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Le football à « Sainté », le basket à « Saint-Cham » (2/2)

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Vue extérieure de la salle omnisports et de son parking de 300 places, implantée à La Varizelle, à la sortie immédiate de la RN88 © Chabanne/Yam Studio

C’est avant tout le fruit d’un travail titanesque, d’une addition de bons choix, tous effectués aux bons moments. Le tout « shooté » par une bonne étoile. Qui aurait imaginé, il y a 20 ans, que le Saint-Chamond Basket, alors nouveau venu au 4e échelon national, allait patiemment mais sûrement devenir un solide pensionnaire de Pro B ? Au point de se voir bientôt accorder une salle de 4 000 places et de songer à viser plus haut… Épisode 2 : l’ère métropolitaine.

Il y a des avenirs qui se jouent au panier près. Par exemple, celui raté à la dernière minute d’un temps réglementaire un jour de mai 2017 par un joueur de la Chorale.  « C’était le dernier match. Il fallait gagner à Roanne pour que Saint-Chamond reste en Pro B. Nous étions menés de 21 points à 9’30 de la fin et il n’y avait que Bernard (Karsenti, NDLR) pour y croire », raconte Serge Richier, vice-président. Mais les Couramiauds obtiennent bien la prolongation puis prennent le dessus, arrachant ainsi le maintien. Et sans doute bien plus encore…

« Cinq jours plus tôt, nous répétions le slogan « le football à Saint-Étienne, le basket à Saint-Chamond » aux élus de Saint-Étienne Métropole lors d’une réunion de travail décisive en présence de la Ligue du Lyonnais et de la Fédé », se souvient Bernard Karsenti, dirigeant et médecin du club. Parmi les auditeurs, le maire stéphanois et président d’agglomération, Gaël Perdriau, son vice-président aux sports Roland Goujon et, bien sûr, Hervé Reynaud, maire de Saint-Chamond. Objectif : accentuer le soutien montant de la Métropole stéphanoise, plus particulièrement finir de la convaincre du bienfondé d’une grande salle avec pour principal utilisateur le SCB. Un retour chez les amateurs de Nationale 1, alors qu’un autre club du territoire – l’ALS Basket Andrézieux-Bouthéon – évoluait à ce même niveau aurait-il politiquement contré ces ambitions ? Mieux valait ne pas s’y risquer…

La salle omnisports – 4 200 places en optimum – doit être livrée le 18 avril 2022. © Chabanne/Yam Studio

Fusion avec Saint-Étienne : un non sur le buzzer

Les risques, les dirigeants du SCB savent apparemment les mesurer. C’est ce qui leur firent dirent « non », au dernier moment, à la fusion avec le Case basket (Saint-Étienne, alors en N1 mais habitué de la Pro B) et l’AL Roche-la-Molière pour former avec ces deux clubs le Saint-Étienne Métropole Basket après, pourtant, des mois de discussions. « C’est un président stéphanois, dirigeant du BTP qui a lancé en 2010 l’idée d’un grand club avec nous et l’ALS Andrézieux. On voulait faire grandir le basket en sud Loire et on y croyait. Mais le projet a capoté avec le retrait rapide d’Andrézieux », explique Serge Richier.

L’idée rebondit dès l’année suivante mais avec l’AL Roche. « On a multiplié les réunions sur le sportif, l’administratif, le financier… J’ai refusé la présidence car j’étais sur le point de quitter celle de Saint-Chamond. Il y avait une énorme ardoise du Case basket, plusieurs centaines de milliers d’euros. On le savait et on essayait de voir comment épurer tout ça… » Mais le 30 mai 2011, à la veille de signer, le SCB renonce : « Lors de l’ultime réunion, on a découvert des difficultés financières plus importantes, assure Serge Richier. Il y avait aussi de profondes divergences sur la gouvernance… » L’union ne se fera qu’à deux. Elle dépose le bilan l’année suivante. Le SCB en tire la leçon : son ascension, il l’orchestra depuis le Gier.

Le pivot métropolitain

À l’issue de la saison 2011/12, le club fonde l’Union basket vallée du Gier, avec Rive-de-Gier, Lorette et L’Horme, d’abord pour fédérer les équipes jeunes. Puis en 2013 vient la fusion avec Rive-de-Gier : le « Saint-Chamond Basket Vallée du Gier » (SCBVG) dépasse les 400 licenciés. « Le président ripagérien, Jean-François Ravat, a intégré notre comité directeur et ses dirigeants notre bureau. L’équipe B joue là-bas, souligne Serge Richier. Bref, il s’agit d’un vrai mariage ». Mais la portée de l’alliance ne se limite pas aux rives du Gier. Elle permet de peser comme jamais au sein de Métropole avec, cette fois-ci, tous les élus de la vallée acquis à sa cause. Le soutien est alors inédit (si on met l’ASSE et son stade de côté) pour un club : l’agglomération va doter l’union non de subventions mais de « prestations » : d’abord 50 000 € par an puis 75 000 € en 2014/15 et 180 000 € de nos jours.

Le fait que le SCBVG soit resté un club mixte (avec un tiers de licenciées), contrairement à beaucoup d’autres ne fait que justifier un peu plus l’appui métropolitain. Surtout que Saint-Chamond a passé une CTC (Coopération territoriale de clubs) avec l’Association Saint-Étienne Basket, héritière du feu Case, mettant en commun des moyens et leurs équipes 1 (en NF3) et – 18 ans avec, là aussi des ambitions et des matchs joués alternativement à Pierre-Maisonnial et Boulloche.

