Pour les syndicats, les motifs de lutte ne manquent pas
Une intersyndicale Loire CGT / FSU / Solidaires / CNT décline, à Saint-Etienne et Roanne, ce mardi 1er octobre l’appel de leurs instances nationales à manifester et à faire grève. Augmentation du smic – et de tous les salaires -, abrogation de la réforme des retraites et le réinvestissement dans les services publics sont les thèmes privilégiés des revendications. Revendications plus générales dont l’exposition au début de l’automne tend à l’habitude. Cette année, elles seront affichées dans la rue pile le jour de la 1ère session parlementaire à l’Assemblée nationale.
Pas de CGC-CFE, de CFTC, de CFDT et d’Unsa, ni même de FO cette fois. A la rentrée 2023, l’intersyndicale et son caractère historique du fait de sa largeur et de sa longueur, autour d’un semestre de manifestations sur la réforme des retraites, avait trouvé son prolongement dans cette mobilisation, devenue presque habituelle, de début d’automne. Avec des motifs plus généraux, en l’occurrence il y a un an, « contre l’austérité », « pour les salaires » et « l’égalité femmes-hommes ». C’était le 13 octobre 2023. Et en 2024 ? Une intersyndicale Loire mais « limitée » aux seules CGT, FSU, Solidaires et la CNT, décline à Saint-Etienne et Roanne un appel national de leurs organisations respectives à manifester et à faire grève ce mardi 1er octobre, jour de la 1ère session parlementaire à l’Assemblée nationale. A la lecture du communiqué commun de l’intersyndicale, on voit pourtant mal certains des absents cités renier le constat dressé sur le contexte du pays, ou même la moindre ligne des revendications listées. FO en particulier. « Ils tenaient leur comité confédéral national cette semaine (les mardi et mercredi 24 et 25 septembre à Carcassonne, Ndlr) et à ce que nous savons, FO devait décider de sa participation à ce moment, nous indiquait mercredi Mireille Carrot, secrétaire général de l’UD CGT Loire. Pour le reste… »
Pour le reste les représentants ligériens de la CGT, de FSU et de Solidaires, présents à la conférence de presse intersyndicale de mercredi se gardent bien, logiquement, de commenter. D’autant que nombre d’unions départementales de FO (sinon spécifiques à des corps de métiers et/ou attachées à des entreprises spécifiques), ont appelé à manifester et à s’associer à cette intersyndicale malgré le « non-appel » de leurs instances au niveau national, pourtant derrière une résolution à la teneur très proche des propos intersyndicaux. Et dans la Loire ? (Mise à jour vendredi 27 novembre) Contacté ce vendredi, le secrétaire général départemental de FO, Eric Blachon nous a finalement répondu en fin d’après-midi : « Notre union départementale a une position conforme aux instances nationales, à savoir que l’appel pour mardi auquel nous ne participons donc pas, mélange les genres. Nous n’avons pas à faire de politique et promouvoir des partis auprès de nos adhérents. Comme en juin, en tant que syndicat nous n’avons pas à leur dire pour qui voter mais à nous préoccuper seulement de revendications légitimes pour les salariés. Car oui, évidemment, nous n’avons rien à enlever à ces dernières. Les commentaires sur les urnes et le nouveau gouvernement, par contre… »
Quatre « axes » revendicatifs
Ce ne sont en tout cas pas les motifs de mobilisation qui manquent à l’écoute des trois organisations syndicales. Qui plus est dans un contexte « particulier », celui du « mépris des urnes », relèvent-elles toujours enclines, dans la continuité, effectivement, du début de l’été, à associer sans ambigüité leurs voix syndicales au discours politique des partis composant le Nouveau Front Populaire. Quatre « axes » revendicatifs mis en avant ce mardi 1er octobre et rappelés au bon souvenir des parlementaires, néo ou pas : encore et toujours l’exigence d’une « abrogation de la réforme des retraites » ; « l’augmentation du Smic à 2 000 € bruts » et avec, « des salaires en général », une « indexation de leur montant sur l’inflation » ; une « politique de réindustrialisation véritablement favorable à l’emploi » ; la « fin de l’austérité » et une politique de reconquête « pour les services publics ». Sur ce dernier point, l’intersyndicale rappelle à quel point elle estime que le pays subit déjà une austérité, une rétractation, un laminage insupportable. Déjà inconcevable pour elle. Alors aller plus loin dans la cure…
