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jeudi 25 avril 2024
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Pont et Pignons veut faire franchir un cap au vélo dans le Forez

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Lancée en 2020 à Saint-Just Saint-Rambert, cette jeune association n’est pas la première, ni la seule, dans la Loire – on peut penser, entre autres, à Ocivélo ou Vélo en Forez – créée pour faciliter le développement et défendre l’usage du vélo. Mais Pont et Pignons qui travaille sur le territoire de Loire Forez a grandi vite. Très vite. En 2 ans, ses vélos d’occasion récupérés se comptent en milliers…

Julien Paret devant (la principale) masse de vélos stockée par son association et destinée à une seconde vie. © If Média/Xavier Alix

Il y a des rencontres qui conduisent à l’insoupçonnable. Surtout à une telle vitesse. Ce matin de février 2020, Julien Paret, vendeur et technicien du cycle pour Decathlon, habitant de Saint-Just-Saint-Rambert, se rend comme chaque jour à l’école. Le père de famille a l’habitude des regards et sourires plutôt bienveillants que provoque son équipée quotidienne : c’est en effet par vélo cargo qu’il a l’habitude de déposer ses enfants. Mais ce jour-là, en particulier, une discussion avec une maman devant l’établissement va tout changer : « Elle me dit que j’avais du courage de faire ça et surtout, qu’elle adorerait faire de même mais qu’elle avait bien trop peur pour elle et ses enfants de circuler à vélo dans la ville », raconte Julien Paret.

« Ça a été comme un déclic. Sans avoir un gros niveau, je suis assez sportif et le vélo, pour moi c’est un loisir et une habitude au quotidien. Mais combien de gens s’en privent parce qu’ils n’osent pas pour tout un tas de raisons ? J’ai fait deux autres rencontres du même genre à ce moment-là, ça m’a donné envie de lancer une association costaude pour promouvoir et défendre. Ça s’est concrétisé très vite ». Derrière, c’est tout aussi vite, « presque trop vite ! », en rigole le président Julien Paret, que les choses se sont enchaînées. Au point que celui-ci pourrait finir par quitter la présidence pour en devenir le premier salarié. Celui qui est déjà coordinateur et formateur de Pont et Pignons voyait le projet aussi grand mais pas « aussi rapidement. Je n’aurais jamais imaginé un tel engouement ».   

Le coup de pouce du Covid au départ

Il faut dire que l’association a bénéficié d’un dopant aussi inattendu qu’innovant : le Covid. Accalmie générale, temps disponible et opération d’aide gouvernementale – le fameux « coup de pouce vélo » – ne sont pas étrangers à des adhésions en nombre, la ligne de départ à peine franchie : plus d’une centaine de personnes adhérait en 2020/21. Et si le soufflet est depuis retombé, une cinquantaine d’adhérents aujourd’hui, Pont et Pignons a clairement pu embrayer sur ses activités. L’association n’en manque pas. « Oui, il y a un côté militant vis-à-vis des politiques publiques. Moi-même, en étant plus à l’aise que la moyenne, je ne suis pas non plus toujours rassuré dans mes itinéraires. Nous aimerions plus de pistes cyclables et plus sécurisées – le grand enjeu, c’est la continuité, pouvoir aller de A à B sans quitter la piste protégée – et on trouve toujours que ça ne va pas assez vite. Il y a des difficultés ok mais aussi des réalités et des progrès à prendre en compte. »

Nous ne sommes pas là pour râler mais pour proposer.

Julien Paret, président de Pont et pignons

D’ailleurs, « nous avons été plutôt bien accueillis par les collectivités. » Incubée par Ronalpia, Pont et Pignons est soutenue et/ou subventionnée par le Département, Loire Forez Agglomération (LFA) et la Ville de Saint-Just-Saint-Rambert où elle compte son siège (un local à la « Maison du vélo » 9 place du Pont). Il faut dire que « nous ne sommes pas là pour râler mais pour proposer, clame Julien Paret. Quand les solutions matérielles, les aménagements, bref les conditions sont là, les gens viennent au vélo. Selon une étude de l’Ademe auprès des Français, si toutes les conditions sont réunies, 60 % des indécis à s’y mettre le feraient ! C’est un sondage mais quand même… » Réunir et développer ces conditions, c’est justement ce après quoi pédalent depuis plus de 2 ans Julien Paret et les bénévoles les plus investis.   

