À Sorbiers, l’autre lutte des classes
À l’école Hubert Reeves de Sorbiers, les effectifs sont en hausse. Face à une surcharge des cinq classes de l’établissement, les parents d’élèves demandent l’ouverture d’une sixième et se mobilisent. Une situation loin d’être inédite dans le département.
Le 9 juin dernier, les parents d’élèves de l’école Hubert Reeves de Sorbiers ont appris la hausse des effectifs prévue pour la prochaine rentrée scolaire. Ainsi, il est envisagé, avec 139 élèves pour cinq classes, une moyenne de 28 élèves par groupe, contre 26 actuellement, tandis que de nouvelles inscriptions sont attendues. Dans deux classes, on annonce même 30 et 31 élèves. Face à cette nouvelle et au silence de l’académie, les parents d’élèves ont décidé de se mobiliser, jusqu’à occuper l’école vendredi 17 juin. Et il semblerait qu’elle ne soit pas la seule école ligérienne à faire face à des effectifs conséquents.
Quel enseignement ?
« Une classe Ulis (Unités localisées d’inclusion scolaire, Ndlr), avec des élèves qui ont des troubles du spectre autistique, a été ouverte à la rentrée 2021, à la demande de l’inspection académique, explique Béatrice Bonche, présidente de l’Association de parents d’élèves de l’école Hubert Reeves. L’idée étant que ces élèves, qui sont au nombre de sept, aient des temps d’inclusion dans les autres classes. Nous avons aussi accueilli des enfants non francophones. Il faut que tous les élèves puissent ainsi bénéficier d’un enseignement de qualité. » Car il reste très compliqué pour des enfants autistes de se retrouver dans de grands groupes, qui peuvent être source d’angoisses. La présidente de l’Association de parents d’élève rapporte que ces initiatives ont toujours été bien accueillies des parents qui prônent cette inclusion, mais regrette que tous les moyens ne soient pas mis en faveur de leur réussite. « L’équipe d’enseignants, d’AVS (Auxiliaires de vie scolaire, Ndlr), d’agents municipaux sont tous au top. Il faut qu’ils puissent travailler correctement. » Une mobilisation soutenue par la mairie.
Pousser les murs
« Nous sommes dans la logique d’accueillir des enfants avec des besoins particuliers, et cela témoigne d’un engagement des enseignants et du personnel du périscolaire, indique Marie-Christine Thivant, maire de Sorbiers. Aujourd’hui, on ne peut pas seulement nous baser sur les naissances pour anticiper les effectifs car certains lotissements de la commune sont vieillissants. Il y a également beaucoup de turn-over, et donc des élèves qui arrivent en plus en cours d’année scolaire. Les effectifs grossissent tout au long de l’année, c’est pourquoi les parents sont inquiets si l’année commence déjà avec des classes surchargées ». L’élue précise discuter du sujet avec l’inspection académique, sans pour autant avoir eu, pour le moment, de retour à la suite de leur réunion de préparation. « Bien sûr, ils ont des arbitrages à faire entre les demandes de part et d’autre. C’est une question d’équilibre. Au niveau local, l’inspectrice a, je crois, bien entendu et compris nos arguments ». Alors en attendant un retour, on se prépare malgré tout à une éventuelle ouverture de classe. Ainsi, la municipalité, en cas d’ouverture d’une sixième classe, investira celle dédiée au périscolaire. Elle prévoit donc d’ores et déjà l’installation d’un « Algeco » dans la cour de récréation pour ne pas délocaliser ce dernier et anticiper les délais d’approvisionnement.
Quid de la situation dans la Loire ?
Les parents d’élèves ont obtenu un rendez-vous auprès de l’inspection académique cette semaine dans l’espoir d’être entendus. Et il semblerait que la situation des jeunes Sorbérans ne soit pas inédite sur le département. Alors pourquoi n’ouvre-t-on pas davantage de classes ? « Cela fait dix ans que je suis chargé de la carte scolaire, explique Jérémy Rousset, responsable syndical SNUipp-FSU chargé de la carte scolaire. Dans quasiment tous les pays de l’OCDE, les classes de plus de 25 élèves ont été éradiquées. Or, dans la Loire, comme ailleurs, on flirte avec les 30 élèves. Aux Ovides, à Saint-Étienne, on a en moyenne 27 élèves par classe. Les parents d’élèves ont interpellé leurs élus à ce sujet car globalement, il n’y a pas de chaise vide derrière les bureaux des maîtres et maîtresses. On ne manque pas de bras. Par contre, il y a des élus ou des députés qui répondent favorablement aux parents d’élèves mais cela ne suit pas derrière. » Selon lui, la politique du ministère n’a permis qu’une avancée minime. En outre, il constate que la Loire fait plutôt partie des mauvais élèves en la matière, par rapport aux autres départements. « Et contrairement aux idées reçues, l’école des champs est maltraitée de la même façon que celle des villes. En 2007, on a hérité d’un parc d’écoles déplorable à Saint-Étienne. Certaines attendaient un préau ou un coup de peinture depuis quarante ans. À Marols, il y a une moyenne de 29 élèves par classe, 27 à Fourneaux et Nervieux. » Se pose alors la question de l’égalité des chances.