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mardi 19 mars 2024
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Depuis Saint-Etienne, la Cité du Design est l’épicentre français du design actif

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Utiliser le design dans l’espace public pour inciter à faire de l’exercice : c’est l’objet du concept « design actif ». Vendredi 11 mars, l’Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT) et la Cité du design ont signé à Saint-Etienne une convention de partenariat visant à accompagner son développement en France. Objectif : accompagner des aménagements cent villes de taille moyenne en perspective des Jeux olympiques et paralympiques Paris 2024.

Mobilier urbain et agrès pour le parc des berges de Seine à Paris. © APUR, Atelier Parisien d’Urbanisme.

« L’ambition des Jeux Paris 2024, c’est de laisser une trace durable dans notre quotidien autour du sport-santé. Au-delà des JO, il y a là un enjeu de long terme sur la santé publique », pointe Rollon Mouchel-Blaisot. Ce préfet est directeur du programme national Action Cœur de Ville. Un accompagnement d’Etat lancé en 2018 et destiné à la dynamisation de l’attractivité des centres-villes de 234 communes de taille moyenne ne faisant pas partie d’une métropole1. Dans la Loire, Montbrison et Roanne ont ainsi été sélectionnées. Le dispositif est aujourd’hui intégré à l’Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT) créée par l’Etat en janvier 2020 afin d’être « le partenaire pour les collectivités locales qu’elle accompagne dans leurs projets de territoire ».

En évoquant un « enjeu de santé de publique », Rollon Mouchel-Blaisot fait allusion à quelques chiffres que la démarche « Design actif » rappelle dans sa présentation. En France, la sédentarité, notamment infantile, ne cesserait ainsi de croître. Nous avions d’ailleurs détaillé en juillet ce sujet avec la publication d’un rapport parlementaire co-orchestré par le député stéphanois Régis Juanico. Un adulte sur deux et un enfant sur cinq sont en surpoids dans l’Hexagone. En 40 ans, nos 9-16 ans ont perdu 25 % de leurs capacités physiques. 40 % des adultes ont un niveau de sédentarité élevé selon Santé publique France. Et seulement 30 % des moins de 18 ans atteignent les recommandations d’activité physique de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Aire de jeux et marquages au sol de la Cours oasis conçus pour l’école Charles-Hermite (Paris) par Joséphine Brueder.

L’aménagement urbain qui incite à se bouger

En cherchant à développer en France le concept de design actif tout en misant sur l’enthousiasme que devraient provoquer les JO Paris 2024, l’ANCT veut ainsi faire d’une pierre deux coups : dynamiser l’activité physique des Français mais aussi les espaces urbains des villes moyennes, contribuant ainsi à les rendre plus attractives. « Pas besoin d’enfiler une tenue de sport », promettent ses promoteurs. L’idée est d’offrir une possibilité d’activité dans les parcours quotidiens, par exemple « les 500 derniers mètres avant l’école », Rollon Mouchel-Blaisot. Du mobilier urbain à la trame structurante piétonne ou vélo, en passant par la végétalisation incitative et la présence d’agrès : tout doit devenir prétexte à bouger un peu plus dans le cadre des travaux de requalification urbaine. Et pourquoi pas aussi, « en faisant, un pas de côté » valorisant des éléments patrimoniaux locaux.

Le projet partira du bas et s’adaptera aux besoins locaux, au aménagements urbains déjà envisagés.

Yves Le Breton, directeur général de l’ANCT

Beaucoup plus courante dans les pays anglo-saxons et d’Europe du Nord, la démarche a cependant déjà fait des petits en France. Comme le montre cette série d’exemples en France – même si des regards internationaux dans des villes appartenant comme Saint-Etienne au réseau design de l’Unesco sont aussi détaillés2 – que l’on retrouve dans un guide opérationnel du design actif paru en décembre 2021. Il a été distribué aux 222 villes du réseau Action Cœur de Ville mais aussi aux  2 700 collectivités territoriales labellisées « Terre de Jeux 2024 ». Une production copilotée par l’ANCT, le comité d’organisation Paris 2024 et la Cité Internationale du Design de Saint-Étienne. 14 experts (cardiologue, designers, géographes, spécialiste de l’accessibilité, urbanistes…) y ont travaillé. Parmi eux, Isabelle Vérilhac, directrice de l’international et de l’innovation à la Cité du design.

Front de mer de Calais réhabilité en 2020 et projection de coloration Terre de Jeux 2024. ©Fred Collier

Une expertise guidée par la Cité du design proposée à 100 villes

Un guide papier c’est bien. Un guide humain, c’est mieux, surtout quand on est une ville de taille moyenne moins pourvue en services techniques et expertise. L’acte II de la démarche est donc une convention signée vendredi par Thierry Mandon, directeur général de la Cité du design et Yves Le Breton, directeur général de l’ANCT. La seconde va accorder à la première 360 000 € dans les deux ans qui viennent – c’est-à-dire d’ici Paris 2024 – pour accompagner 100 communes relevant d’Action Cœur de ville et/ou labellisées Terre de Jeux. La somme va permettre à la filiale de la Cité du design, Cité design services, d’engager des designers locaux aidant durant cinq jours la collectivité sélectionnée à définir ses besoins, un cahier des charges et un projet.

L’épicentre du design actif sera à Saint-Etienne. Mais, promis, il ne faudra pas y voir une centralisation « déléguée » . Le jacobinisme n’aura ici pas droit de cité : « Le projet partira du bas et s’adaptera aux besoins locaux, au aménagements urbains déjà envisagés, en s’appuyant sur des ressources locales, assure Yves Le Breton. Quand c’est le cas par exemple, des écoles d’art et design les plus proches. Il y en a une quarantaine en France. » La concrétisation peut amener d’autres financements que ceux dévolus à l’expertise design en amont. A ce jour, un collectif de six « territoires pilotes » bénéficie déjà par anticipation de l’accompagnement : Bourges (Cher), Châtellerault (Vienne), Limoges (Haute-Vienne), Plaine Commune (Seine-Saint-Denis), Saint-Dizier (Haute-Marne) et Saint-Omer (Pas-de-Calais). Les candidatures de 23 autres villes ont été acceptées.

Vendredi pour la signature de la convention : Rollon Mouchel-Blaisot, directeur d’Action Cœur de Ville Thierry Mandon, DG de la Cité du Design et Yves Le Breton, DG de l’ANCT. © If Media/Xavier Alix

La 1ère Rencontre nationale du design actif à Saint-Etienne

L’objectif est d’atteindre les 100 villes labellisées d’ici 2023 inclus. Enfin, pour sensibiliser les communes au design actif, une Journée internationale du design actif est programmée durant la 12e Biennale internationale du design à Saint-Étienne. L’ANCT et Paris 2024 organiseront ainsi conjointement avec la Cité du design la 1ère Rencontre nationale du design actif, le 1er juin. Cet événement rassemblera à la Cité du design tous les territoires engagés dans le design actif ou intéressés par le sujet, ainsi que les experts et parties prenantes pour « échanger et capitaliser sur des réalisations emblématiques et les initiatives en cours ».

1 D’où l’impossibilité de candidater de la part des « villes moyennes » de Saint-Etienne Métropole. Il n’y a d’ailleurs pas de définition officielle de villes moyennes. Le programme bénéficie aussi bien à des communes de 8 000 habitants comme à d’autres de 50 000.

2 Montréal (Canada), Settimo Torinese (Italie), Graz (Autriche).

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