Saint-Chamond se dote d’un plan vélo
En ce mois de mai, le vélo a décidément pris la roue de l’actualité ligérienne. Le conseil municipal de Saint-Chamond vient de voter son plan vélo qui s’inscrit dans celui métropolitain. En élaboration depuis plus d’un an, il vise bien sûr à créer un véritable réseau : 21 km de pistes cyclables à partir des quelques kilomètres existants. Mais aussi à installer une culture et un écosystème vélo. Pour l’opposition couramiaude cependant, il n’y a vraiment pas de quoi en boucher un coin…
La continuité, voilà le nœud du problème. Pour que la pratique du vélo se développe en ville, il faut un parcours significatif, pouvoir se rendre d’un point A à un point B d’un bout à l’autre de la commune, sans que la présence de voitures fasse froid dans le dos du cycliste. Bref, disposer de véritables pistes sécurisées et non de simples « bandes » cyclables frôlées par la circulation automobile. A Saint-Chamond, il faut ajouter, comme à Saint-Etienne (qui souffre aussi et même davantage des rues étroites du centre-ville), un relief vallonné peu encourageant à la pratique.
De quoi expliquer, entre autres, l’échec du service métropolitain de location des Véliverts à Saint-Chamond, retiré il y a déjà plus de 6 ans après avoir obtenu…. sept abonnés. Et ce constat de vélos ayant tendance à être abandonnés en bas des pentes mais sûrement pas en haut… Aussi, si la Ville mise aujourd’hui sur le développement du vélo électrique pour que le cycle ait davantage la cote à Saint-Chamond, son plan vélo élaboré depuis plus d’un an et voté le 16 mai en conseil municipal ne se limite pas à un schéma directeur devant développer d’ici la fin du mandat un réseau plus cohérent de 21 km de pistes cyclables à partir de l’existant. C’est-à-dire 3,7 km*, discontinus, prenant le plus souvent la forme de bandes peintes au sol à effet symbolique.
L’instauration d’une « culture » vélo
Les deux autres axes du plan visent le développement d’une « culture » et d’un « écosystème » autour du vélo. « Pour ce qui est de s’équiper Vélo à assistance électrique (VAE) par exemple, les aides de l’Etat et de Saint-Etienne Métropole permettent, en fonction de ses revenus, d’obtenir des aides cumulables à hauteur de 10 à 15 % d’un prix d’achat il est vrai conséquent (1 500-2 000 €). Nous en ferons la promotion, la communication. Il faut aussi savoir que Sem propose un service de location de VAE », souligne Bruno Changeat, adjoint saint-chamonais délégué au développement durable, à la démarche RSO et au plan vélo. Augmenter le nombre de vélos disponibles passe aussi par l’organisation de bourses à vélos. Il faudra aussi avoir la possibilité de s’arrêter après avoir roulé.
L’offre de stationnement sur l’espace public sera donc développée avec de nouveaux boxs de stockage sécurisés dont les premiers implantés (places Liberté, Saint-Pierre, à Boulloche, au centre nautique, à la médiathèque…) commandés à l’entreprise forézienne Altinnova semblent fonctionner. Mais aussi des commandes d’arceaux pour des arrêts plus temporaires devant les commerces, sur les places. Pour ce qui est de développer « la culture vélo », au-delà d’opérations de sensibilisation et de communication continues accrues internes (envers les agents qui se verront équipés de plus de VAE) et externes (diffuser une cartographie des pistes, cibler les entreprises), la mairie mise sur l’événementiel qu’est sa journée Faites du Vélo.
4,3 M€ investis dans les nouvelles pistes
Elle aura lieu cette année avec davantage d’ampleur le samedi 11 juin à Novaciéries. Dans ce domaine enfin, elle compte développer l’apprentissage : des enfants via le programme « Savoir rouler » dans les écoles primaires, des adultes avec des stages de remise en selle… Pour ce qui est de créer un vrai « territoire cyclable », Saint-Chamond élargira d’ici 2026 le réseau dit « primaire » sur son territoire, c’est-à-dire métropolitain, actuellement décousu, pour totaliser 5,5 km auxquels s’ajouteront 15,4 km purement communaux desservant tous les quartiers. Il en coûtera respectivement 2,5 M€ et 1,8 M€. Le réseau métropolitain est plus cher à réaliser car il suit des voiries majeures à fort trafic relevant de Saint-Etienne Métropole.
