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samedi 14 décembre 2024
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Ligne TER Saint-Etienne / Clermont : 1 000 bougies pour faire entendre leurs voix

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Alors que les conclusions définitives d’une étude d’opportunité commandée par la Région doivent arriver à quai en février, l’association Le Train 634269 organise samedi une mobilisation dans les gares de Thiers, Boën et Noirétable. Un total de 1 000 bougies y sera disposé afin de symboliquement dessiner des flèches mettant en lumière son combat : la réouverture des 48 km fermés depuis 2016 entre Boën et Thiers sur la ligne TER Saint-Etienne / Clermont.

Cliché pris depuis la gare de Boën direction Clermont. Photo transmise par Le Train 634269

« Le sujet, ce n’est pas Boën / Thiers, le sujet c’est la liaison Saint-Etienne / Clermont. » Pierre-Olivier Messner tient à le (re) mettre en évidence : pour lui, un million de personnes sont concernés. Pas seulement les 11 000 Foréziens habitant à proximité de la portion de 48 km fermée depuis bientôt 7 ans entre la petite ville forézienne de Boën et celle de Thiers aux portes du Puy-de-Dôme. Le co-président de l’association Le Train 634269 a dans le collimateur les premiers retours de l’étude commandée l’été dernier par la Région Auvergne-Rhône-Alpes à SNCF Réseaux, « certes partiels », souligne-t-il. Mais aux yeux de l’association, la première synthèse chiffrée du sous-traitant de cette étude, la Cerema*, rendue en septembre et que nous avons pu consulter prépare le terrain : celui d’un scenario déjà écrit qui, fatalement, présentera le projet comme trop coûteux au regard des bénéfices potentiels de fréquentation.

« Tout ce travail, toutes ces pages pour nous dire qu’il n’y a pas une grande densité d’habitat entre Boën et Thiers ou encore que cette zone ne polarise pas beaucoup d’emplois, ni même du tourisme alors que c’est le contraire à Clermont-Ferrand, Saint-Etienne et leurs périphéries… Ok, merci, on le sait et ce n’est pas le sujet !, tacle Pierre-Olivier Messner. C’est clairement orienté : la vérité, c’est que personne, qu’il s’agisse de la Région (dont les TER relèvent da sa compétence, Ndlr), de l’Etat ou de SCNF réseau, n’a envie de rouvrir cette ligne. Et ça, ça les réunit. On peut d’ailleurs trouver étonnant qu’une étude annoncée comme indépendante, soit commandée à l’Etat alors que finalement c’est l’Etat (dans la mesure où il est actionnaire à 100 % de la SA qu’est la SNCF, Ndlr) qui a décidé de fermer ! Il faut avoir conscience que Clermont-Ferrand et Saint-Etienne sont les deux seules grandes agglomérations voisines françaises – peut-être même européennes – privées d’une liaison ferroviaire directe ! C’est dingue, ça quand même ! »

30 collectivités locales soutiendraient la démarche

Pas vraiment le meilleur exemple d’une politique volontariste en faveur d’une mobilité durable pourtant sur toutes les lèvres, note encore le militant du rail. Cela fait bientôt 7 ans, un septennat que la SNCF a « suspendu », c’est-à-dire mis hors service cette portion entre Boën et Thiers, en raison de la vétusté de ces 48 km d’infrastructure. De 2016 à 2018, c’était même davantage puisque la fermeture allait jusqu’à Montbrison. Sur ces 18,4 km là, le trafic avait pu être rétabli en 2018 pour la coquette somme de 8,3 M€ en grande partie financée par la Région mais aussi – ce n’est pourtant pas de leurs compétences – le Département et Loire Forez. Reste que la situation passée et actuelle est le résultat d’une gabegie, d’un manque délibéré d’investissements sur l’entretien de la ligne qui remonte à très loin pour Le Train 634269. L’association dit compter une centaine de membres dont une quinzaine très actifs et affiche le soutien de 25 municipalités de la Loire et du Puy-de-Dôme. Mais aussi de Clermont Auvergne Métropole, des Départements du Puy-de-Dôme et de la Loire des communautés de communes Pays d’Urfé, Dore et Allier et Thiers Dore Montagne.

Ouvrage d’art colonisé par la végétation sur la portion fermée. Photo transmise par Le Train 634269

Pas de Saint-Etienne Métropole dont la majorité, selon l’association, a refusé que soit voté le vœu de réouverture présenté au début du mandat par les écologistes. L’association Le Train 634269 créée officiellement début 2022 à pour genèse un collectif très actif qui a mené de nombreuses actions de mobilisation ces dernières années, en particulier début 2021, le contexte de la campagne des élections régionales attirant la présence de plusieurs formations politiques penchant largement à gauche. « Nous sommes apolitiques, la politique, ce n’est sûrement pas ce qui nous intéresse, assure cependant Pierre-Olivier Messner. Mais forcément, les élus de droite, on les voit moins, en général, à nos manifestations ou se prononcer clairement pour la réouverture. Ils doivent faire attention de ne pas rentrer en contradiction avec ce que pourrait décider l’exécutif régional de Laurent Wauquiez. » Justement, qu’en dit ce dernier ?

