Une police des transports métropolitaine ? Ce n’est pas pour demain
Mais pas totalement exclu par l’exécutif métropolitain, interpellé hier par la CFDT SNTU Stas et interrogé par If Saint-Etienne à l’occasion de la tenue de son conseil communautaire. L’idée d’une police métropolitaine des transports en commun a d’ailleurs déjà été mise sur la table il y a quelques années, d’abord à l’échelle municipale stéphanoise puis celle de l’agglomération. Si cela était retenu, le processus mettrait forcément plusieurs années à accoucher d’un nouveau service selon les élus. Qui plus est dans un contexte budgétaire beaucoup plus tendu qu’il y a 2 ans…
Voilà qui risquerait de grever un peu plus le budget « com » de la Métropole : une campagne d’affichage locale sur le réseau Stas autour des agressions subies par son personnel et le risque encouru, en pleine polémique à la suite du rapport de la CRC sur l’utilisation du service métropolito-municipal de la communication (le service est mutualisé entre Ville et SEM)… Ce n’est cependant pas la revendication la plus importante posée sur la table par la CFDT SNTU Stas. La création d’une police métropolitaine des transports en commun passe devant. Le syndicat est le second le plus représenté au sein de la Stas, l’entreprise chargée des transports en commun sur l’agglomération stéphanoise (confiés par DSP au groupe Transdev). Derrière la CFTC mais devant la CGT et UNSA, nous précise le syndicat.
L’appel à la grève du jeudi 30 mai, peu suivi, a été, dit-il, de son seul fait. Comme ce stand, ce tractage et cette interpellation directe des élus de Saint-Etienne Métropole hier, à l’occasion du conseil métropolitain à Metrotech. « Cela fait des années que l’on pointe la problématique de la sécurité dans les transports et que nous portons cette idée d’une police municipale puis métropolitaine spécifique », relève Hicham Tamsna, délégué syndical Stas de la CFDT. D’autres membres de son syndicat soulignaient, hier, que l’enjeu ne concerne pas que les employés de la Stas mais aussi les voyageurs. « Cette problématique est montante depuis 5-6 ans mais le nombre de faits explose nettement ces derniers mois, ajoute Hicham Tamsna. Et ça ne va pas s’arranger : un avenant voté en janvier du contrat entre la Stas et la Métropole va permettre de transférer (en 2025, Ndlr) 17 des 34 agents de médiation de la seconde à la première. C’est SEM qui employait jusque-là ces personnes dont les horaires s’arrêtent à 23 h / 23 h 30. Les autres salariés vont rester à Métropole mais pour aller dans d’autres services.»
L’idée d’une police spécifique date d’au moins 5 ans
Le tract de la CFDT liste, de manière « non exhaustive » dix cas d’agressions du personnel plus ou moins graves rien que de mi-mars à fin mai. Un conducteur ayant d’ailleurs été par exemple frappé au visage le 17 mai, un vérificateur (contrôleur) bousculé violemment le 26 mai, entraînant un arrachement ligamentaire au niveau du doigt. Agressions plus ou moins violentes (jusqu’à être « roué de coups »), verbales et/ou physique, crachats, menace de morts, tirs avec des pistolets à bille… L’expression du ras-le-bol n’a rien de ponctuel : elle est structurelle et l’action syndicale de jeudi seulement son dernier épisode. Début avril par exemple, la mobilisation précédente de la CFDT avait eu le soutien de la CGT qui avait d’ailleurs accompagné un « droit d’alerte danger grave imminent » plus tôt encore, auprès de la direction, le 14 mars. Le syndicat CGT réclame aussi davantage de moyens humains, assurant que le passage de 45 à 53 communes en 2018 et l’extension des horaires la nuit jusqu’à 2 h 30 n’a donné lieu à aucun « moyen humain supplémentaire ».
Nous avions porté cette nécessité auprès des candidats aux Municipales de Saint-Etienne en 2020 : créer un service spécifique d’une trentaine d’agents.
