La SPA Saint-Etienne Loire a désespérément besoin d’un nouveau site
Et la fourrière municipale stéphanoise ainsi que l’association Amis Chats avec. La Société protectrice des animaux (SPA) Saint-Etienne Loire partage avec elles, rue Florent-Evrard à Saint-Etienne, un site municipal qu’elle occupe depuis des décennies. Mis à disposition gratuite, les lieux, plus que vétustes se dégradent à vue d’œil. Au grand dam du président de la SPA qui alerte depuis des années sur la situation. Interrogée, la mairie annonce que les choses devraient enfin bouger.
Selon Pierre Porterat, le président de la SPA Saint-Etienne Loire, leur dernier passage date d’il y a quelques mois. Ce n’est pas la première fois que la Direction départementale de la protection des populations (DDPP), service d’Etat, chargé entre autres, de la protection et de la santé des animaux signale à la Ville que le site de la rue Florent-Evrard n’est pas conforme. « Sur la vétusté ou encore le problème d’évacuation des fluides au sol, pointe Pierre Porterat. J’en viens à craindre pour la sécurité de nos employés et des visiteurs. Absolument tout est à refaire. » Et au-delà des normes, du plus urgent, il y a aussi une problématique de confort des animaux mais aussi des salariés ainsi que du public : « Notre parking commun est minuscule. Or, les gens viennent ici pour abandonner ou adopter. Nous suggérons aux gens, avec une pancarte, de tenter leur chance vers le crématorium voisin et ce dernier fait de même avec nous. Et ce n’est pas l’arrivée du centre culturel turc à proximité qui va arranger cette problématique commune. »
Portes et grilles rouillées, moisissures, toiture percée, boxs en béton qui s’effritent et vétusté générale : nous ne ferons pas toute la liste. Une visite rapide des lieux suffit à comprendre. Ces locaux sont plus qu’à bout, ils partent littéralement en miettes. « La difficulté est commune avec la fourrière municipale et Amis chats. Nous travaillons beaucoup ensemble et partageons logiquement le même site », précise Pierre Porterat, à la tête de l’association depuis 10 ans. Fondée en 1910, la SPA Loire Saint-Etienne appartient à une confédération de 280 sociétés implantées, comme elles, dans les départements (dans la Loire, il y en a une seconde pour le Roannais). Elle est installée rue Florent-Evrard depuis des décennies. Même si elle travaille à l’échelle des deux tiers sud du département et est reconnue d’utilité publique, la SPA Loire ne peut compter que sur la Ville de Saint-Etienne comme soutien de la puissance publique.
La SPA débordée par les abandons
Si une subvention municipale lui est accordée, certes modeste au regard du volume d’activité (3 400 € en 2022), ce soutien se traduit essentiellement par la mise à disposition gratuite du site et des locaux. Ce qui n’est pas rien. Reste que l’essentiel du budget annuel – 420 000 € – est d’abord assuré par les legs, ensuite par une participation aux frais d’adoption des chats et des chiens (200 à 320 € selon le profil ; tous soignés et la plupart stérilisés) sinon des dons ponctuels. La SPA Loire compte sept salariés avec une présence sur les lieux 7j/7, mettant même la main à la pâte pour aider la fourrière le week-end via une convention avec la Ville. Mais aussi environ 80 bénévoles dont une vingtaine très actifs comme Pierre Porterat. Ils permettent par exemple aux animaux recueillis de sortir de leurs boxs, d’effectuer une promenade et leur donnent de l’affection. Actuellement, une centaine de chiens, placés dans une quarantaine de boxs, et chats de la SPA peuple les lieux. Ou plutôt surpeuple.