Un coût passé de 50 M€ à plus de 100 M€ en 7 ans

Contacté afin d’obtenir son point de vue et le confronter aux arguments de l’association, l’exécutif de la Région Auvergne-Rhône-Alpes n’a pas souhaité nous accorder un entretien à ce sujet, souhaitant attendre le rendu complet de l’étude, attendu pour ce mois de février. « La Région a financé une étude dont elle attend la restitution complète prévue ce début d’année pour pouvoir étudier le devenir de ligne, dans le cadre du volet infrastructures du Contrat de Plan Etat Région en cours de discussion avec l’Etat et SNCF Réseau, à qui appartient le financement des infrastructures ferroviaires », nous a exactement répondu son service presse. Combien pourrait coûter le rétablissement de cette ligne ? « On nous évoque désormais une somme allant de 100 à 120 M€ », avance Pierre-Olivier Messner. Rails, ballastes, traverses, ouvrages d’art, signalisation, gares : tout est à refaire. « Sauf qu’en 2016, alors que la même étude actuelle venait déjà d’être réalisée peu par la Région, on ne dépassait alors pas les 50 M€ ! »

La voie n’a plus été suffisamment entretenue à partir des années 2000. Photo transmise par Le Train 634269

Au-delà de l’inflation, la note risque-t-elle d’être gonflée pour discréditer une réouverture selon l’association ? « Peut-être mais ce dont il faut avoir conscience, aussi, c’est que chaque jour qui passe, l’état de la portion fermée se dégrade un peu plus, rendant du coup un peu plus cher une remise en route : le métal rouille, la végétation envahit les voies, des arbres poussent sur les ouvrages d’art qui se fissurent. Ce n’est pas faute de le dire à la SNCF… » Selon Le Train 634269, il s’agit là d’une véritable « stratégie » de pourrissement. Quant au bienfondé de la réouverture en termes de fréquentation, c’est à ses yeux l’histoire de la poule et de l’œuf. « C’est à partir du milieu des années 2000 que, par manque de fonds consacré à l’entretien que l’état de la ligne est devenu tel que la qualité de la liaison s’est fortement dégradée. Forcément, en passant d’une durée optimum autrefois d’1 h 54 pour faire Saint-Etienne / Clermont tout en desservant des gares locales à, ensuite, plus de 2 h 40 pour seulement un aller/retour, à la veille de le fermeture, il y avait moins de monde motivé pour la prendre. »

« Un cas d’école »

Or, la Cerema utilise ses bases, dit l’association, pour mettre en évidence sur une période 1990/2018 le peu de potentiel d’une ligne complète. « Si on prend prétexte des zones peu denses pour ne pas relier les métropoles, on peut supprimer dès maintenant de nombreuses lignes, à commencer par Vichy / Roanne ! », ajoute encore Pierre-Olivier Messner. Actuellement, les 48 km manquants sont plus ou moins comblés par un service de cars, avec ses couacs, ses limites et forcément inadaptés aux déplacements pendulaires. L’association estime que c’est une question d’aménagement du territoire, et que vis-à-vis de cette logique les territoires ruraux moins denses traversés n’ont pas à être mis de côté. D’autre part, les liens sociaux, économiques, universitaires aussi, entre les deux grandes agglomérations que sont Clermont justifient pour elle à eux seuls une liaison ferroviaire continue.

Si on prend prétexte des zones peu denses pour ne pas relier les métropoles, on peut supprimer dès maintenant de nombreuses lignes, à commencer par Vichy / Roanne !

Pierre-Olivier Messner, co-président de Le Train 634269
L’association n’en est pas à sa première mobilisation comme ici, alors encore collectif, en mars dernier. Photo transmise par Le Train 634269

« C’est ahurissant que ce ne soit pas une priorité. Les externalités ne sont même pas prises en compte dans le rendu de la Cerema. Or, 24 000 véhicules circulent par jour sur l’autoroute entre Clermont-Ferrand / Saint-Etienne, relève Pierre-Olivier Messner. On est dans le cas d’école, le schéma aveugle du massacre des petites lignes pour le seul TGV obsessionnel, pour une boucle économique actuelle qui tourne comme ça et qu’il convient de continuer à faire tourner comme ça le plus longtemps possible sans prendre en compte de manière fine tout ce qu’elles pourraient rapporter. A commencer par un voyage confortable d’1 h 50 alimentant au passage de petites communes contre 1 h 40 de bagnole. Nous souhaitons une vraie prise en main pour aboutir à 8 allers/retours quotidiens continus entre les deux métropoles, de 6 h à 22 h, avec un cadencement adapté. » Dans le bagage argumentaire de l’association encore qui compte parmi ses membres, ces comparaisons avec « des situations contextuelles très analogues » en Italie ou encore en Allemagne où les investissements pour rouvrir des portions fermées ont été payantes.

Pour faire entendre sa voix, Le Train 634269 essaie de médiatiser le plus possible le dossier, d’ailleurs objet d’un reportage de nos confrères du 13 h de TF1 en mai dernier en attendant la diffusion d’un reportage au sein d’un magazine de France télévisions. Ce samedi 28 janvier, ce sera plus local mais plutôt original : une mobilisation dans les gares de Thiers (18 h), Boën (18 h) et Noirétable (19 h 30). Un total de 1 000 bougies sera disposé dans ces gares afin de symboliquement dessiner des flèches montrant la direction que les trains devraient prendre mettant en lumière son combat 

*Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement, organisme national sous tutelle ministérielle.  

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    1 commentaire

    Bonjour,
    Je vous remercie de mener ce combat. La réouverture de cette ligne me faciliterait grandement la vie. Je polluerais moins la planète en ne faisant plus ce trajet en voiture tous les jours, de plus en hiver la route a thiers est très peu praticable et dangereuse ! Aussi ça m’apporterait plus de confort…nous voulons la réouverture de cette ligne!

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