« Les travaux ont déjà commencé, comme autour de l’Arena, rues Rivaud, du 17-octobre 1961, note le maire Hervé Reynaud. 700 000 € ont été investis sur ce premier semestre. Nous sommes la commune la plus avancée du plan métropolitain (qui lui aussi s’est longtemps fait attendre mais investira 41 M€ sur l’ensemble du territoire d’ici 2029, Ndlr). Nous avons pris le temps, et il en fallait, pour bien élaborer les choses et aussi se coordonner avec le plan intercommunal. » L’investissement sur la création de pistes (ci-dessus le schéma prévu) qui attendra parfois des projets de rénovation parallèles, comme avenue de la Libération par exemple, s’élève donc à 4,3 M€ à Saint-Chamond en partie pris en charge par Saint-Etienne Métropole.
La piste du Coin à nouveau en débat
Il faut y ajouter 146 000 € HT d’études. Somme à moitié prise en charge par l’Ademe dans le cadre de l’appel à projet Avelo2 d’avril 2021, pour lequel la Ville est lauréate. L’Ademe devrait ainsi financer aussi des équipements et des actions de sensibilisation. L’élaboration du plan a été confiée à un bureau d’étude spécialisé dans la mobilité douce, B&L Evolution. La concertation de la population a été menée par le cabinet KPMG, via une enquête en ligne, des micros-trottoirs, des ateliers de concertation, etc. La mairie assure avoir aussi largement consulté des associations sportives et militantes autour du vélo ou des modes doux : Ocivélo, Cyclo randonneurs de Saint-Chamond, Vélorution, Espoir Cycliste Pays du Gier, Collectif Place aux piétons, Saint-Chamond’VTT, association des habitants de Chavanne (qui compte une section cycliste) …
Pas de quoi convaincre, sans surprise, l’opposition municipale à l’heure de voter en conseil le 16 mai dernier le fameux plan. Jean Minneart du groupe L’Ecologie pour Saint-Chamond pointait d’ailleurs l’absence de retours, avant le vote, sur les échanges avec les associations d’usagers et militantes citées. « Nous constatons une nouvelle fois que les documents promis en commission ne nous sont pas communiqués. Il y a très clairement une obstruction de l’information. Faut-il être plus procédural afin de pouvoir voter en toute connaissance de cause ? Lire ces comptes-rendus pourrait permettre de d’établir la fidélité entre réunions et les annonces. Mais nous pouvons affirmer que le plan ne prend pas en compte une des remarques exprimées de manière unanime : le regret de la destruction de la piste cyclable route du Coin… »
Des réserves sur « l’honnêteté du plan »
Aussi, l’élu écologiste émet de fortes réserves sur « l’honnêteté du plan présenté ». « Nous avons toutes les raisons de croire qu’il ne correspond qu’en partie à celui fourni par le cabinet que vous avez rémunéré et qui aurait pu être prise en charge gratuitement par Métropole, voire par la Ville avec une autre ambition réellement écologiste et non pour la voiture. Votre plan est douteux parce qu’une première version présentée en commission faisait passer logiquement une piste par la route du Coin, celle qui a coûté 100 000 € et que vous avez détruite alors qu’elle est la plus évidente, la plus efficace pour relier Fonsala à la gare et le centre-ville. » Et Jean Minnaert d’accuser la majorité d’un rétropédalage en panique, à ce sujet avec un document corrigé par la suite faisant passer la piste suggérée route du Coin par la rue Laurent-Charles, inadaptée.
Un « bidouillage » visant, selon, lui à satisfaire les électeurs du maire « déposant ici leurs enfants dans le privé avec leurs voitures » (allusion à Sainte-Marie Fénelon) tout en « refusant de faire 100 m à pied ». Bref, pour Jean Minnaert, le plan est une opération de com’ et un affichage tardif sans réelle conviction par rapport à la lutte de son camp : « Le plan présente des choses qui existent déjà ou ne manquent beaucoup de chiffres, par exemple sur les ambitions d’équipements en vélos. » Les écologistes se sont naturellement abstenus. Pas mieux et abstention aussi pour Isabelle Surply (ex-RN, Saint-Chamond et vous) qui estime que ce plan arrive dans un état d’esprit « d’obligation » et quelque peu confus… La majorité répondait à Jean Minneart que tous les documents étaient consultables à tout moment, que la Métropole ne pouvait travailler que sur ses 5 km. Enfin que la rue Laurent-Charles a été choisie pour la montée et la route du Coin pour une descente. Contrairement à avant.
* Un ensemble amputé de la longue piste de la route du Coin lors du précédent mandat par la majorité qui argue de sa sous-utilisation, de son contresens et de sa dangerosité. Décision dénoncée depuis des années par les groupes d’opposition municipaux.