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FNE Loire : 40 ans pour la biodiversité qui n’ont pas toujours été naturels

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« Frapna 42 » jusqu’en 2019, FNE Loire profite de l‘événement national de la « Fête de la nature » pour fêter ses 40 ans à travers un programme touffu1 du 22 au 26 mai, à l’image de son activité. Entre actions de défense de la biodiversité, de sensibilisation/pédagogie, de « positionnement dans le débat public » et aussi, désormais cette capacité d’expertise commandée par les initiatives du public ou du privé. Assurés directement par elle ou ses associations membres – c’est une fédération –, c’est ainsi une trentaine de rendez-vous1 qui sont proposés sur tout le département en ville, comme en milieu rural.    

Gorges de la Loire
Les Gorges de la Loire dont la Réserve naturelle est co-gérée par FNE Loire. ©JT/ If Saint-Etienne

Sans elle, les actuelles Gorges de la Loire auraient probablement une allure plus périurbaine, parcourues par quelques lotissements… Et les collectivités locales de la Loire un atout de communication sans doute moins séduisant à faire valoir. C’est – en partie – grâce au combat mené par les membres de la Frapna 42, devenue FNE Loire il y a déjà 5 ans, que la réserve naturelle dispose de cette ampleur2. Celle qui met – de nos jours – tout le monde d’accord : le bassin stéphanois compte ainsi, avec 355 ha, la plus grande réserve française naturelle, régionalisée en 2012, à proximité immédiate d’une zone urbaine dense, celle de l’agglomération de Saint-Etienne à 10 km de là. Il convient de le rappeler.

Comme il convient de rappeler que c’est aussi, et dans ce cas-là, à la seule force de sa volonté que la Loire bénéficie de la plus grande réserve ornithologique de Rhône-Alpes : l’Ecopôle du Forez. 760 ha au cœur de la Plaine du Forez, ex-gravière réhabilitée par FNE Loire. Aujourd’hui, oasis au milieu du désert humain pour les Castors qu’elle a d’ailleurs réimplantés dans le département et surtout pour 1 200 espèces d’oiseaux, de plantes et d’insectes. De quoi accorder aussi au fleuve, cette liberté tout aussi naturelle de s’étaler quand la pluie est là. A l’époque du projet, au tournant des années 1980/1990, il avait fallu batailler ferme, très ferme pour convaincre ne serait-ce qu’une grande partie des propriétaires de vendre des terrains, nous racontait il y a une dizaine d’années Raymond Faure, emblématique et inénarrable de franchise, premier président de la Frapna, aujourd’hui retiré. Il y a des combats du passé dont les résultats apparaissent en 2024 comme une évidence…

8 000 adhérents indirects à FNE Loire

Depuis 1984 et la création de la Frapna 42 (elle avait été une des dernières nées départementales de la Fédération Rhône-Alpes de protection de la nature lancée en 1971) par un petit groupe de naturalistes, l’association a fait bien du chemin. Comme l’indiquait son ancien nom avant de rejoindre comme toute la Frapna Rhône-Alpes le réseau FNE, l’association est une fédération d’associations. La LPO, dans la Loire, alors encore « Cora », Centre ornithologique Rhône-Alpes, n’est par exemple pas la moindre de ses co-fondateurs et fait encore bien sûr partie de la vingtaine d’associations membres. Tout comme les pêcheurs de Club de Pêche Sportive Forez Velay (CPSFV), déjà là en 84. De quoi cumuler indirectement 8 200 adhérents ! 350 le sont directement tandis que FNE peut compter sur le dévouement d’environ 200 bénévoles. Naturalistes, scientifiques, conservateurs, administratifs et  juristes aussi, elle compte ainsi 32 salariés directs.

Au fur et à mesure du temps, la société a davantage compris notre interdépendance avec le milieu naturel, que nous jouons avec sa survie, notre survie.

Bruno Lemallier, co-président de FNE Loire

Il faut dire que ce ne sont pas moins de 1 000 animations par an que réalise l’association, correspondant à 27 000 personnes sensibilisées. Encore deux chiffres : 380 000 données naturalistes récoltées depuis ses débuts, 3 millions de visiteurs cumulés par les Gorges de la Loire et l’Ecopôle depuis leurs origines. Aux origines, Bruno Lemallier, actuelle co-président, n’y était pas. Mais lui et sa propre association membre, la Société de Sciences Naturelles Loire Forez (SSNLF) savent bien que la création et l’action de FNE Loire est une affaire de « convictions. Celles de devoir protéger la nature d’une activité humaine débordante. Ce, dès le départ avec cette première action fondatrice sur la réserve des Jasseries de Colleignes (55 ha alors depuis régionalisés aussi et passés à 285 ha, Ndlr) dans les Monts du Forez en 1985. Ce qui a été entrepris depuis a toujours été osé et risqué financièrement, à l’image de l’Ecopôle ». Et pour positiver : « Au fur et à mesure du temps, la société a davantage compris notre interdépendance avec le milieu naturel, que nous jouons avec sa survie, notre survie. »

