Saint-Étienne
mardi 23 avril 2024
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Avec un ticket Stas unitaire en hausse, la Métropole devient… « la moins chère de France »

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Inflation oblige, Saint-Etienne Métropole s’est résolue à voter, jeudi, la première augmentation depuis 2015 des tarifs de son délégataire, la Stas (groupe Transdev). Elle ne concerne ni les abonnements ordinaires ni les nouveaux dispositifs de tarification sociale. A partir du 1er mars, les titres de transports « occasionnels » augmentent, en revanche, de 12 à 20 %. Mais la collectivité assure désormais présenter le réseau de transport en commun le moins cher de France, les hausses étant supérieures ailleurs.

La Stas va augmenter le ticket à l’unité d’1 h 30 d’1,4 à 1,6 €, le carnet de 10 de 10 à 12 € mais pas les abonnements. ©If Média/Xavier Alix

Il y a les communes sinon, pour mieux comparer, les agglomérations où c’est totalement gratuit. Mais les cas de la communauté urbaine de Dunkerque, 195 000 habitants, ou encore celui du syndicat mixte des 46 communes du Douaisis (220 000 habitants) restent marginaux à l’échelle du pays. A Saint-Etienne Métropole, s’il y a eu débat via les Municipales de 2020, et s’il y a encore débat, cela reste payant. Mais pas très cher à en croire la collectivité et son vice-président aux transports Luc François, maire de Grand-Croix en se comparant aux intercommunalités de taille analogue. Et même mieux que ça désormais : « Au niveau des réseaux de transport, celui de Saint-Etienne Métropole était, jusque-là, l’un des moins chers de France, ex-aequo avec Clermont-Ferrand, Nantes et Grenoble. Il s’agit désormais du moins cher de France, seul. Qu’il s’agisse des abonnements et des autres types de tarification. »  

Cela alors que les tarifs, « restés inchangés depuis 2015 », vont – en partie – augmenter au 1er mars ! Mais seulement pour les voyageurs occasionnels (lire plus bas). Dans le contexte inflationniste, la plupart des services de transport en commun intercommunaux payants ou ceux assurés par des collectivités locales comme les Régions ou les Départements sont contraints à l’augmentation. La Stas n’y échappe pas, même si une progression de 5 M€ de la subvention d’équilibre versée à la société du prestataire du groupe Transdev (elle passerait ainsi 3 M€ à 8 M€) projeté en 2023 dans les orientations budgétaires présentées par Saint-Etienne Métropole jeudi (c’est le budget primitif en mars qui l’actera) limite les dégâts. Du moins pour l’usager à défaut de préserver les finances publiques. Cette hausse de la subvention est, de toute façon, automatisée par le contrat de DSP signé avec la prestataire en fonction du coût des carburants.

Le titre 1 h 30 à l’unité passe d’1,4 € à 1,6 €

Elle est suffisante pour que l’exécutif ne touche pas aux prix des abonnements et encore moins à sa tarification sociale mise sur les rails en 2021 pour un coût annuel de 2,4 M€ dont le premier bilan a « témoigné d’une grande réussite », tient à rappeler Luc François. Après un an de mise en place, l’abonnement à 10 € de la Stas aurait en effet rempli ses objectifs, notamment en termes de nombre de nouveaux abonnés. 10 230 abonnés supplémentaires avaient en effet été annoncés en juin 2022 par Saint-Etienne Métropole. Les prix resteront donc inchangés pour ses bénéficiaires, comme pour l’ensemble des abonnements. Ce qui augmente au 1er mars concerne uniquement les tarifs « tout public » pour les voyages occasionnels. La hausse va de 12 à 20 %. Il s’agit du titre d’1 h 30 vendu à bord, dans les distributeurs automatiques, chez les dépositaires/agences, par SMS ou via l’application Moovizy. Le ticket à l’unité d’1 h 30 passe ainsi d’1,4 € à 1,6 € et d’1,6 € à 1,8 €, à bord.

