Détecteur de mensonge : le seul expert en France est stéphanois
Après une carrière dans le marketing et le commerce, c’est une rencontre qui a fait basculer la carrière de Rémi Madaire. Ce Stéphanois d’origine est depuis devenu le seul polygraphe en France. Un métier qui consiste à savoir si vous mentez ou si vous dites la vérité.
« J’étais en voyage en tour du monde pendant deux ans, se souvient Rémi Madaire. J’ai terminé par l’Espagne où j’ai rencontré par hasard un polygraphe. Il m’a dit que personne n’exerçait en France. J’ai donc fait la formation avec lui car il possède une école, et obtenu mon diplôme. » Cela fait maintenant trois ans que Rémi Madaire exerce comme polygraphe à Lyon. Le polygraphe, c’est cet appareil plus connu sous la dénomination populaire de détecteur de mensonge. Si la pratique n’a toujours pas de valeur juridique en France, elle est pourtant reconnue dans de nombreux pays tels qu’au Canada, aux États-Unis, en Belgique, en Allemagne et dans plusieurs pays d’Amérique du Sud, où l’expertise peut être ajoutée au dossier en qualité de preuve. Une technologie vieille de 100 ans, qui a largement su évoluer au fil des années, et qui ne ressemble plus en rien au petit papier surplombé d’une aiguille qui s’agite. Alors comment la machine peut-elle coincer l’homme ?
Au final 85 % sont innocents. Le reste pense pouvoir déjouer le polygraphe… mais cela ne fonctionne pas.
Un mécanisme de défense
« C’est votre système nerveux autonome qui va réagir face au danger. Comme lorsque vous frôlez l’accident de voiture, lorsque vous allez mentir, votre corps prépare tous vos organes pour lutter contre ce danger et va générer des réactions psychophysiologiques. Cela se ressent sur la pression artérielle, la transpiration et la respiration. » Ainsi, une fois l’objectif de son client connu, Rémi Madaire réalise un entretien informel avec la personne qui sera testée, afin de préparer ses questions, qui seront donc personnalisées. « Et pour chaque personne, je règle le polygraphe grâce à un test simple d’étalonnage ou de calibrage. Ce test me permet d’habituer la personne examinée aux différents accessoires du polygraphe, de lui présenter les conditions du test final et surtout de calibrer ses réactions psychophysiologiques à des stimuli. »
Leurre de vérité
Les clients qui font appel à lui peuvent être des particuliers, pour des affaires de vol, d’attouchements, d’infidélité, ou encore de violences conjugales. Bien sûr, il prend le soin faire de signer une autorisation pour obtenir le consentement de l’intéressé et si il sent qu’il est là contre sa volonté, il ne va pas plus loin. À cela s’ajoute un document concernant la confidentialité de ses données, qui ne seront partagées qu’avec le client. « Au final 85 % sont innocents. Le reste pense pouvoir déjouer le polygraphe… mais cela ne fonctionne pas. J’interviens également auprès des professionnels, pour des affaires de vol en entreprise ou d’espionnage industriel. Côté institutionnel, il y a des juristes ainsi que des avocats de la défense qui font appel à mes services. Même si ce n’est pas juridiquement reconnu, c’est toujours une preuve supplémentaire à apporter au dossier. Ce sera au juge d’en apprécier ou non la valeur ». Pour ce faire, il rédige un rapport dans lequel il va décrire ce qui a été dit par le client, quelles sont les conclusions du test et la méthodologie utilisée. Alors qu’un rapport classique fait une quinzaine de pages, celui qui arrivera sur le bureau d’un juge en fera une quarantaine, afin que ce dernier ait tous les tenants et les aboutissants en sa possession. Mais la France reste à la traîne en la matière, par rapport à de nombreux pays.
Un retard français
Pourtant, les services de sécurité intérieure et extérieure comme la DGSI ou la DGE ont eux-mêmes recours à cette technologie. Mais son utilisation dans le cadre juridique n’est toujours pas d’actualité. « En France, cela évolue lentement. J’ai fait un gros travail de référencement sur mon site car tout le monde sait que le détecteur de mensonge existe, mais le mot polygraphe reste moins connu. L’essentiel de mon travail est de le présenter. Je veux aussi démontrer son efficacité et son utilisation dans le quotidien car on peut l’appliquer dans de nombreux domaines. » Quoi qu’il en soit, il semble que votre corps, en quête de vérité, vous trahira toujours…
Great job