Retraites : dans la Loire, les syndicats comptent bien embrayer
C’est encore et toujours LE sujet, clament-ils. Hier, l’intersyndicale Loire organisait à Saint-Etienne une « Caravane de la lutte ». Une piqure de rappel, comme ce rassemblement à Roanne prévu ce jeudi, pour dire que la page retraites n’est pas tournée. La prochaine mobilisation générale est fixée au mardi 6 juin.
Elle n’a pas véhiculé des foules entières, comme lors des grands jours de mobilisation, mais ce n’était pas le but. La « Caravane de la lutte » organisée par l’intersyndicale Loire hier à Saint-Etienne ? Une opération piqure de rappel, un relais à vélo entre le 1er mai et le 6 juin, histoire de rappeler et faire entendre, ensuite, à coup de casserolades que 64 ans, pour eux c’est toujours encore « non ». Histoire de tracter, aussi, auprès de la population afin d’inscrire dans les têtes et leurs agendas qu’une 14e grande mobilisation aura lieu. Du côté de Roanne d’ailleurs, c’est un rassemblement devant la sous-préfecture qui doit, entre autres, jouer ce rôle, ce jeudi 25 mai (après une manif 100 % locale en partie avortée le 13 mai) à défaut d’avoir une permanence à disposition du député du Roannais LR Antoine Vermorel-Marques, devant laquelle faire bruisser ces casseroles décidément à la mode.
D’autres rendez-vous réguliers – comme ces rassemblements les lundis soir devant la mairie, toujours à Roanne -, sinon ponctuels, visent à « maintenir la pression ». Le prochain grand rendez-vous de cette intersyndicale inédite, aussi bien sur sa cohésion que sa durée de vie, aura donc lieu le mardi 6 juin. Jour choisi pour sa proximité avec le passage à l’Assemblée nationale de la proposition de loi « détricotage » de l’âge de départ à la retraite déposé par le groupe des députés Liot et considérée comme inconstitutionnelle par le camp présidentiel. De quoi donner lieu à une nouvelle tournée générale de sollicitations de rendez-vous auprès des députés ligériens par les unions syndicales locales afin qu’ils infirment ou confirment leur précédente position. Les échanges ont déjà eu lieu ou ont été fixés. Le vote au Palais Bourbon, lui, aura lieu le jeudi 8 juin.
13 mobilisations, « ça commence à sérieusement chiffrer »
Le mouvement sera-t-il relancé avec l’ampleur du 1er mai et ses 30 000 manifestants au total revendiqués par l’intersyndicale Loire qui l’avaient tant satisfaite ? A voir : ce jour-là ne sera pas férié. Or, 13 mobilisations, pour les plus assidus, en termes de perte des revenus, « ça commence à sérieusement chiffrer », relevait Corinne Mandon (UNSA) le 12 mai dernier à la dernière conférence de presse en date de l’intersyndicale Loire. Alors, logique que par rapport à l’hiver et le début du printemps, les grandes journées de mobilisation et l’absence de présence au travail allant avec s’espacent, sans pour autant qu’il y ait désormais garantie d’une prise de rythme mensuel. Est-ce que ce sera davantage, moins ou plus du tout ? Après le 8 juin, c’est l’inconnu.
Au sein de nos troupes, ils sont nombreux à réclamer que l’on aille plus loin, à nous demander : « quand est-ce que l’on arrête de danser là ? » »
Corinne Mandon, UNSA Loire
« Nous ne sommes habituellement peu favorables aux grèves, en tant que syndicat modéré, poursuit Corinne Mandon. Malgré tout, face au mur du gouvernement on continuera à s’associer à ces grandes mobilisations. D’autant qu’au sein de nos troupes, ils sont nombreux à réclamer que l’on aille plus loin, à nous demander : « quand est-ce que l’on arrête de danser là ? ». Ils parlent d’aller plus loin sur les blocages, les grèves… En face, ils veulent prendre 2 ans de notre vie, sans justification, alors il est hors de question de les laisser tranquilles. Mais « monter d’un cran » pour nous, c’est bloquer l’économie : si le patronat dit stop au gouvernement, alors il pliera… Encore une fois, nous ne sommes ni favorables, ni responsables des violences. Mais qui les provoque si ce n’est le mépris à répétition du gouvernement ? »
Va-t-on vers une « convergence des luttes » ?
Alors quelle sera l’ampleur du mouvement ? Et sa suite ? Va-t-on vers une « convergence des luttes », tant aux discours anti réforme des retraites se greffent vite de nombreuses autres revendications générales ou particulières sur les salaires, les emplois, la réforme des lycées pros, du chômage ou encore celle du RSA, considérée par l’intersyndicale comme « le moyen d’obtenir une main d’œuvre à moindre coût » ? Quel est l’état d’esprit à ce stade des syndicats ? Quels autres violents « afters » à s’attendre auxquels les cortèges syndicaux déterminés mais ordonnés sont abonnés depuis mars, indépendamment, martèlent-ils, de leur volonté ? Des questions que se posent tout le monde. La préfecture de la Loire y compris. Déjà reçus à leur demande par le préfet « fin mars-début avril » à la suite de gazages subis indistinctement place Hôtel-de-ville à Saint-Etienne, les syndicats l’ont été à nouveau le mardi 9 mai.
En nous rencontrant, on a bien senti que le préfet souhaitait prendre la température de manière générale, c’est-à-dire vis-à-vis du climat social.
Mireille Carrot, secrétaire générale de l’UD CGT
« On a plus souvent l’habitude d’être reçus par son directeur de cabinet, pour parler justement du parcours, sa sécurisation etc. Là, c’est le préfet lui-même qui a discuté, à sa demande, avec nous pendant environ une heure, raconte Mireille Carrot, secrétaire générale de l’UD CGT 42. En nous rencontrant, on l’a bien senti préoccupé, qu’il souhaitait prendre la température de manière générale, vis-à-vis du climat social. Nous lui avons fait part de nos inquiétudes, comme de notre détermination intacte. » Bref, selon les syndicats, la relative torpeur du mois de mai ne doit pas tromper : le sujet des retraites reste brûlant. Mais jusqu’à où peut monter le thermomètre avant de casser ?