Le titre qui permet de réaliser 10 voyages d’une durée de 1 h 30 sur l’ensemble du réseau passe, lui, de 10 à 12 €. Le titre 1 voyage souplesse/liberté augmente, lui, dans la même proportion : d’1 € à 1,2 €. Une augmentation que l’exécutif de Métropole compare avec celle des autres : Clermont-Ferrand est passée à 1,6 € pour son ticket de base à l’unité, Nantes à 1,7, Grenoble et Strasbourg à 1,8 €, Lyon 2 €. Sur le titre à bord, 2 € pour Clermont-Ferrand, Nantes, Strasbourg et Grenoble ; 2,2 € pour Lyon. Et pour 10 voyages Clermont-Ferrand à 15, Nantes à 16, Grenoble et Le Havre à 15 et Lyon à 19. Il faut aussi mettre dans la balance, ajoute Luc François le fait « que notre ticket à l’unité permet de voyager non pas une heure comme la plupart du temps ailleurs mais 1 h 30 avec, en plus, la possibilité d’aller-retours. Ce qui est rare. »

« Un contresens historique »

Pour l’élu d’opposition stéphanois PS Pierrick Courbon, qui prône et a prôné dans les campagnes électorales, comme aux Municipales de 2020, la gratuité des transports en commun, l’augmentation bien que non systématique « est mal venue dans cette période. Si l’inflation rend nécessaire une augmentation des recettes, il est surtout nécessaire de préserver le pouvoir d’achat des usagers. Nous voulons être une métropole qui protège et bien ce n’est pas avec ces hausses sans service supplémentaire que nous le faisons. » D’autre part, « un des enjeux post Covid est de refaire venir les usagers dans les transports en commun qui n’ont pas retrouvé leur fréquentation d’avant même si notre territoire est un petit peu moins en difficulté sur ce point-là. Une fréquentation retrouvée ramènerait les ressources recherchées par la hausse. »

Nous voulons être une métropole qui protège et bien ce n’est pas avec ces hausses sans service supplémentaire que nous le faisons.

Pierrick Courbon, élu stéphanois d’opposition

Enfin, note le conseiller communautaire d’opposition, « nous sommes une métropole où la part du déplacement individuel en voiture demeure prépondérante en augmentation même selon les chiffres que nous avons à disposition. Il faut donc rendre la Stas concurrentielle vis-à-vis de la voiture. Or, tous les territoires ne font pas le même choix que nous d’augmenter contrairement à ce que dit le document du Dob. Voire, font parfaitement l’inverse comme la métropole de Montpellier qui est en train d’expérimenter la gratuité. Au moment où le carburant a passé 2 € le litre, pour lutter contre l’autosolisme, le réchauffement climatique, augmenter les tarifs est un contresens historique. Utilisons les crédits alloués à l’aéroport de Bouthéon qui ne sert à rien ».

« 75 % des voyageurs ne subissent pas de hausse »

Plus suggestif que critique, Lionel Boucher, conseiller communautaire stéphanois UDI s’ajoutait à cette prise de parole pour demander que la hausse ait pour corolaire une augmentation service consistant à « réclamer à la Stas la possibilité d’intégrer numériquement son abonnement sur smartphone via une application ». Luc François répondait à Pierrick Courbon en évoquant le contexte national : « Cette proposition de délibération intervient elle aussi dans le cadre des difficulté énormes des coûts d’énergie. Nous sommes arrivés au bout d’un système, d’un fonctionnement dont le logiciel risque de présenter de sérieuses difficultés, les versements transports (taxe sur la masse salariale des entreprises) ne suffisent plus. » Cela a même commencé avec un exemple spectaculaire cité par Luc François : le sauvetage d’Ile-de-France mobilités « à deux doigts de la banqueroute » il y a quelques semaines.

Jusqu’où ira la problématique de la hausse des carburants ?, s’interroge Luc François qui veut mettre en avant, parallèlement, « la politique volontariste de Sem » et « 8 ans sans augmentation. On peut faire dire aux chiffres ce qu’on veut et dire et ça pourrait donner seulement + 3,75 % par an. La vérité, ce sont des tarifs extrêmement bas qui le restent ». Quant à la fréquentation, « la plupart des lignes ont retrouvé le niveau de 2019 historique, toutes, au moins celui de 2018. Certaines ont augmenté de 120 % par rapport à 2019. Ce qui est proposé, c’est une augmentation ciblée. Nous assumons. 75 % de nos voyageurs ne subissent aucune hausse et si, pour les autres, cela peut inciter de passer aux abonnements, c’est tant mieux pour eux et pour nous ». Quant à l’intégration des abonnements sur smartphone, Luc François reconnait un retard à ce sujet mais annonce que cela devrait être fait d’ici 18 à 24 mois dans le cadre du remaniement global d’un système de billettique « à bout de souffle ».

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