« Le déficit est brandi comme indispensable justification. Rappelons ces faits : – 3 points de recettes depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron au pouvoir en 2017 ; 14 % de la dépense publique reversés en aide aux entreprises, soit 170 Md€ (sous différentes formes : subventions niches fiscales / exonérations, etc. Ndlr) sans contreparties, sans compte à rendre, observe Romain Allard de la FSU Loire. Alors, des recettes potentielles, il n’en manque pas. On peut ajouter le retour de l’ISF, la taxation des richesses excessives… » Et il y a, paradoxalement, des projets en marche à l’efficacité – voire l’utilité – jugée plus que douteuse et qui risquent de coûter « un pognon de dingue, tacle par allusion Romain Allard. Le Service national universel et les uniformes, appelés à se généraliser, devraient ainsi coûter 4,5 Md€ ! » Pendant ce temps, pointe le représentant syndical du corps enseignant, « l’attractivité de nos métiers est en berne. Certes, il y a eu la revalorisation du point d’indice, enfin, à l’été 2023, après des années de gel. Reste que le salaire ne bouge pas les 17 premières années d’exercice ».
Services publics déjà « à bout de souffle »
D’où, en déduit-il, ces 30 000 postes non pourvus dans le 1er et le 2e degrés. « Cela en décalage avec des annonces comme la promesse d’un prof devant chaque classe. 56 % des collèges et lycées manquent d’enseignants titulaires. Au 25 septembre, l’Académie de Lyon cherchait encore 116 enseignants pour ses lycées et collèges. Il est compliqué de vous préciser combien dans la Loire. Et les gens n’ont plus envie de cette précarité d’être contractuels, remplaçants. » Constat identique, évidemment, du côté de la santé, des métiers sociaux, d’aide aux personnes, rappelle Mireille Carrot. Pas de doute, les services publics pour l’intersyndicale, déjà partout, « à bout de souffle », sont toujours un peu plus rognés, attaqués dans le déni du « besoin exprimé » par la population. Et « l’écologie n’est même pas évoquée par la politique gouvernementale ». Bref, « on n’a pas besoin de plus d’ordre, on a besoin de plus de justice », synthétise Myriam Garcia de l’Union syndicale Solidaires de la Loire. De justice sociale, entend-elle, appuyée par Mireille Carrot qui insiste sur cette minorité la plus riche payant proportionnellement moins d’impôts que la masse infiniment plus pauvre.
On n’a pas besoin de plus d’ordre, on a besoin de plus de justice.
Elle revient, aussi, sur ces (grandes) entreprises qui osent licencier par choix de rentabilité, par choix de rémunérer toujours plus les actionnaires alors qu’elles bénéficient des avantages évoqués plus haut : « Nous ne disons même pas que toutes ces mesures doivent être supprimées du jour au lendemain, mais au moins qu’on les contrôle et qu’elles soient accordées seulement à des créations d’emplois, des augmentations de salaire, un bénéfice pour l’intérêt commun. » Ce sont, couramment aussi, les filiales et sous-traitants qui font les frais de la logique des « grands », jugée si mortifère par les syndicats. Pas rassurant pour la Loire au regard de son tissu économique, Mireille Carrot l’illustrant avec le cas de Mécacentre (178 salariés) il y a un an ou plus récents de l’entreprise costelloise Diva France (un peu plus de 100 salariés), liquidée cette semaine « en raison de la perte de commandes par le groupe Conforama qui lui a préféré brusquement la Pologne. On voit à nouveau des fermetures et des menaces montantes partout. Et en face, on nous vend un discours de réindustrialisation alors que des parlementaires face à nos alertes nous balancent des « mais que voulez-vous qu’on y fasse ? ». »
Mardi 1er octobre, à Saint-Etienne, le rassemblement a lieu à 10 h 30 devant la Bourse du travail, manifestation ensuite jusqu’à la place Hôtel-de-ville. A Roanne, rassemblement à 10 h 30 devant le centre hospitalier, manifestation jusqu’à la Sécurité sociale.