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Nucléaire : le recrutement énergique de l’Irup et de l’ISTP

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40 % ! A eux deux, l’Irup (techniciens) et l’ISTP (ingénieurs) assurent fournir 40 % des besoins français dans les métiers auxquels ils forment – entre autres – autour de la maintenance, du génie civil et du génie nucléaire. Les deux établissements stéphanois voient repartir à la hausse leur recrutement dans cette filière et annoncent avoir la capacité d’en accueillir plus encore, projet d’extension à l’appui.

Vue sur les vastes locaux de la rue Copernic. ©If Média/Xavier Alix

Il est déjà loin le climat imposé par Fukushima. La revanche de l’atome, titrait à la une, nos confrères de L’Express le 30 août, 11 ans et demi après l’accident. EDF a beau être un géant bien malade, le nucléaire français empêtré dans des problématiques de maintenance (la moitié des 56 tranches des 18 centrales sont à l’arrêt) à ne plus en finir, réduisant de manière historique sa production, quelle que soit l’opinion sur un sujet ô combien épineux, le contexte international et ses conséquences sur l’énergie ont de facto remis le nucléaire à l’agenda de la France et de nombreux autres pays. Et ce n’est pas sans conséquences, spécifiques, pour Saint-Etienne.

Contexte qui n’échappe bien sûr pas à Cyril Faure, directeur général de l’ISTP et l’Irup : « Le nucléaire est une énergie qui s’impose à nouveau et dont l’intérêt a été officiellement posé par les annonces politiques. La dynamique a changé par rapport à il y a quelques années : la filière est désormais considérée d’avenir par rapport au réchauffement climatique, aux questions de souveraineté.» La plupart des Stéphanois n’ont sans doute pas conscience qu’une très grande partie des techniciens et ingénieurs travaillant dans le nucléaire français – 220 000 professionnels pour environ 3 200 entreprises, à 85 % TPE/PME – se forme dans leur ville. A eux deux, les établissements ISTP et Irup, répartis sur deux campus totalisant 12 000 m2 avec pour centre névralgique la rue Copernic à Saint-Etienne se présentent comme « le plus grand pôle de formation en alternance dans le nucléaire en France ».

Sous la bannière NIT

Ils ont tenu à le rappeler en communiquant auprès des médias locaux. Travailler dans le nucléaire, ce n’est pas que produire de l’énergie, intervenir sur le « cycle du combustible » qu’est l’uranium, c’est aussi entretenir un parc qui réclame au-delà d’une maintenance à haute technicité du fait du danger et donc de la sécurisation qu’il exige, des compétences au service de son développement et de son innovation. Depuis 1997, l’Irup pour les techniciens avant l’ISTP pour les ingénieurs via un diplôme délivré par Mines Saint-Etienne en convention avec l’INSTN, ont eu le temps de se forger une culture. Et une réputation, aussi, auprès des entreprises qui signent avec eux : à 80 % des prestataires quand il s’agit des techniciens (le reste travaillant chez EDF) et 40 % pour les ingénieurs (la majorité travaillant pour EDF).

Cyril Faure, DG de l’Irup et de l’ISTP. ©If Média/Xavier Alix

Sur plus de 400 nouveaux élèves accueillis à la rentrée dernière au sein des deux établissements, près de 50 % – 136 techniciens et 66 ingénieurs – ont opté pour les formations des deux établissements consacrées aux activités nucléaires. Elles ont d’ailleurs été placées sous la bannière d’une marque : Nuclear institute of technology (NIT). 150 entreprises en sont partenaires dont les grands donneurs d’ordre (et financeurs, comme les PME aussi, via la taxe professionnelle) que sont EDF, Orano, Framatome ou encore le CEA. Elles trouvent dans NIT des futurs « intervenants techniques en environnement nucléaire », « techniciens de maintenance spécialisés sur site nucléaire », « chargés de maintenance en environnement nucléaire » (avec option possible génie civil), « responsables d’activités en environnement nucléaire » (avec option possible génie civil), « ingénieurs spécialisés en génie nucléaire ».

Une nouvelle implantation en projet sur Saint-Etienne

NIT fournit « ainsi 40 % des besoins de main d’œuvre françaises dans ces métiers-là », soulignent Alexandra Vincent et Younes El Marzouk, respectivement responsables des filières nucléaires de l’ISTP et de l’IRUP. 221 « mariages » entre alternants et entreprises ont été réalisés en 2022.  Ils devraient y en avoir de plus en plus puisque le recrutement de l’Irup et de l’ISTP en ce qui concerne le nucléaire sont en hausse respectives de 50 % et 25 %, note Cyril Faure. Malgré à un niveau d’exigence pour y accéder (y compris vis-à-vis d’un casier judiciaire exigé vierge). Pourtant, « on n’arrive même pas à répondre à tous les besoins, ajoute le directeur général. Oui, il y a eu un vrai retournement par rapport à il y a 2 ans et ça va continuer. Mais nos formations n’ont jamais été menacées pour autant : nous sommes compétitifs et il y aurait eu des besoins de personnels qualifiés pour l’entretien de l’existant, ou même un long démantèlement partiel ».

Nous pouvons encore accueillir 50 % d’élèves en plus et travaillons sur un nouveau site d’accueil de 4 000 à 5 000 m2.

Cyril Faure, DG de l’Irup et ISTP
Younes El Marzouk faisant visiter la chantier école. ©If Média/Xavier Alix

Reste qu’au niveau nucléaire, l’ambiance est bien aux projets et développement : collaborations avec les entreprises, numérisation et nouvelles filières, comme la robotisation qui pourrait faire l’objet d’une formation spécifique à terme. Quant aux effectifs, « nous pouvons encore accueillir 50 % de plus mais il faudra, au-delà de réaménagements et optimisations, un nouveau site d’accueil de 4 000 à 5 000 m2. Nous espérons l’ouvrir d’ici 2-3 ans. On y travaille ». Il faudra embaucher aussi : selon les plans, 8 permanents chez les enseignants et une vingtaine d’intervenants. ISTP et Irup cumulent actuellement 135 collaborateurs et environ 350 intervenants associés. Les enseignants témoignent tous d’une expérience professionnelle, de terrain.

Des mises en situation physiques et désormais… virtuelles

A ces chantiers de simulation physique, s’ajoute désormais un monde virtuel développé, en interne, pour renforcer la confrontation au réel.

A l’image de Younes El Marzouk qui nous a fait visiter l’un des deux chantiers écoles agréés par EDF simulant à taille réelle des ateliers d’une centrale (deux autres sont dédiés à la radio protection et aux savoirs communs du nucléaire). De quoi répéter, via une succession de pièces reproduisant la réalité, les gestes, les protocoles, jusqu’à l’habillage et le déshabillage des tenues de protection ou encore les situations de crise auxquels les futurs pros seront ou pourraient être confrontés. Une capacité en travaux pratiques qui vient d’être renforcée par une salle dotée de casques de réalité virtuelle. Le même parcours que ceux en dur, reproduits, donc, en virtuel pour intensifier la confrontation au réel et réalisé en interne par des étudiant de l’Irup bachelor Transformations numériques dans l’industrie. Atome ou pas, plus rien ne se perd.

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