Expertise et opposition  

Alors, de nombreux thèmes plus ou moins purement « humains », en tout cas impactants, sont venus se greffer : déchets, transports, gestion de l’eau destinée à notre consommation, agriculture et même bien être. « C’est vrai, nous sommes aussi là pour diffuser des idées et convaincre. Et il faut parfois s’opposer, voire aller en Justice quand tout a échoué, que les règles ne sont pour nous pas respectées. Mais notre démarche est d’abord et avant tout collaborative. » Ce qui place souvent FNE Loire dans une position d’expertise sollicitée par des collectivités avec lesquelles elle est parfois paradoxalement amenée à s’opposer. La Ville de Saint-Etienne par exemple qui n’a cependant jamais mis fin à son soutien. Au contraire : encore 80 000 € de subventions correspondant à des projets conventionnés avec elle seront votés à son conseil municipal fin mai. Son maire Gaël Perdriau était d’ailleurs présent à la conférence de FNE Loire pour ses 40 ans. « Nous ne sommes pas toujours d’accord sur tout, c’est vrai. Et c’est parfois à un tribunal de trancher. Mais il y a une liberté de point de vue à respecter. C’est ce que nous faisons puisque nos liens n’ont pas cessé de se resserrer depuis 2014. »  

L’Ecopôle du Forez, création et propriété exclusive de FNE Loire.

Mise à disposition de la Maison de la Nature à Saint-Etienne, de la maison de la Réserve à Saint-Victor-sur-Loire (dont la nouvelle scénographie sera d’ailleurs présentée le 22 mai), accompagnements multiples au niveau de la sensibilisation du public scolaire ou, comme récemment, sur le plan de préservation des Martinets blancs, celui de la réduction de l’éclairage public, voire sur de l’aménagement urbain public (Jardin Eden) : la Ville de Saint-Etienne – et la Métropole avec, par exemple, sur une participation à la constitution de l’Atlas de la biodiversité – est un partenaire crucial. Sans doute comme jamais depuis la fin du soutien de la Région Aura il y a bientôt 10 ans. Là où la majorité Queyranne était très favorable à la Frapna, trop pour certains, la majorité Wauquiez pas du tout. Elle avait supprimé un soutien régional massif à son arrivée, estimant l’attitude de la Frapna trop militante, trop politisée.   

Où en est la santé financière de FNE Loire ?

A tort ou à raison selon les opinions, la décision a en tout cas menacé pendant plusieurs années l’existence même de l’Ecopôle du Forez, voire de FNE Loire. Le site majeur de l’association en avait même appelé aux dons pour s’en sortir tout en basculant son entrée de gratuite à payante. De quoi faire passer la fréquentation des lieux de 60 000 personnes par an dont beaucoup cependant « les confondaient avec un parc public… ». C’est aujourd’hui, 5 500 entrées payantes par an qui sont enregistrées avec une réaction du public plutôt bonne, voire bienvenue finalement. Il faut y ajouter des milliers d’entrées d’enfants scolarisés envoyés par la Ville de Saint-Etienne. L’Ecopôle et FNE Loire ont-ils définitivement passé le cap ? Sont-ils encore sous la menace ? « Rien n’est jamais acquis pour le monde associatif de nos jours, nous ne serons jamais définitivement « sortis d’affaire ». Nous ne sommes pas les seuls concernés », répond Christophe Dumas, son directeur.

Rien n’est jamais acquis pour le monde associatif de nos jours, nous ne serons jamais définitivement « sortis d’affaire ».

Christophe Dumas, directeur de FNE Loire

Car, poursuit-il, « la logique des politiques publiques aujourd’hui vis-à-vis des associations, ce n’est plus d’accorder des subventions destinées au fonctionnement chaque année mais des appels projets accordant des fonds pour les mener à bien sur une ou plusieurs années, renouvelés ou non ». Après, « nous avons aussi nos propositions qui trouvent un financement… ou pas.» Pour ce qui de FNE Loire, sur un budget annuel d’environ 1,5 M€, Christophe Dumas précise qu’elle fait en sorte de ne pas dépasser les 10 % de dépendance par partenaire dont sont aussi, et entre autres, l’Etat ou le Département de la Loire. Des établissements publics et des entreprises aussi. Sans oublier les dons. Cependant, un tiers de ses ressources vient de ses recettes directes. Quoi qu’il en soit et quelque soit l’angle d’attaque, FNE et son petit hérisson certes mignon mais au sourcil froncé pas pour rien, reste déterminée. L’idée d’une réserve naturelle par exemple, tout le long du fleuve Loire, n’a pas encore été englouti sous les flots de l’adversité. « L’Etat affiche un objectif national de protection forte de 10 % du territoire français d’ici 2030. Encore faut-il des moyens financiers pour cela… » Dans la Loire, ce pourcentage est de 0,2 %… Et si la Frapna/FNE Loire n’avait jamais existé ?

1 Le programme d’animations de FNE Loire (thèmes, horaires, modalités, réservations d’ailleurs conseillées) auquel participent largement ses associations membres est à retrouver là ou encore ici. 30 propositions les 22, 23, 25 et 26 mai très variés au sein de 13 communes différentes, surtout dans le Forez et l’agglomération stéphanoise mais aussi dans le Roannais pour deux d’entre elles.  

2 La réserve naturelle, alors sous statut « volontaire », fut à l’origine créée en 1986 par la commune de Saint-Étienne : une grande partie est située sur son territoire. Elle est cogérére de nos jours par France nature environnement (FNE) Loire et le Syndicat mixte d’aménagement des Gorges de la Loire (SMAGL).

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