TriVaLoire est « dans les temps » : point d’étape
Les travaux d’extension du centre de tri de Firminy – 650 000 Ligériens concernés par le sujet auquel nous avions consacré un dossier en octobre – sont annoncés dans les temps. Une visite de ce chantier majeur, à 32 M€, a eu lieu jeudi. Le nouvel équipement lié au marché confié à Suez devrait ainsi bien être pleinement opérationnel fin novembre.
C’est tellement parlant qu’il n’y résiste pas. « J’utilise toujours la même image mais ça fait comprendre ce besoin absolu de voir la population adhérer », justifie François Driol. Alors le maire d’Andrézieux-Bouthéon, ici en tant que président du Sydemer 1, compare encore une fois : « On aura beau mettre tous les lieux, équipements et sacs possibles pour aider les propriétaires de chiens, s’ils ne font pas l’effort de se baisser pour ramasser les crottes, ça ne marche pas… Et bien avec le tri, c’est pareil, il faut que les gens fassent l’effort de soulever le bon couvercle : le jaune. » Un « effort » plus simple et plus prégnant, partout en France, depuis l’extension et l’uniformisation des consignes de tri des emballages telles qu’exigées par la loi au 1er janvier 2023.
Même si personne ne viendra vous coller une amende pour son mauvais geste, en attendant le tour des biodéchets en janvier 2024, exit, au moins théoriquement, des poubelles grises depuis déjà 4 mois maintenant, l’ensemble des emballages, y compris les films les plus fins, les plus souillés de gras et les pots de yaourt mal raclés. De quoi obliger les intercommunalités, détentrices de la compétence déchets directement ou via des syndicats communs ou non, à revoir en profondeur la prise en charge du tri. Dénoncées comme très en retard et symptomatique d’un sous-investissement local dans ce domaine par les élus écologistes stéphanois, l’extension, l’adaptation et la modernisation du centre de tri de Firminy étaient donc au centre du nouveau marché signé par le Sydemer avec Suez. Contrat de concession de 12 ans qui permettra au syndicat de récupérer la propriété du site
Un livraison définitive estimée à fin novembre
Mais si le groupe l’élabore et le met en œuvre selon le cahier des charges du Sydemer, les 32 M€ qui y sont consacrés sont bien financés par les collectivités locales avec l’aide de l’Ademe et Citeo (10 % à eux deux). Rue Basse Ville à Firminy, le chantier bat actuellement son plein. Il a fait l’objet d’une visite pour les cinq intercommunalités du Sydemer, les communes concernées du Sympttom1 et la presse locale. Malgré les difficultés du BTP – approvisionnement, main d’œuvre –, il est dans les temps annoncés à l’automne 2022 pour une livraison, précisée hier, estimée à fin novembre, au pire début décembre 2023. Cependant, les premiers équipements liés au nouveau process induits par cette extension devraient être mis en service dès le début de l’été bien avant la fin des travaux. Car ce n’est pas qu’un agrandissement, vis-à-vis de nouveaux volumes à assumer qui est en jeu. Mais aussi une capacité à identifier la nature des nouveaux déchets et les intégrer dans une chaîne de valorisation.
Pendant cette période transitoire il n’y a pas de dégradation du service. Et si des déchets repartent du site pour aller l’enfouissement, c’est parce qu’ils n’avaient rien à faire ici.
