Grève au CHU : « En diminuant l’encadrement, vous aurez forcément des problèmes de sécurité »
Ce mercredi 31 mai, l’intersyndicale CGT, FO et Sud du CHU de Saint-Etienne organise un rassemblement à 19 heures à l’hôpital Nord, pour réclamer le maintien des postes de cadres de nuit. Alors qu’ils craignent que cela ne cache un projet plus vaste, la direction du CHU évoque une simple réorganisation.
Elles se sont rassemblées pour l’occasion. Les organisations syndicales CGT, FO et Sud se mobilisent et appellent à un rassemblement ce mercredi 31 mai, devant le hall A/B de l’hôpital Nord. Pour l’occasion, une désormais célèbre casserolade est organisée. Cette colère est née de la volonté de l’hôpital de restructurer l’encadrement de nuit. « Initialement, nous devrions avoir onze ETP (Equivalents temps plein, Ndlr) de cadres de nuit et on tourne à neuf depuis quelques années en raison d’absentéisme et de problèmes de recrutements, explique Alexandre Charly, secrétaire général du syndicat FO au CHU de Saint-Etienne. On passera désormais de neuf à six, et si on compte les congés et les repos, cela signifie qu’il n’y aura physiquement que deux cadres. Un pour le site Charité / Bellevue, l’autre pour le CHU ». Le secrétaire général estime d’ailleurs qu’il s’agit là d’un marronnier de la part de la direction qui, selon lui, a cette volonté de supprimer les cadres de nuit depuis dix ans.
Des inquiétudes en matière de sécurité
Ainsi, les trois équivalents temps plein qui étaient jusqu’alors de nuit, viendront renforcer les équipes de jour qui devront assurer la gestion des plannings et la bonne cohésion au moment du changement d’équipe. Mais au-delà de problèmes purement liés à l’organisation du travail, les syndicats craignent que les professionnels de nuit soient livrés à eux-mêmes. « Cela peut être problématique pour la sécurité des agents et des soignants. En diminuant l’encadrement, vous aurez forcément des problèmes de sécurité », avance Alexandre Charly.
Un argument également repris par Cathy Savin, infirmière de nuit au CHU, et membre de la CGT. « Le personnel de nuit est déjà moindre et isolé la nuit. D’avoir des cadres de nuit qui effectuent des passages dans les services, c’est un véritable soutien. » Pour elle, c’est aussi une façon de désamorcer les situations complexes, l’agressivité de certains patients. « C’est d’autant plus important que les cadres de nuit n’appartiennent pas à un service de sécurité, cela apaise les tensions ».
Des conséquences sur le patient ?
Nathalie Ranchon Clément, co-secrétaire à la vie syndicale et à l’organisation de l’union départementale de la CGT et infirmière cadre de santé, quant à elle, témoigne de son expérience. « J’ai connu une période sans cadre de nuit. Ça me demandait de rester parfois travailler le soir jusqu’à 2 heures du matin. Je vous assure qu’on ne tient pas longtemps à ce rythme. Je ne vois pas comment on peut gérer des situations difficiles quand on ne connaît pas son équipe. » Sur ce point, Cathy Savin s’interroge et suppose que les équipes de nuit ne pourront contacter leur supérieur, qui lui travaille de jour, autrement que sur leur temps de repos.
L’ensemble des organisations syndicales craint que cette réorganisation ne soit le début d’un projet plus vaste. Pour eux, c’est globalement la situation de l’hôpital public de manière générale qui tend à se dégrader. Pour exemple, ils citent la fermeture de deux lits en réanimation pédiatrique, qui passera ainsi de 10 à 8. « Les urgences ont besoin de lits d’aval en quantité, car elles sont surchargées, et on fait tout le contraire », regrette Yamina Idir, infirmière en chirurgie ambulatoire et déchargée d’activités de services à la CGT.
Pénurie de personnel
Mais derrière ces décisions se cachent des pénuries de personnel. En effet, les métiers du soin en général peinent à recruter, à former et à fidéliser. Aujourd’hui, la blouse blanche fait moins rêver qu’autrefois. « Il y a des primes discrétionnaires qui existent. A chaque fois qu’on les demande, on nous répond non, pointe Alexandre Charly. Après, que l’on ne vienne pas nous dire que tout est fait pour fidéliser ou attirer le personnel ». Du côté du CHU, on estime que cette organisation est une évolution logique pour palier le déficit de candidatures, et qu’elle permettra davantage de cohésion au sein d’un service, puis de décharger les équipes de soins du volet administratif. La direction indique que cette organisation entrera en vigueur dès ce jeudi 1er juin.
« L’encadrement de nuit sera déchargé de l’administratif »
Contactée par la rédaction, la direction nous a transmis cette réponse :
« L’effectif historique de cadres de nuit est de 9 équivalents temps plein au CHUSE. Les difficultés de recrutement sur ce type de poste de nuit conduisent à devoir prendre acte d’une organisation à 6 comme cela est désormais fréquemment le cas depuis plusieurs mois. Cette nouvelle organisation entrera en vigueur à compter du 1er juin et sera déployée progressivement dans l’ensemble des services au cours des prochains mois. Dans ce cadre, la gestion des plannings, hors remplacements de dernière minute, sera assurée par les cadres de jour comme cela est le cas dans la quasi-totalité des établissements. Cette nouvelle organisation permettra d’une part de mettre en place une gestion uniforme entre les équipes de jour et de nuit d’un même service, et d’autre part de recentrer l’encadrement de nuit sur l’accompagnement auprès des équipes de soins en les déchargeant de ces tâches administratives. Cette évolution a fait l’objet de plusieurs réunions avec les organisations syndicales, ainsi que de deux présentations en comité social d’établissement. Les équipes de nuit sont par ailleurs collectivement rencontrées par la direction des soins afin de répondre à leurs éventuelles questions. »