Hicham Tamsna, délégué syndical Stas de la CFDT
Mais pour ce qui est de jeudi, la CFDT se dit seule à agir, comme seule à porter la revendication. « Apparemment, à la suite de nos discussions avec nos collègues de la CGT, je comprends que les dernières réponses apportées par la direction sur la sécurité leur conviennent. Les autres syndicats semblent absents de ce débat », explique Hicham Tamsna. Contactée à son tour, la CGT Stas ne confirme pas : « Non, nous ne sommes pas satisfaits des réponses données. Et oui, nous n’avons pas participé au dernier mouvement CFDT parce que nous ne sommes pas d’accord avec cette revendication spécifique de police métropolitaine. Mais bien sûr, la sécurité est un problème central grandissant et il n’y a pas les moyens humains en face. Voire en recul avec par exemple la diminution du service prévention », explique Vincent Delorme, représentant CGT. Reste que la question d’une police des transports en commun est posée par la CFDT. Elle ne date pas d’hier, rappelle Hicham Tamsna : « Nous avions porté cette nécessité auprès des candidats aux Municipales de Saint-Etienne en 2020 : créer un service spécifique d’une trentaine d’agents. Gaël Perdriau l’avait mis dans son programme électoral. Au début de son mandat, on nous a indiqué que le coût était conséquent et qu’il convenait sans doute de rendre ce projet métropolitain. »
Il en coûterait plus de 2 M€ par an
Selon la CFDT, qui dit par ailleurs avoir rencontré il y a un mois Nicole Peycelon, adjointe municipale à la tranquillité, pour essayer d’obtenir une présence accrue de la police municipale stéphanoise sur le réseau, y compris à l’intérieur des véhicules, il en coûterait plus de 2 M€ par an, en charges de fonctionnement supplémentaires. Hicham Tamsna ne manquant pas de lancer que cet ajout lui paraît plus que jamais faisable « quand on voit la hausse des budgets communication discutée hier »… Luc François, vice-président aux transports de la Métropole, entre deux discussions avec les membres du syndicat hier après-midi juste avant la séance, nous a confirmé que le sujet s’était invité à la table de Saint-Etienne Métropole au début du mandat mais n’avait pas donné lieu à une avancée depuis. Le voilà relancé ? « Cela reste en réflexion, répond l’élu. Ce n’est pas quelque chose d’impossible. Toutefois, si on devait arriver à un accord au sein de l’assemblée, il n’est pas envisageable de voir le projet concrétisé avant plusieurs années. Montpellier y travaille depuis 4 ans et n’y est toujours pas. Il y a le choix financier, il y a les problématiques administratives, la délégation de pouvoir de police des maires en particulier. »
Il y a le choix financier, il y a les problématiques administratives, la délégation de pouvoir de police des maires en particulier.
Luc François, vice-président aux transports de Saint-Etienne Métropole
Ajoutons que l’ambiance, au niveau des finances métropolitaines – qui ne sont toutefois pas en danger et restent « saines » -, n’est pas « à la fête », comme d’ailleurs dans la plupart des collectivités locales. Bien moins qu’il y a 2 ans en tout cas avec cette capacité d’investissement présentée comme, a minima, au moins doublée, sur le mandat en cours par rapport au précédent. Cela à la suite d’une hausse de la fiscalité. Alors quelle autre politique publique métropolitaine devrait pâtir de la création d’un nouveau service de sécurité ? Faut-il renoncer à un peu plus encore à certains investissements espérés au profit d’un peu plus de frais de fonctionnement ? « Nous sommes conscients que ce fléau à des causes multiples. Chaque institution doit prendre sa place », synthétise, elle, la CFDT. L’argument de la CGT porte, lui, justement sur la répartition des compétences : « Il existe normalement déjà une brigade nationale dévolue à la sécurité dans les transports. C’est à l’Etat pas à une collectivité d’assurer cette sécurité.»