Jacques Fayolle : « Je crois à la proximité naturelle entre le monde économique et celui de l’enseignement supérieur »
Il a été choisi parmi une quarantaine de candidats pour prendre la direction de Mines Saint-Etienne à partir du 1er mai. Jacques Fayolle, le futur ex-directeur de Télécom Saint-Etienne, nous explique les enjeux de ce nouveau mandat à la tête de l’école dirigée par Pascal Ray de 2014 à 2021.
Pourriez-vous nous retracer votre parcours professionnel en quelques mots ?
« Je viens du monde des mathématiques. La proximité qui s’est accrue entre l’informatique et les maths ont fait que je suis passé à des sujets tels que l’intelligence artificielle et la gestion des données. J’ai soutenu une thèse en 1996 à l’université Jean Monnet de Saint-Etienne et j’ai été embauché dans la foulée en tant que maître de conférences dans un établissement qui s’appelait à l’époque l’IUP Télécom. Ce dernier est transformé en filière ingénieur en 1999 et délivre l’un des trois diplômes d’ingénieur de l’ISTASE qui deviendra Télécom Saint-Etienne en 2008. Pour ma part, le point de bascule important de ma vie professionnelle se situe en 2001 lorsque l’Etat lance une initiative pour impulser la formation à distance. Cet appel à projets s’appelait « campus numérique » et on m’a confié la responsabilité de développer un campus numérique au sein de l’ISTASE. Ce projet a fait basculer ma carrière d’enseignant-chercheur « classique » vers des questions de la gestion de projets innovants de grande ampleur, intégrant la formation, l’innovation et les interactions avec le monde socio-économique dont les entreprises. J’ai pris la direction adjointe de ISTASE en 2003, reconduit en 2008, puis j’ai eu la chance de vivre deux mandats de directeurs de 2012 à 2022. Parallèlement, je suis président du CDEFI, la Conférence des Directeurs des Écoles Françaises d’Ingénieurs depuis 2019, après avoir goûté par deux fois à la présidence par intérim de cette organisation. »
On peut prendre tous les indicateurs entre Télécom et Mines, et sur chacun on trouvera un facteur cinq
A quoi correspond pour vous ce passage à la direction de Mines Saint-Etienne ?
« C’est d’abord une très belle école. Ensuite, plusieurs sujets m’ont motivé pour postuler. C’est d’abord un nouveau challenge pour moi. On peut prendre tous les indicateurs entre Télécom et Mines, et sur chacun on trouvera un facteur cinq en matière de taille, d’attractivité, de budget… Ensuite, Mines Saint-Etienne est une école de l’Institut Mines Télécom et donc sous la tutelle du ministère de l’Economie et de l’Industrie. Je crois fondamentalement en la proximité naturelle entre le monde économique et le monde de l’enseignement supérieur. C’est consubstantiel aux écoles d’ingénieurs de travailler main dans la main avec les entreprises. Chez Mines, il y a de nombreux leviers de développement sur la manière de travailler avec les entreprises. On voit des stratégies à propos de l’industrie du futur et de la santé du futur sur lesquelles Mines Saint-Etienne a des choses à dire. On se retrouve avec une école à l’origine des connaissances mais également partie prenante de tout l’écosystème, y compris du système économique. C’est presque la raison principale qui m’a amené à candidater. Enfin, je suis également attaché au territoire stéphanois. Je suis né ici et je crois que c’est une ville et une métropole dans lesquelles on peut faire beaucoup de choses. Qui a une taille suffisamment grande pour être attractive et déployer des projets de grande ampleur mais suffisamment petite pour que l’écosystème soit simple. On voit un soutien fort des collectivités territoriales pour les écoles et cela fonctionne plutôt bien. »
Quels vont être les objectifs et projets que vous allez mener ?
« Je ne vais pas vous répondre sur ce point. Evidemment, j’ai des projets et des idées. Par contre, il y a quelque chose d’important selon moi c’est que lorsqu’un nouveau directeur arrive, il doit d’abord s’inscrire dans la trajectoire engagée et la soutenir. Un directeur seul ne peut rien faire. Bien entendu, j’impulserai mes idées et ma vision. Mais je crois au fait qu’il faut être d’abord à l’écoute des personnels, des étudiants, des parties prenantes, les partenaires… Je ne voudrais pas que toutes ces personnes apprennent par la presse ce que leur nouveau directeur a envie de faire de leur école. Je les verrai donc en premiers. Mais ce que l’on peut dire à ce stade, sans beaucoup de surprise, les compétences fortes de Mines sur l’industrie du futur et la santé du futur sont des points sur lesquels nous continuerons d’accentuer le travail. Quand on dit « futur », évidemment le poids des technologies et du numérique est assez fort. La preuve avec le fait que 60 à 70 % des élèves suivent leur majeure autour de l’intelligence artificielle. Cela confirme leur importance, notamment sur le campus de Gardanne qui est davantage spécialisé sur les technologies liées à Internet. L’autre aspect important pour moi est le fait que Mines Saint-Etienne soit présent dans deux régions, Auvergne-Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d’Azur. C’est une école qui maille le territoire et doit assumer ce rôle d’être la représentation de l’Institut Mines Télécom dans ces deux régions en pilotant ce grand quart sud-est. Il faut qu’on le revendique, avec deux régions économiquement fortes et de beaux partenariats liés avec de nombreuses structures européennes et méditerranéennes. »
On ne quitte pas une école où on a passé 22 ans de sa carrière sans une petite pincée au cœur.
Que garderez-vous de votre parcours chez Télécom Saint-Etienne, l’école que vous allez quitter et dans laquelle vous avez passé de nombreuses années ?
« On ne quitte pas une école où on a passé 22 ans de sa carrière sans une petite pincée au cœur. On y a passé de longues heures de travail et donné beaucoup d’énergie. J’ai eu la chance d’œuvrer avec de très bonnes équipes. J’ai clairement le sentiment du devoir accompli. Quand je regarde mes deux mandats de direction à Télécom Saint-Etienne, l’évolution entre mon arrivée et mon départ est avec un facteur deux sur tous les points. On a doublé les effectifs, le budget… notre rang au classement de l’Etudiant qui fait référence pour les écoles d’ingénieurs dans le périmètre français, nous sommes passés des places entre 80/90 à la 54e place. J’ai une certaine fierté à avoir réussi à accomplir tout cela. Concernant ma succession, il reste quatre candidats en lice, tous des hommes, deux internes et deux externes. L’élection du conseil d’école aura lieu le 5 mai et désignera le nom de celui qui prendra la suite. »