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lundi 2 décembre 2024
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Agriculteurs : les raisons de la colère

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Hier soir, les agriculteurs ligériens menaient leur troisième action en trois jours. Après Roanne, et Montbrison, c’est à Saint-Etienne qu’ils s’étaient réunis, devant le stade Geoffroy Guichard, pour ensuite prendre le chemin de la préfecture. Si de prochaines actions n’ont pas encore été décidées pour l’instant, la semaine à venir s’annonce sous les mêmes auspices.

« Il y a eu beaucoup de monde sur les trois points ralliements, particulièrement des jeunes, et ce, malgré les conditions climatiques, constate Mathieu Vassel, président des Jeunes Agriculteurs Loire. C’est à la fois encourageant, mais c’est aussi signe de l’ampleur de ce qui ne va pas. Malgré ça, il n’y a eu aucun débordement ».

Si, lors de ces trois jours de mobilisation De la FDSEA et des JA dans la Loire, à Roanne, Montbrison et Saint-Etienne, ils ont choisi de cibler sous-préfectures et préfecture, ce n’est pas un hasard. C’est clairement l’Etat qui est visé, et à travers lui, les accords du Mercosur.

Merco… pas sûr

Une discussion entre l’état et les syndicats d’agriculteurs qui a commencé en 1999. Car il a fallu pas moins de vingt ans pour trouver un compromis, présenté en 2019. A l’époque, plusieurs pays, dont la France, avait refusé de signer le traité à l’époque. Depuis 2022, les négociations ont repris et l’accord serait en passe d’être acté, en marge du sommet du G20 qui se déroulait il y a quelques jours à Rio de Janeiro. Que reprochent les principaux syndicats agricoles à cet accord de libre-échange ?

« On sent qu’Emmanuel Macron n’est pas du tout serein. Clairement, je pense qu’il n’a aucun poids, qu’il essaie de convaincre d’autres pays européens. S’il est signé, on va devoir durcir le ton pour un retour en arrière. Il faut savoir ce que l’on veut. C’est pas possible d’importer de la viande qui ne respecte pas les règles qu’on nous impose et de faire manger ça à nos enfants ». L’accord impliquerait-il de pouvoir importer du bœuf aux hormones, malgré les normes européennes en vigueur ?

Deuxième semaine

Théoriquement, l’Union européenne prévoit que les agriculteurs sud-américains seront soumis aux normes européennes s’ils veulent pouvoir exporter leurs produits. Aucun risque alors ? Pas si simple. Car les agriculteurs craignent que l’UE ne soit pas en mesure d’imposer aux producteurs sud-américains des règles en tout points identiques, sauf à ajouter des « clauses miroirs » dans le traité. Puis, en pratique, il serait difficile de contrôler lors de l’importation la qualité sanitaire de tous les produits, car détecter l’usage d’antibiotiques ou de farines animales n’est pas possible au simple coup d’œil. Or, un audit, réalisé par la Commission européenne au printemps, révèle « les procédures actuelles mises en place pour garantir que le bétail dont la viande est destinée au marché de l’UE n’a jamais été traité avec de l’œstradiol 17 à des fins zootechniques ou thérapeutiques, sont inefficientes ».

Alors les agriculteurs restent sur le qui-vive, à l’échelle nationale comme dans la Loire, qui se prépare pour une deuxième semaine d’actions. « Nous avons une réunion demain, pour voir sur quoi on part, et pour en décider à l’échelle régionale. Dans l’idée, cela devrait être sur le même tempo. Je n’ai pas envie que le mouvement devienne plus virulent, mais ce sera difficile de se faire entendre sinon. Bien sûr, il ne s’agit pas de casser ».

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