Le CHU de Saint-Etienne à la pointe de la recherche de vaccin contre le cytomégalovirus
Le CHU de Saint-Etienne participe à l’essai clinique vaccinal CMVictory contre le cytomégalovirus dont l’infection est particulièrement dangereuse lors d’une grossesse, pouvant entraîner des séquelles pour le bébé. Nous avons parlé de l’objet de cette recherche et de cette étude en phase 3 avec le Pr. Elisabeth Botelho-Nevers, infectiologue au CHU stéphanois alors que l’établissement recherche des volontaires pour participer à cet essai.
Qu’est le cytomégalovirus ?
C’est un virus assez commun qui se transmet d’être humain à être humain. Il fait partie de ces virus, très fréquents chez les enfants, qui ne donnera pas de signe clinique mais chez les femmes enceintes et personnes immunodéprimées va pouvoir être très ennuyeux. Au cours de la grossesse, le cytomégalovirus peut provoquer des anomalies du développement fœtal, des interruptions de grossesse ou bien la naissance d’enfants avec une surdité ou des anomalies du développement neurologique. On est à la fois sur un virus très fréquent, qui peut aussi voir des réinfections avec parfois des conséquences. A ce jour, il n’existe pas de moyens de prévention autres que les mesures d’hygiène, c’est pourquoi on dit souvent aux femmes enceintes de faire attention quand elles sont au contact avec les jeunes enfants quand ils sont malades, se mouchent, etc. A part le lavage des mains et éviter les bisous, il n’existe pas vraiment de moyens de prévention. Cela fait un moment que l’on attend le développement d’un vaccin contre le cytomégalovirus. Moderna arrive avec un vaccin en phase 3, c’est-à-dire que des milliers de volontaires vont participer à travers le monde. Le CHU de Saint-Etienne va participer et nous allons chercher à démontrer que le vaccin est capable de générer des anticorps efficaces, mais aussi assurer la sécurité des vaccinés. Nous sommes contents de tester ce vaccin car il existait un vide. Reste à démontrer si ce sera ce vaccin qui sera le plus efficace contre ce virus.
Aujourd’hui, c’est le vaccin de Moderna le plus abouti contre le cytomégalovirus ?
Oui, concernant le cytomégalovirus, c’est le vaccin le plus avancé.
Nous sommes contents de tester ce vaccin car il existait un vide. Reste à démontrer si ce sera ce vaccin qui sera le plus efficace contre ce virus.
Pr. Elisabeth Botelho-Nevers, infectiologue au CHU stéphanois
En France, combien de services d’infectiologie vont travailler sur cette phase 3 ?
A ce stade-là, tous les centres n’ont pas encore ouvert en France mais globalement il y aura moins de cinq centres qui vont ouvrir. Nous sommes le deuxième après le centre coordinateur qui est Limoges. En pratique, nous serons un des quelques centres à participer à cette étude. A Saint-Etienne, nous avons la particularité de faire des recherches sur les vaccins depuis plusieurs années. Nous sommes donc organisés de telle sorte de pouvoir mener ce type d’étude.
Aujourd’hui, combien de femmes volontaires recherchez-vous et quels critères doivent-elles remplir pour participer à cet essai ?
Nous recherchons de nombreuses femmes volontaires dans le sens où, à ce stade-là, nous allons pouvoir inclure les femmes séronégatives pour le cytomégalovirus. Cela induit qu’elles n’ont pas d’anticorps contre le cytomégalovirus. Au niveau mondial, il y avait deux cohortes : une où l’on pouvait inclure des femmes séropositives au cytomégalovirus pour voir si le vaccin réduit les réinfections et une où l’on inclut des femmes séronégatives. Sur l’étude que nous menons, nous ne vaccinerons que les séronégatives. Nous visons un nombre de 60 femmes à suivre, donc il nous faudrait 200 volontaires a minima pour arriver à ce panel. Car il faudra leur faire passer les tests préalables permettant de déterminer si elles sont séronégatives ou séropositives. Nous recherchons des femmes entre 18 et 40 ans, qu’elle soit en capacité de procréer mais n’aient pas un projet de grossesse dans l’immédiat, même si cela arrive pendant l’étude ne changera rien sur les résultats, et qu’elles soient en contact régulier avec de jeunes enfants. Dans le monde, on dénombre plus de 2 500 femmes qui ont été incluses dans cette étude et pour valider l’étude il faudra atteindre 6 000 femmes.
Dans le monde, on dénombre plus de 2 500 femmes qui ont été inclues dans cette étude et pour valider l’étude il faudra atteindre 6 000 femmes.
Combien de temps va durer le suivi ? Et en quoi va-t-il consister ?
Le suivi va durer 30 mois en tout avec 14 visites physiques ainsi que des liens téléphoniques. Il faut être honnête, comme toute participation à de la recherche clinique, cela inclut un investissement personnel en temps, c’est la raison pour laquelle il y a un dédommagement prévu pour les jeunes femmes qui participent.
Continuez-vous à travailler sur les vaccins de la Covid ?
Oui, ce n’est pas terminé. Nous avons encore des études qui sont menées. Nous avons également régulièrement d’autres études à mener sur différents vaccins. Cela fait partie de notre savoir-faire.
Quand pouvons-nous espérer la sortie du vaccin contre le cytomégalovirus ?
Ca va aller relativement vite mais nous n’aurons pas l’ensemble des résultats de notre étude avant trois ans. Nous ne sommes pas dans l’urgence qu’on a pu connaître avec le vaccin contre la Covid. Il faut comprendre que les études prennent plus de temps que pour le Covid, car pour ce dernier il y avait ce que l’on appelle la « rolling review », comme un « ping-pong » permanant entre le laboratoire qui émettait des résultats de recherche et les agences qui les analysaient. Ici, ce n’est pas la même temporalité.
Pour participer à cette étude clinique au CHU de Saint-Etienne ou en savoir davantage, vous pouvez vous rendre sur cette page