Suez
Or, pendant les travaux d’extension et d’adaptation au nouveau process, non seulement le site doit continuer à fonctionner, mais il doit, avant même de bénéficier pleinement du neuf, garantir la prise en charge de la nouvelle masse d’emballages captée par les poubelles jaunes depuis le 1er janvier. Une période transitoire qui pose beaucoup de contraintes et réclame beaucoup de souplesse. Suez assure avoir mis en place une organisation temporaire validée par l’organisme Citeo répondant totalement au défi. « En mode dégradé » donc, même si le groupe se méfie de l’expression technique qui ne fait référence qu’à un process temporaire non optimal, craignant qu’elle soit mal comprise par la population : « Attention, pendant cette période transitoire il n’y a pas de dégradation du service. Et si des déchets repartent du site pour aller l’enfouissement, c’est parce qu’ils n’avaient rien à faire ici et qu’il s’agit d’une erreur de la part des personnes les ayant mis dans la mauvaise poubelle. »
+ 5 % de tonnages en un an
Ce que nous avons pu constater en se penchant sur une des collines de déchets en attente de traitement… En finir ou plutôt réduire drastiquement ce qui va à l’enfouissement à Borde Matin (qui sera remplacé dans les années 2030 par une autre solution), c’est bien l’objectif : le Sydemer veut réduire l’essentiel de son apport annuel en déchets à enterrer (puis sans doute à consumer), c’est-à-dire 100 000 tonnes en moins d’ici 9 ans… Et cela passe d’abord par l’évolution en cours de TriVaLoire. Afin d’assumer les nouveaux emballages, Suez a investi 180 000 € dans son organisation temporaire, créé un poste de nuit en place jusque fin novembre et affecté 4 agents supplémentaires pour cette période transitoire où « le débit global de traitement a été ralenti, passant de 9 à 2 t par heure ». De quoi, aussi dégager du temps pour former le personnel ici ou sur d’autres sites au futur process. En comparant début 2022 et début 2023, Suez dit avoir constaté + 5 % de tonnages depuis l’application des nouvelles consignes de tri. L’estimation est de + 10 % en fin d’année, une fois ces consignes, une fois ces dernières digérées.
Mais la comparaison manque de poids : « Les nouveaux emballages qui arrivent massivement, c’est davantage de volume que de poids, donc…, explique François Driol. D’autre part, les volumes papier, qui pèsent beaucoup, eux, ne cessent de baisser. Il y a quelque chose de schizophrène dans l’accompagnement d’une meilleure prise en charge de la gestion des déchets. Le meilleur déchet, c’est celui que nous ne produisons pas ! Mais si les innovations rendent les dernières orientations caduques, les nouveaux équipements… » Rayon technique justement, la nouvelle version du site sera équipée de nouveaux trommels, tapis de tri, trieur balistique. Mais encore de 13 séparateurs optiques (contre 4 aujourd’hui) ainsi que de trois robots, conçus et fabriqués par l’entreprise stéphanoise Siléane. Ils y seront chargés d’exécuter les tâches de tri les plus complexes et pénibles. L’un de ces atouts « innovants » autour de l’intelligence artificielle est actuellement testé dans l’existant. En fait, il est lui-même en fin d’apprentissage. On vous le montre en pleine action (vitesse réelle) :
35 980 heures d’insertion professionnelle par an
Si la surface bâtie de TriValLoire va quasiment doubler (un chantier qui fait appel au BTP local, Chazelle pour l’essentiel), il continuera cependant à employer 55 personnes. La plus-value technique n’obligerait pas à un recrutement très significatif en nombre, les équipes étant, cependant renforcées par le partenariat avec le groupe d’insertion Id’ees qui a pour cela créé la filiale Id’ees R&V. Car le contrat avec le Sydemer intègre en effet des équipiers dépêchés par cette structure : 35 980 heures d’insertion professionnelle par an. « L’enjeu de ce chantier est largement humain, commente François Pyrek, directeur recyclage et valorisation services aux collectivités de Suez Aura/Paca. Il faut intégrer de nouvelles personnes, et former d’autres qui travaillaient sur un même process depuis 20 ans. »
Mais vis-à-vis d’un enjeu de planning fort, « on est parvenu à cocher toutes les cases en attendant un été très chargé avec la mise en service des nouveaux équipements et robots : les premiers arrivent dès mi-mai ». Plus d’intelligence artificielle : de quoi rendre un peu plus attractive la visite de lieux qui nous concerne tous, à chaque instant, sans que l’on s’en rende forcément compte. Un parcours pédagogique doit d’ailleurs être lancé en septembre 2024.
1 Syndicat mixte d’étude pour le traitement des déchets ménagers et assimilés résiduels du Stéphanois et du Monbrisonnais (Sydemer) composé de Saint-Etienne Métropole, Loire Forez Agglomération, les communautés de communes de Forez Est, des Monts du Lyonnais et du Pilat Rhodanien. S’associent au Sydemer pour TriVaLoire 13 communes de la Loire et Haute-Loire du Sictom Velay Pilat (syndicat depuis intégré au Sympttom), lui aussi déjà client de Suez sur le tri, se sont greffées.