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Rémy Coste, le champion d’Europe des mushers, vient de l’Ondaine

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Mais à 47 ans, il vit aujourd’hui isolé du monde, dans le nord de la Suède, en Laponie. Champion d’Europe 2020 des courses de traîneaux à chien, Rémy Coste est le quadruple tenant du titre et favori de l’épreuve reine du Grand Odyssée Savoie Mont Blanc, l’équivalent du Tour de France dans l’univers du mushing, décrit-il. Il s’alignera à nouveau du 8 au 19 janvier 2022 pour remporter les 11 étapes de la 18e édition. Portrait.

Ligérien d’origine, Rémy Coste est l’un des tous meilleurs européen de sa discipline. © Charles Ripon/Odyssée Savoie Mont Blanc

Non, ce ne sont pas des randonnées en chiens de traineaux, comme proposées de nos jours dans le Pilat ou les monts du Forez qui ont suscité chez lui cette vocation. Rémy Coste n’a pas découvert cet univers enfant. Mais sur le tard, alors qu’il avait déjà bien entamé sa trentaine. Sa première vie, c’est celle d’un boulanger. Et là aussi de très haut niveau.

« Je suis né à Saint-Etienne même. Mais j’ai ensuite surtout vécu dans l’Ondaine, au Chambon-Feugerolles et à La Ricamarie. Mon oncle tenait une boulangerie place Jacquard à Sainté. Et très jeune, dès 5-6 ans je crois, je suis tombé dedans : ma vocation ne faisait aucun doute. » Entré en apprentissage dès que possible, Rémy Coste n’a pas perdu pas un seconde, comme aujourd’hui avec ses chiens de traineau. Avant cela, au CAP a vite succèdé un brevet professionnel puis le brevet de maîtrise obtenu à seulement 18 ans. Pour ce dernier diplôme, le jeune homme a alors déjà quitté la Loire et rejoint l’Institut national de la boulangerie pâtisserie (INBP) de Rouen.

Dirigeant à 18 ans, formateur à 19, Mof à 26…

Rémy Coste, lors de l’Odyssée Savoie Mont Blanc 2021. © Odyssée Savoie Mont Blanc

Major de sa promotion, le Ligérien a l’embarras du choix pour se lancer dans la vie active. « Mais j’avais envie de diriger et j’ai eu une opportunité de le faire immédiatement aux Etats-Unis, à Chicago. Je suis resté un an là-bas. Puis je suis revenu à l’INBP pour devenir formateur. » Enseignant à seulement 19 ans ! De quoi passer sa vie en voyages entre la France et l’étranger, découvrant lui-même d’autres méthodes de travail. Mof (meilleur ouvrier de France) à 26 ans, Rémy Coste ne perd décidément pas de temps  – « il ne faut pas, la vie est trop courte » – et quitte l’INBP pour se lancer dans l’entrepreneuriat à Megève, en Haute-Savoie.

Dix années durant, où il parviendra à reproduire en sept autres exemplaires sa première boulangerie-pâtisserie-salon de thé baptisée « Le refuge du Boulanger ». Mais à la fin des années 2000, Rémy Coste, jusque-là si pressé, est un homme lassé. « Je ne prenais plus de plaisir. Les contraintes de l’entreprise me pesaient. J’ai tout vendu. » Pour faire quoi ? « A cette époque, déjà passionné par les grands espaces, j’avais découvert l’univers des chiens de traineaux en vacances au Canada. Ça m’a énormément plus, j’ai effectué une douzaine de voyages là-bas pour apprendre puis élevé mes premiers chiens. Et j’ai finalement ouvert mon activité autour de ça, à Megève. »

Le premier quintuple vainqueur de l’Odyssée Savoie Mont Blanc

Dès le départ, au bout de 20 m, j’avais compris que la compétition, c’est ce que je souhaitais faire