Le mardi, c’est déchèterie

Ce mardi-là, nous en voyons justement trois débouler en voiture certes mais à laquelle est attelée une remorque chargée de quelques vélos davantage hétéroclites (électrique, VTT, draisiennes…) qu’en bout de course. Le mardi, ici, c’est en effet déchèterie. Le jour de collecte hebdomadaire de l’association qui a passé pour cela une convention avec LFA sur le site pontrambertois – elle sera peut-être étendue aux autres déchèteries de l’agglomération à terme – afin récolter des bicyclettes et, dans un esprit non xénophobe, les engins apparentés séjournant dans les bennes à métal. « Au début, quand le « gisement » était plein on en ramenait 40 par semaine contre une quinzaine désormais. C’est fou, comme on jette pour pas grand-chose ! En particulier les modèles enfant, un tiers des volumes, parce que les gens ne trouvent pas quelqu’un qui en veut. Souvent aussi les gens renoncent à réparer ou faire réparer alors que dans la plupart des cas, ça peut se faire facilement. »

Pont et Pignons dispose d’ateliers de réparation à Bonson et Saint-Just Saint-Rambert. © If Média/Xavier Alix

Moins évident, remettre dans le circuit les modèles électriques toujours plus nombreux au sein des volumes récupérés. « Là, le problème n°1, c’est la fin de vie de la batterie. C’est le défi qui vient ça », note Julien Paret. En attendant, des vélos, Pont et pignons en cumulait déjà 800 à la fin de l’été 2021. Mais le jardin du président a beau être spacieux, il avait vocation a retrouvé son utilisation première. Aussi, cette gigantesque réserve alimentée également par des particuliers et un accord avec Decathlon, qui dépasse désormais – malgré moultes remises à l’eau – les 1 200 exemplaires est-elle désormais stockée dans une ancienne charpenterie de Bonson. Elle est louée par l’association avec l’aide de Loire Forez. L’une des activités de Pont et Pignons est en effet de développer une recyclerie à partir de vélos usagers, la plupart du temps encore en état de rouler.

Monter un écosystème autour du vélo

Sinon, ils peuvent être patiemment désossés afin que leurs pièces détachées viennent au secours de modèles défaillants. Réparer et apprendre à réparer, c’est d’ailleurs l’objet d’un atelier participatif qui a lieu chaque jeudi soir au local de Saint-Just-Saint-Rambert même si l’association dispose aussi d’ateliers à Bonson, avec, à portée de main toute « la matière première ». Celle-ci peut être revendue à des membres, à un plus large public encore lors de bourses à vélos, sinon louée à d’autres associations, des MJC, centres sociaux, voire (c’est en cours de développement) fournie, pour une somme modique à des publics en insertion via Loire Forez ou le Département. « Nous faisons adhérer si on fait appel à nos services. Mais oui, en tant qu’association, on est dessous des prix du marché. »

Via ses sorties, ses jeux, ses animations, sa participation à des cycles événementiels (comme Mai à vélo) et son école pour apprendre en formation initiale, semi-initiale ou continue, Pont et Pignons sensibilise et fait la promotion de la petite reine. Mais plus que cela, c’est globalement un projet d’écosystème autour du vélo qu’ambitionne de monter l’association, accompagnée par le réseau des recycleries. Julien Paret espère en effet créer, début 2023, un atelier d’insertion comptant dans ses rangs plusieurs salariés issus d’un parcours de vie difficile. Histoire de vraiment remettre tout le monde en selle.

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