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vendredi 26 avril 2024
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Saint-Étienne, eldorado immobilier du post-confinement ?

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immobilier à Saint-Étienne - Eldorado
La place de l'Hôtel de Ville pendant le confinement © Niko Rodamel

Avec des prix défiants toutes concurrences pour une ville de cette envergure en France, Saint-Étienne fait figure d’eldorado pour investir dans l’immobilier. Si le marché avait tendance à repartir, avec une année 2019 record sur la dernière décennie, qu’en sera-t-il après la crise ? Éléments de réponse.

« Bien malin qui pourra dire ce qui nous attend » assure d’emblée le président de la chambre des notaires de la Loire, maître Alain Courtet, lorsqu’on lui demande comment se portera l’immobilier stéphanois après la crise. Alors que les marchés stéphanois et ligérien avaient repris des couleurs lors de l’année 2019… Selon les chiffres communiqués par cette même chambre des notaires début mars 2020, les volumes de ventes annuels dans la Loire avaient poursuivi leur progression avec des augmentations de volumes de vente de +7%. Cette progression étant valable autant pour les appartements anciens que pour les maisons anciennes. Ces chiffres atteignaient alors leur plus haut niveau sur les 10 dernières années. Les prix médians de ventes avaient également repris du poil de la bête, avec notamment une évolution de +8,1% sur un an pour les appartements anciens et de +8,2% sur les maisons anciennes à Saint-Étienne. Mais patatras ! Le Covid-19 est arrivé depuis, accompagné par une vaste incertitude.

Un marché de l’immobilier à Saint-Etienne fortement ralenti

Depuis le début du confinement, l’activité de transaction immobilière est à l’arrêt total ou presque. « C’est un peu comme si on avait appuyé sur le bouton OFF, détaille Hubert Guignand, agent immobilier au Cabinet Humbert à Saint-Étienne. Depuis plus d’un mois, notre travail est bloqué. Nous avons des dossiers qui avancent un peu chez les notaires, mais il n’y a plus de visites de biens possibles et donc plus de mouvement. »

Du côté des offices notariaux, on poursuit une activité mais forcément en effectif réduit. « Nous nous efforçons de rester à l’écoute de nos clients, explique Maître Courtet. Nous sommes 5 à travailler à l’étude contre 25 en temps normal. La réalisation de signatures n’est pas impossible mais ralentie. Il faut déployer une énergie considérable pour sortir un dossier… Les blocages se situent moins à notre niveau qu’à celui du déménagement ou du problème des clefs… » Malgré, ces blocages, une innovation toute récente permet de continuer à valider quelques ventes. « Nous n’avons certes pas droit de recevoir de clients ni d’aller à leur rencontre physiquement, mais on peut trouver des moyens de signatures par procuration. Depuis début avril, il existe la procédure d’acte avec comparution à distance qui permet au notaire de signer un acte authentique après avoir recueilli le consentement de son client grâce à la visioconférence et un système strict de procédure en ligne. »

« Il est certain que les volumes de vente en 2020 seront moins importants qu’en 2019, année record »

Maître Alain Courtet, président de la chambre des notaires de la Loire

La quasi-certitude d’un impact sur les volumes de ventes, même si…

Concernant l’impact de la crise, même si le flou demeure, un point semble clair : on ne devrait pas connaître un effondrement du marché de l’immobilier stéphanois. « Dire que le marché s’écroulerait, je n’y crois pas du tout, assure Hubert Guignand. Il n’y a pas de baisse de prix actuellement. On ne sait simplement pas ce qui va se passer. Je pense simplement que le volume de ventes va baisser. Les banques prêtaient assez facilement. Je pense qu’elles seront beaucoup plus frileuses après la crise. On devrait voir aussi moins d’achats plaisir dans l’immobilier, par exemple pour des résidences secondaires. »

Même son de cloche chez Maître Alain Courtet. « Il est certain que les volumes de vente en 2020 seront moins importants qu’en 2019, année record, explique-t-il. Peut-être aussi simplement car les emprunts seront donnés en priorité aux entreprises plutôt qu’aux particuliers. » Mais l’immobilier devrait, selon lui, conserver ses caractéristiques propres. « La notion de valeur refuge devrait rester. Concernant les prix dans la Loire et notamment à Saint-Étienne, ils restaient bas même s’ils avaient tendance à remonter légèrement ces derniers mois. J’ai quand même du mal à croire que ces derniers redescendent énormément. »

Des opportunités inédites et la remise en question d’un mode de vie

Outre des conséquences financières, le confinement pourrait également avoir des répercussions plutôt inédites sur la population et de facto sur le marché de l’immobilier. « D’une part, le confinement peut malheureusement faire des dégâts dans les familles, explique Hubert Guignand. Les divorces ou séparations peuvent créer des opportunités et donc nous faire travailler en tant qu’agent immobilier. »

« Les divorces ou séparations peuvent créer des opportunités et donc nous faire travailler en tant qu’agent immobilier. »

Hubert Guignand, agent immobilier

Au-delà, c’est peut-être également sur notre relation à notre intérieur que les conséquences se feront sentir. « Pour aller plus loin, on va sûrement aller vers des remises en question. Par exemple, une personne, habitant en dehors d’un centre, aura vécu pendant le confinement, un peu loin de tout, se reposera peut-être la question de revenir dans le centre avec du commerce de proximité… » Si cette prédiction s’avère correcte, peut-être assisterons-nous alors à une réappropriation progressive du centre-ville stéphanois, tout en devenant un point de chute privilégié des Lyonnais, entre autres ?

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