Inadaptés, les locaux le sont en effet chaque semaine un peu plus : l’association est débordée par les flux d’arrivée loin d’être compensés par des adoptions qui au contraire sont, elles, en baisse. Chiens et chats sont placés ici par les fourrières municipales de Saint-Etienne donc quand c’est possible mais aussi de Firminy ou encore celles privée de Saint-Etienne-le-Molard. Parfois aussi par la Justice pour les cas de maltraitance, d’ailleurs en hausse. « Mais ce sont les abandons volontaires qui explosent le plus. Ils sont en augmentation de 15 % si on compare les bilans faits de mai 2021 et mai 2022, assure Pierre Porterat. Il y a les personnes âgées décédées ou qui ne peuvent plus s’occuper de leur animal mais aussi les abandons anonymes : il est courant que l’on nous pose sans rien dire une caisse pleine de chatons à l’entrée. Et pour ceux qui se présentent en bonne et due forme, la liste d’attente ne cesse de gonfler. »
L’idée d’une fourrière intercommunale abandonnée
Pour Pierre Porterat, la proportion de gens qui prennent un animal à la légère, sans réfléchir au coût que cela incombe aussi bien en argent – pour les nourrir, les soigner – qu’en temps augmente aussi. Bref, « on fait tout pour maintenir propres comme on peut, pour tenir chaque jour qui passe. Mais il faut que l’on change de lieu, ce n’est plus possible. J’en ai déjà beaucoup parlé par le passé et encore avec la municipalité lors du précédent mandat. Il y a eu des échanges et d’autres encore depuis 2020. Mais en vain : on me parle d’études, d’effectuer un investissement à l’échelle de la métropole mais ça ne bouge pas. Nous ne « réclamons » pas pour nous mais pour ces animaux qui n’ont rien demandé. On ne veut pas qu’un jour, à la place de les garder, ils soient euthanasiés faute de possibilité d’accueil. » Pierre Porterat dit avoir adressé des courriers au Département et à la Métropole, comme des appels au secours.
On ne veut pas qu’un jour, à la place de les garder, les animaux soient euthanasiés faute de possibilité d’accueil.
Pierre Porterat, président de la SPA Saint-Etienne Loire
Soulignant qu’elles ont rejoint la majorité municipale sur ce mandat en cours, Nicole Peycelon adjointe en charge de la tranquillité publique et de la propreté et Véronique Falzone, conseillère municipale déléguée aux actions sur le bien-être animal disent avoir tout à fait conscience de la situation et se rendre régulièrement sur le terrain. « J’ai bien sûr visité le site et pris le temps de mesurer les choses et il est évident qu’il en faut un nouveau. Car ce n’est pas possible pour la SPA comme la fourrière et Amis chats de rester ici et de tout refaire sur place, constate Nicole Peycelon. Le dossier a pris du retard dans la mesure où sous le précédent mandat, il avait été mis sur la table l’idée d’une fourrière métropolitaine ou, au moins, d’échelle intercommunale. Idée qui n’a jamais pu aboutir… »
Un terrain probablement trouvé
Il y a, ensuite eu le Covid qui, comme nombre de projets d’investissement, a retardé la prise en main et l’avancée du dossier. Néanmoins, « j’ai fait inscrire fin 2021 un crédit d’études pour déménager sur un terrain pas très loin, explique Nicole Peycelon. Malheureusement, les études ont montré que ce n’était pas possible ici : trop proche des habitations. Cela a été une grosse déception. Cependant, plus récemment, nous avons peut-être trouvé un lieu d’implantation plus idéal ». Il est à confirmer, aussi l’adjointe se gardera bien de dire où. Elle espère parvenir à concrétiser cet investissement qui n’est pour l’instant pas inscrit dans le Plan pluriannuel d’investissement (PPI) d’ici la fin du mandat. En attendant, des « travaux d’urgence » seront effectués sur le site existant dès cette année pour quelques dizaines de milliers d’euros, annonce la mairie.
D’autant que comme Pierre Porterat, l’élue municipale Véronique Falzone constate des besoins nouveaux et croissants sur la défense du bien être animal. « Par exemple, les stérilisations de chats ont été interrompues ou réduites avec le Covid amenant une surpopulation féline. On constate aussi la multiplication d’élevages clandestins de chiens, des gens qui prennent des Malinois comme ça sans se rendre compte de ce que ça implique et les abandonnent ensuite. Ces nouvelles problématiques s’ajoutent à la vétusté pour justifier des lieux plus adaptés. » Alors, sans pour autant « renvoyer la balle aux autres », même si tout le monde veut bien d’une SPA, d’une fourrière qui récupère des animaux de commune voisines, mais pas la financer, la municipalité dit qu’elle assumera.
Les fourrières étant financées par nos impôts, où est passé l’argent pour leur fonctionnement ?
Est-ce que les associations sont bien au courant des aides possibles ?
https://agriculture.gouv.fr/francerelance-lancement-des-mesures-de-soutien-pour-lutter-contre-labandon-des-animaux-de-compagnie
Bonsoir. La problématique concerne la vétusté d’un vaste site partagé par la fourrière municipale et deux associations : Amis Chats et la SPA. C’est cette dernière que nous avons visitée, qui occupe le plus de place et qui alerte sur des locaux mis à disposition gratuitement par la Ville de St Etienne. Mais il n’est pas question ici de problèmes sur le budget de fonctionnement (il y en a peut-être d’ailleurs), davantage d’investissement que la Ville aurait aimé voir pris en charge à échelle intercommunale au regard d’une activité qui dépasse son territoire.