Opéra de Saint-Etienne : la Fédération CGT Spectacle porte plainte contre Gaël Perdriau
L’organisation syndicale nationale a déposé plainte mardi au pénal, auprès du procureur de la République, contre le maire de Saint-Etienne. La Fédération CGT Spectacle reproche à Gaël Perdriau le recours systémique aux CDD au sein du chœur et de l’orchestre de l’Opéra municipal ainsi que du travail dissimulé sur leurs contrats.
« Notre action n’a pas été décrétée depuis Paris. Nous avons des remontées, des échanges depuis longtemps avec de nombreux membres du chœur sur leur situation à Saint-Etienne. » Il y a, aussi, sans doute surtout en fait, cet arrêt de la Cour de cassation il y a un peu plus d’un an, favorable à un ex-choriste de l’Opéra stéphanois, depuis reconverti. Une « requalification sanction » qui a valu 50 000 € de dommages et intérêts à la Ville de Saint-Etienne. La personne en question aurait enchaîné 18 ans de présence et 55 contrats en CDD avant de se retrouver privé de contrat, du jour au lendemain, selon la Fédération CGT Spectacle.
Pour Ghislain Gauthier, secrétaire général adjoint syndicat, « la décision a une valeur historique qui devrait faire jurisprudence parce qu’elle exprime pour la première fois que le fait de fonctionner avec des seuls CDD sur ces métiers n’est pas une généralité ». Ce sont des représentants nationaux de ce dernier qui étaient présents ce jeudi 28 avril pour une conférence de presse destinée aux médias locaux à la Bourse du travail. Juste avant, ils avaient réuni une trentaine de choristes sur les 85 travaillant régulièrement pour l’Opéra stéphanois que nous avons effectivement pu croiser (certains ne voulaient d’ailleurs pas voir leurs visages photographiés ou filmés) pour échanger sur leur démarche.
La situation n’est pas neuve mais « s’aggrave »
Même si elle est bien présente à travers sa branche SNAM, Syndicats d’artistes musiciens, la CGT Spectacle qui avait fait part de son initiative au syndicat FO n’est cependant pas en mesure d’indiquer sa représentativité locale au sein de l’ensemble des artistes en question. A l’échelle nationale, celle-ci s’élève cependant à 77 % au sein des métiers relevant de la Convention collective nationale des entreprises artistiques et culturelles (CCNEAC). C’est cette convention à laquelle appartiennent les 85 choristes travaillant en CDD, pour l’Opéra de Saint-Etienne selon un régime privé à la différence d’agents de la Ville permanents ou non au sein de l’institution, ainsi qu’un nombre quasiment équivalent d’artistes musiciens de l’orchestre, eux aussi concernés par la situation dénoncée par la CGT mais moins avancés dans la formulation de leurs revendications.
« La plupart des opéras de Villes en France emploie un minimum de CDI choristes ou musiciens. Ce n’est pas le cas à Saint-Etienne qui n’est cependant pas un cas isolé. » Et dont la situation n’est pas neuve non plus. « Ces pratiques existaient bien avant la majorité actuelle. Cependant, il y a quelques années, le nombre de choristes passant des auditions régulières pour obtenir un CDD à l’Opéra de Saint-Etienne était de 55 chez les choristes, pas 85, augmentant leur risque, leur précarité. Bien sûr, tous les artistes n’ont pas envie de passer en CDI. Et les besoins varient selon les spectacles. Nous espérons parvenir à faire titulariser 12 à 16 choristes. » Idem chez les musiciens.
La convention collective ne serait pas respectée
A Saint-Etienne, on est à 82 € bruts la journée de 2 x 3 heures quand le minimum légal est en fait de 127 €.
Fédération CGT Spectacle
Aux yeux de la CGT, cette situation, « qui pèse sur le régime d’assurance chômage » s’est donc aggravée, créant « une précarité importante pour les artistes qui peuvent notamment ne pas être reconduits du jour au lendemain sans aucune justification. » Constatant, assure-t-elle, « l’impossibilité d’échanges » entre direction, mairie (qui en a la régie directe) et les artistes avec qui elle est en contact et après avoir sollicité les deux premiers elle-même, écrit une lettre en décembre au maire qui n’aurait pas obtenu de réponse, la CGT Spectacle s’est donc résolue à cette médiatisation. Mais aussi à porter plainte auprès du procureur de la République, contre le maire Gaël Perdriau pour recours abusifs à des CDD et… travail dissimulé.
Car « on paie les gens pour des journées de travail de 2 x 3 heures, des représentations mais tout le travail en amont n’est jamais pris en compte, met en avant le syndicat. On ne vient pas à des répétitions sans les avoir préparés chez soi, sans apprendre des partitions. » Autre grief mais qui n’est pas intégré à la plainte – elle relève d’une autre juridiction – le non-respect des minimas de la convention collective : « A Saint-Etienne, on est à 82 € bruts la journée de 2 x 3 heures quand le minimum est en fait de 127 € ! » Alors que l’Opéra ouvre ses portes au public les 7 et 8 mai, la CGT Spectacle espère en tout cas mettre un coup de pression sur la municipalité pour qu’elle négocie un minimum de titularisations. A voir si des actions en justice individuelles ou collectives et/ou des manifestations des employés vont s’ajouter à cette initiative.
Une rencontre prévue entre choristes, musiciens et municipalité
La CGT Spectacle ne représente personne dans les personnels non permanents de l’Opéra.
Déclaration de la Ville de Saint-Etienne
Contactée par If ce jeudi 28 avril aussi, la Ville de Saint-Etienne a réagi par courriel : « La CGT Spectacle a, bien entendu, la légitimité de faire une communication sur le sujet des intermittents de manière générale. En revanche, elle ne représente personne dans les personnels non permanents de l’Opéra de Saint-Etienne. De son côté, la ville de Saint-Etienne a un souci constant de dialogue constructif avec les personnels non permanents de l’Opéra de Saint-Etienne, plus particulièrement les chœurs et les musiciens de l’orchestre, et ils se rencontrent régulièrement. » L’adjoint municipale à la culture Marc Chassaubéné les aurait d’ailleurs conviés, « depuis déjà un petit moment maintenant », à un rendez-vous qui aura lieu la semaine prochaine, « comme il s’y était engagé lors d’une précédente réunion ».
Des réunions « auxquelles ne participent pas la CGT spectacle, car n’étant pas représentative des personnels non permanents de l’opéra de Saint-Etienne. D’où certainement cette communication aujourd’hui à la Bourse du travail. » Quant aux conséquences de l’arrêt de la Cour de cassation, décidant l’indemnisation d’un ancien choriste, « là aussi, la ville de Saint-Etienne travaille, dans un dialogue apaisé et dans un esprit serein avec l’ensemble des personnels artistiques de l’opéra de Saint-Etienne comme elle le fait très régulièrement, y compris durant la période de confinement liée à la crise sanitaire de la Covid. »