Rémy Coste

Non sans avoir obtenu un diplôme d’Etat de conducteur d’attelage (dit « musher ») de l’Ecole française de mushing (EFM) en 2010 dont il devient, naturellement, un des formateurs. C’est pour faire la promotion de l’école qu’il participe à une des épreuves mineurs du Grand Odyssée Savoie Mont Blanc en 2012. « Dès le départ, au bout de 20 m, j’avais compris que la compétition, c’est ce que je souhaitais faire avant tout », se souvient-il. Champion de France dès 2013, il remporte sa première Grande Odyssée en catégorie open (pool de 12 chiens) en 2016. Il s’agit de l’épreuve phare du Grand Odyssée Savoie Mont Blanc qui se joue en 11 étapes quotidiennes successives.

© Benoit Diacre/Odyssée Savoie Mont Blanc.

S’il ne conserve pas son titre en 2017, Rémy Coste remporte à nouveau l’épreuve en 2018, 2019, 2020 et 2021. L’an passé, avec ses scandinavian hounds, il est arrivé avec plus d’une heure d’avance sur le second parcourant les 311 km cumulés en 11 jours en un peu plus de 14 heures. Parallèlement à cette compétition, « l’équivalent du Tour de France dans l’univers du mushing », qu’il est le premier à avoir gagné à cinq reprises, Rémy Coste s’est rapidement taillé un palmarès impressionnant : Norway Trail, le championnat de France plusieurs fois et dernièrement, le championnat d’Europe, sans même citer ses podiums à répétition.

Et ce n’est pas la cinquantaine approchante qui semble le refroidir. « Ce n’est pas un sport où il faut avoir entre 20 et 35 ans pour performer. Ok, il faut une bonne condition physique mais la technique, l’expérience comptent énormément. Je peux vous citer le cas d’un musher allemand qui à 80 ans continue à faire de la compétition même si ce n’est plus sur les épreuves majeures. » Seulement pour atteindre ce niveau-là, les latins comme lui – son principal rival est d’ailleurs espagnol – ont besoin de passer beaucoup de temps en Europe du Nord.

Une vie d’isolement près du Grand Nord

Rémy Coste vit avec sa compagne à Älgbäck, en Laponie. © Capture d’écran Google.

Alors, une nouvelle fois, il y a cinq ans, Rémy Coste a décidé de prendre un tournant radical. Il est parti avec son amie, Aurélie Delattre, elle aussi championne de la discipline, pour s’installer dans le nord de la Suède, en Laponie, à Älgbäck. Là-bas, ce n’est pas la foule qui risque de les déranger…  « Le premier voisin est à 6 km, le premier hameau et ses 26 habitants à 10. Et pour trouver un commerce, il faut faire 80 km aller/retour.» Heureusement, grâce à sa première vie professionnelle, impossible qu’une dispute éclate sur l’oubli du pain. « On vit isolé du monde, loin de ses règles, des ses  actualités, en dédiant notre vie à notre activité, aux entraînements, à nos chiens dès 3 ou 4 du matin. Ça nous va très bien. Quand on retrouve la civilisation pour effectuer des compétitions, nous n’avons qu’une hâte : rentrer. »

Le couple est isolé oui mais pas complètement. A Älgbäck, il a créé son activité de séjours touristiques. Car malgré son pedigree, Rémy Coste ne vit pas de son sport. « Il y a des gains liés au Grand Odyssée, du sponsoring mais cela couvre à peine mes frais. » Pour en tirer des rémunérations significatives, il faut aller se frotter aux sportifs professionnels du Canada. Et Rémy Coste l’avoue : il irait bien là-bas donner un nouveau tournant à sa vie. Ce ne sera sans doute pas le dernier.

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    1 commentaire

    Formidable parcours ! J’aime beaucoup cette discipline et suis en admiration devant ces chiens. Rémy Coste, c’était aussi le nom de mon père (même orthographe ). Lui aussi était montagnard pyrénéen. Ne dans le village des Angles près Lourdes (65) . ZRésistant pendant la guerre 39/45 , il est hélas mort en déportation.

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