L’agglomération s’ajoute ainsi aux subventions conséquentes et jamais démenties du Département et, bien sûr de la Ville de Saint-Chamond. « Ils nous ont toujours bien accompagnés. Mais l’ancien maire Gérard Ducarre (président du club 1977 à 1982, NDLR) nous disait souvent, qu’arrivé à un certain stade, la Ville ne pourrait pas aller plus loin. » D’ailleurs, dès 2007, l’idée d’une nouvelle salle pour remplacer Boulloche est évoquée à Saint-Étienne Métropole. Ce qui allait devenir le site Novaciéries est évoqué pour l’accueillir. Mais si à partir de 2008, la municipalité Kizirian maintient son soutien, l’agglomération, elle, sort de la période des grands travaux de Michel Thiollière. Elle est désormais dirigée par Maurice Vincent. Et il a d’autres chats à fouetter que les Couramiauds : la rénovation du stade Geoffroy-Guichard pour 70 M€.

La salle omnisports livrée en avril 2022

L’entrée du SCBVG dans le monde professionnel en 2015 conduit à l’évidence : les 1 300 places de Boulloche, même remise à neuf, ne suffisent plus. La halle est pleine les soirs de matchs. En créant les 5 000 places de l’Ekinox, Bourg-en-Bresse, dont le club est aujourd’hui en Jeep Élite, a doublé son affluence et fait référence. « Il a néanmoins fallu se battre, ce n’était pas gagné d’avance, il y avait la concurrence d’Andrézieux, confie le maire de Saint-Chamonais, Hervé Reynaud, vice-président aux grands équipements (et ex-joueur de l’équipe 1 du club). Mais en termes d’aménagement, rien de délirant à ce que Saint-Chamond, deuxième ville du département et de la métropole accueille un équipement événementiel sportif de ce calibre. Celui-ci manquait de toute façon à une métropole digne de ce nom. »

La salle « omnisports » pourra en effet servir à d’autres usages que ceux du principal occupant. « Nous avons obtenu qu’elle soit construite à La Varizelle, donc non loin de Saint-Étienne, à la sortie immédiate de la RN88, où un échangeur autoroutier complet va être construit », rappelle Hervé Reynaud. Ses travaux de terrassement et de réseau ont commencé début octobre. Elle devrait être livrée fin avril 2022. 31 M€ sont investis par les collectivités (10 par Métropole, 10 par la Région, 8 par le Département, 3 par la Ville) dans ces 9 600 m2 d’une capacité maximale de 4 200 places pour sa salle principale (+ 300 en annexe). Une somme qui intègre le chantier confié à Citinea (Vinci Construction) et l’entretien-gestion du bâtiment pour 8 ans à Dalkia (EDF).

Le terrassement et la mise en réseau du terrain – 30 183 m2 – de la salle ont commencé début octobre. Sans la Covid, la cérémonie de la première pierre aurait eu lieu le 22 octobre © XA / If Média

Avec cet équipement qui le pare pour la Pro A, le SCBVG suit encore une fois un plan sans accrocs : « « Horizon 2022 » prévoyait après l’installation en Pro B, la participation régulière aux play-offs puis l’appropriation de la salle, énumère Serge Richier. Ce que ça va changer ? On peut espérer une fréquentation moyenne de 2 500-3 000 spectateurs. Et avec, seulement une légère augmentation des prix, multiplier par 6 ou 7 les revenus liés à la billetterie (actuellement de 80 000 euros par an), aux prestations fournies à nos partenaires (682 places VIP, NDLR) et à notre propre événementiel. » De quoi devenir prétendant à la montée en Jeep Élite en 2025 ? Clairement oui, mais il reste du travail. « Les gros budgets de Pro B, c’est 3,5, voire 4 M€ (Saint-Chamond est à 1,8 M€, NDLR), tempère Bernard Karsenti. Et les places sont chères en Pro A avec des bastions imprenables. »

« Moi, j’imagine bien de sacrés derbies avec la Chorale et l’ASVEL en Jeep Élite »

Le coach Alain Thinet sur le site de la LNB (mai 2018)

Sauf que si Bourg-en-Bresse, Roanne et Nanterre sont de la partie, pourquoi pas Saint-Chamond ? Avec une culture professionnelle qui s’enrichit chaque saison – merchandising, communication, matchs de gala – de son partenariat passé il y a 5 ans avec l’Asvel de Tony Parker, il ne manque plus que la labellisation officielle du centre de formation pour que le club y soit « légalement » autorisé. Elle est espérée d’ici la fin de la saison en cours puisque le logement, le suivi médical et la scolarisation (à Tezenas du Montcel, comme pour l’ASSE) de ses pensionnaires ont déjà été validés. Ne manque que l’obtention du brevet d’État de l’entraîneur qui le passe cette année. Une labellisation déclencherait des aides financières de la Région soulageant un investissement de 280 000 € par an. 

Bref, souhaitons aux envies du coach Alain Thinet, retranscrites sur le site de Ligue nationale de basket en mai 2018 de devenir réalité : « Moi, j’imagine bien de sacrés derbies avec la Chorale et l’ASVEL en Jeep Élite. On va devenir – et on est déjà un peu – le club de la métropole stéphanoise. Et la métropole, ce sont 400 000 habitants, donc un bassin suffisant pour exister dans l’élite. On a donc une ambition mesurée, mais un vrai projet de grandir encore. Pour moi, l’avenir de Saint-Chamond, avec la Vallée du Gier et Saint-Étienne, c’est d’être en Jeep Élite dans les années à venir. »

Le football à « Sainté », le basket à « Saint-Cham »

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