « manifestation sauvage » ont quand même eu lieu.
15 000 selon les syndicats, 4 200 selon la police à Saint-Etienne (6 500 contre 2 600 à Roanne) : voilà pour les chiffres et leurs habituels hauts et bas, qu’il s’agisse de points de vue, ou de la capacité variable à mobiliser quasiment chaque semaine depuis deux mois et demi. Reste que manifestement, la bataille, la vraie, garde consistance et constance dans la rue. Il y a celle des manifestants remontés, voire très très remontés assumant en défilant l’idée chantée du « bordel, le bordel, le bordel ». Cependant pacifiques. Et parfois, prêts à échanger avec les forces de l’ordre, histoire, semble-t-il de mieux se comprendre.
Comme en témoigne ce dialogue auquel nous avons assisté entre une manifestante senior, retardataire rejoignant le mouvement à contre-courant et un motard de la police venu bloquer la circulation à l’approche du cortège boulevard Pierre-Mendès-France et informer les passants, juste en face du Clapier. Elle lui parle des gazages subis à Saint-Etienne qu’elle juge abusifs. Il lui dit : « Mes collègues n’ont pas le choix face à ceux qui se montrent violents, sinon c’est l’anarchie. On sait très bien que c’est une minorité chez les manifestants et il y a plein de gens dans la police contre la réforme. Nous non plus, on ne veut pas faire deux ans de plus. Nous, on ne veut pas empêcher des manifestations, on veut que ça se passe bien. »
Macron au sommet du crassier
La manifestante en conclut que « comme quoi, ça peut être agréable de discuter avec un policier comme ça ». A deux pas, sur le pont de la « M3 » ou rue Aristide-Briand, un groupe attend l’arrivée du cortège que précède sa performance acoustique crescendo afin de déployer deux banderoles tout en longueur. Elles touchent ainsi le sol et justifient une position davantage radicale : « Macron, Darmanin… Qui sème la précarité récolte le bordel » et « Quand on brave la rue, elle (black) bloque, soutien aux grévistes ». Au loin, fumée et haute flamme à côté de la ligne de train : la végétation, faite de broussailles sèches y a été incendiée, juste au pied d’un panneau 4 X 3, désormais objet d’une pub antipub. En repartant direction Couriot, nous découvrons un autre nouveau slogan, géant tout de blanc écrit, au sommet d’un des deux crassiers. Un écho à la médiatisation nationale de propos écrit sur Facebook mêlant présidence et gestion des déchets valant des ennuis judiciaires à son auteure…
Le cortège rejoint petit à petit le parc Sanguedolce au pied du puits Couriot – Musée de la Mine. Avant même que ne se forme cette concentration pour écouter les traditionnelles prises de parole syndicales, un petit groupe (de 200 à 300 personnes selon Le Progrès) s’était détaché du défilé pour tenter de lancer ce qui désormais s’appelle communément une « manifestation sauvage ». Refoulés ou renonçant, deux poubelles en ont fait les frais face à la Maison de l’emploi (objet aussi d’une action parallèle de la CGT), dont la décoration extérieure a elle aussi, été revue… Pendant une bonne heure, forces de l’ordre et petits groupes radicaux vont jouer au chat et à la souris dans les rues du centre-ville où, face à la préfecture, avait pris place une douzaine de camionnettes de CRS. Bilan : une interpellation, un fonctionnaire de police blessé à l’épaule, quatre poubelles incendiées et un festival de tags.
Les actions parallèles continuent
A souligner enfin, qu’entre deux manifestations, des actions syndicales spécifiques au-delà du cas de l’université Jean-Monnet que nous avons largement traité cette semaine, continuent à se succéder : blocage de voies SNCF, d’axes routiers majeurs (comme l’A72 hier matin), de sites des sociétés d’Etat énergétiques comme EDF, Enedis, blocage du Centre technique municipal de la Ville Saint-Etienne et donc avec, forte perturbation du ramassage des poubelles qui commencent à bien s’accumuler dans le centre-ville de Saint-Etienne… A noter que le lycée Jean-Monnet était aussi bloqué ce matin à l’initiative d’un syndicat d’élèves tout juste créé.