Avec Pitche ta boite, la Fondation Jean-Monnet vise à donner des perspectives
Trois minutes pour séduire, sens compris. Testé en 2023, le nouveau rendez-vous proposé (ou imposé) prioritairement aux étudiants en début de cursus de l’université par sa Fondation se déroulera ce mercredi 27 novembre au Fil de Saint-Etienne. 1 200 étudiants sont attendus à Pitche ta Boite 2024. Objectif de ce « job dating inversé » : ouvrir les esprits à ce qu’est le tissu économique local et ce qu’il peut présenter comme opportunités. Pourquoi pas à court mais plus sûrement à moyen ou long terme.
Le même nombre – ou presque – d’entreprises qu’en 2023, soit 38 contre 40. Mais avec un recul net de la proportion « industrielle ». Pas étonnant au regard du climat dans le secteur secondaire et le rétropédalage, en général, sur les vagues de recrutement annoncées en 2022 / 2023. Pourtant, l’objet « Pitche ta boite », ce n’est pas vraiment un forum de recrutement par job dating inversé (au recruteur de séduire), principe désormais bien rodé visant à mettre face à face un candidat et des projets d’embauche. « Tout est parti d’échanges avec le Crédit agricole Loire Haute-Loire, l’un des mécènes de la Fondation qui nous exposait ses difficultés à recruter. Mais après réflexion, la réponse qui nous semble pertinente pour l’université est d’inscrire dans les têtes de ses étudiants une culture économique locale que les entreprises présentes aient un rapport direct ou non avec leur cursus », explique Fabien Alloni, délégué général à la Fondation Jean-Monnet depuis juin 2022.
« C’est faire comprendre qu’aucun parcours n’est arrêté pour toujours, poursuit-il. Qu’il s’agisse des études ou d’une carrière le long d’une vie. Faut-il encore avoir à l’esprit en vue des perspectives, des exemples, et une connaissance des entreprises locales, ce qu’elles font, pour savoir où éventuellement rebondir, sinon évoluer. » Stéphanois d’origine, Fabien Alloni, la cinquantaine entamée, sait de quoi il parle. Cet ex officier sein de l’Etat major des Armées précédemment conseiller au ministère de la Défense, a commencé ses études supérieures à Saint-Etienne en… biologie. « Je travaillais à côté de mes études dans un supermarché Casino. Bon, me concernant, le choix de la bio s’est vite avéré peu concluant. A Casino, on m’a proposé de les rejoindre. J’y ai été finalement, ça n’a pas duré longtemps non plus puisque mon service militaire m’a donné l’envie d’intégrer l’Armée où je suis resté donc jusqu’en 2022 avant ce poste à la Fondation. »
Décloisonner dans les deux sens
Pitche ta boite – qu’il ne faut pas confondre avec l’annuelle « soirée de la recherche » et sa remise de prix – part du constat d’un manque de communication entre les entreprises et les étudiants de l’université qui lancent leur cursus avec pas grand-chose entrepris pour y remédier du moins, de manière « massive ». Dans les deux sens. « Il faut parvenir à décloisonner, faire comprendre qu’un réseau se construit beaucoup plus souvent qu’il ne s’hérite. Pitche ta boite est un premier pas pour cela. Car, demandez à des jeunes de l’université, en début de cursus de citer des entreprises du territoire métropolitain. On a essayé : au mieux, certains citent Weiss, d’autres Casino, parfois mais plus rarement Thuasne et… le conseil départemental, relève Fabien Alloni. Les entreprises, elles, ne doivent pas sous-estimer le potentiel de talents qui peuvent les écouter en face. Elles peuvent ainsi transmettre le sens donné à leurs métiers. Que cela soit payant quant à le recrutement très rapidement. Mais sinon dans 10 ou alors 20 ans. On se doit d’apprendre à ces jeunes que les parcours ne sont ni sans fautes, ni linéaires. Quand ils ont nez dans le guidon par rapport à leur milieu, leurs interlocuteurs du quotidien, ce n’est pas forcément évident.»
Mercredi, ces entreprises auront 3 min chacune pour séduire ce public sur la scène du Fil à Saint-Etienne. C’était au Centre des Congrès il y a un an pour la première stéphanoise après un test au sein du campus de l’IUT de Roanne plus tôt dans l’année, en mars. La Fondation espère rendre annuelle l’idée. Elle ne sera concrétisée qu’à Saint-Etienne en 2024. Mais la répéter à Roanne est aussi en réflexion. L’exercice est interactif avec un retour en direct : les étudiants votent sur un logiciel pour qualifier la qualité du pitch et le déploiement de sa fameuse « marque employeur » mais également l’attractivité de l’entreprise (politique RSE ; qualité de vie, etc…). Ce qui certes, pose aussi l’écueil de la capacité d’une personne au parcours inspirant à se montrer tout aussi séduisant, pédagogue et à l’aise face à une foule d’étudiants votants. Le meilleur taux de « séduction s’est élevé, jusque-là à 70 %.
« L’an passé, des HEF, Sam Outillage ou Pasquier ont particulièrement fait mouche, se souvient Fabien Alloni. C’est super de voir nos étudiants de 18, 19, 20 ans prendre conscience de l’existence de ces fleurons sur le territoire. Et il y a en a tant d’autres… » A l’issue du pitch, un temps d’échanges est organisé entre le chef d’entreprise et les étudiants exprimant leur intérêt immédiat pour rester en contact. Un plateau cabinet de recrutement est également animé pour accompagner certains étudiants qui le souhaiteraient. Si le principe du pitch est rodé depuis longtemps, la Fondation assure que celui-ci, dans cette ampleur et au sein du milieu universitaire, est inédit, a minima, à l’échelle régionale. 1 200 étudiants étaient venus à Saint-Etienne dont une part, comme ceux à l’IUT, de manière obligatoire dans le cadre de leur cursus, en 2023, 300 à Roanne.