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lundi 6 mai 2024
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Casino : « Une véritable saignée sociale mais moins pire que prévue pour le siège de Saint-Etienne »

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La nouvelle direction de Casino ayant officiellement communiqué ce matin une synthèse de ses intentions entre plan de développement et surtout de restructuration pour ce qu’il reste du groupe, l’intersyndicale a réagi par son propre communiqué. Mais aussi à la sollicitation spécifique d’If. Selon elle, davantage de postes ont été supprimés en Ile-de-France : de quoi, entre autres, limiter les dégâts déjà conséquents au siège de Saint-Etienne…

Lors de la grande manifestation de décembre dernier organisée par une intersyndicale que FO a depuis quitté. ©If Saint-Etienne/JT

Ce document-là fera, à lui seul, environ 1 000 pages. Un exemplaire a normalement été envoyé ce matin aux membres des comités sociaux et économiques centraux (CSEC) de Distribution Casino France (DCF) et d’Easydis. Leur convocation ce 24 avril n’étant qu’une manifestation très formelle du processus en cours pour présenter les grandes lignes de ce qui est détaillé dans ce document. Les véritables « échanges » avec la direction autour de la totalité des plans sociaux ne commenceront, eux, que le lundi 6 mai, à l’appui de cet épais dossier les explicitant. Le communiqué officiel publié ce matin par le groupe s’en veut la synthèse. Parallèlement, seront aussi alors lancées les négociations autour des différents Plans de sauvegarde pour l’emploi (PSE) des différentes entités couvertes par Casino.

Pour rappel, le nombre de suppressions de postes au sein de ce qui reste du groupe (les enseignes de proximité, Cdiscount, quelques entrepôts) sur les fonctions supports et de logistique et probablement aussi, pour au moins quelques-uns des 26 supers et hypers encore non vendus, va osciller entre 1 293 et 3 267. « L’intersyndicale Casino reste focalisée sur les échéances à venir et participera activement aux négociations de tous les PSE. Compte tenu de l’ampleur des annonces, les différents comités sociaux économiques des entreprises concernées se feront accompagner de conseils et d’experts », commente l’intersyndicale CGT, CFDT, UNSA et CFE-CCG. « D’ores et déjà, ajoute-t-elle, l’intersyndicale demande d’ouvrir des négociations de plans de départs volontaires pour les établissements (SBO, Aix 1…) et les sociétés (Cdiscount, Samada…) du groupe non concernés par les PSE afin de créer des opportunités et de minimiser les départs contraints. »

Davantage de postes supprimés à Paris

En ce qui concerne les PSE, les syndicats s’attendent à des « négociations âpres même si Monsieur Palazzi (nouveau DG, Ndlr) a pris l’engagement au nom du consortium, dirigé par Monsieur Křetínský de verser des indemnités supra légales ». Contacté par If Saint-Etienne en milieu de journée, l’un des portes-parole de l’intersyndicale, Jean Pastor, délégué CGT, à la lecture de la synthèse communiqué par la direction ce matin parle d’une « véritable saignée sociale à mettre d’abord sur le compte de la gestion de la précédente direction même si cette précision ne dédouane pas la nouvelle. Rappelons que Křetínský était déjà un actionnaire de référence vis-à-vis de la précédente gouvernance… Il reste à ce stade beaucoup de questions, d’angoisse pour les difficultés qui attendent nos collègues sur le carreau. » En ce qui concerne la Loire, « le bassin stéphanois sera effectivement le premier en pâtir mais c’est, il est vrai, moins pire que prévu pour le siège de Saint-Etienne avec « seulement » 554 emplois supprimés sur 1 564 ».

D’une part parce que des fonctions supports jusque-là externalisées par rapport au périmètre de la proximité vont être internalisées (« plus de 200 postes créés ou mutualisés à Saint-Etienne », annonce la direction). D’autre part, parce que, nous apprend Jean Pastor, « la casse pour le siège francilien est plus forte qu’envisagée initialement avec autour de 700 postes supprimés du côté de Paris (sur environ 2 000, Ndlr) où les gens se croyaient davantage à l’abri ». Le résultat de pressions politiques favorables à l’agglomération stéphanoise ? Selon un post envoyé vers 15 h sur le réseau X du député stéphanois Quentin Bataillon, « après un échange » avec Philippe Palazzi, les 1 010 emplois maintenus à Châteaucreux sont en partie affectés à de « nouveaux services » : « catalogue, informatique, service client, paie ».

26 magasins encore en vente, 8 sans marque d’intérêt

Reste que le différentiel entre le scenario le plus optimiste et le moins optimiste pour l’emploi, respectivement 1 293 et 3 267 suppressions, tient à deux inconnues à ce stade. Celle du devenir de la logistique : quatre des 12 entrepôts que comptait jusque-là le groupe ont, à ce stade, une continuation d’activité assurée. Celui de Cdiscount dans la Loire et de Saint-Bonnet-les-Oules d’Easydis, repris par ID Logistics à la demande de son client le groupement des Mousquetaires et pour lequel il va du coup désormais travailler. Ainsi que deux autres : un consacré à l’activité de proximité du groupe et un second d’Easydis, devant œuvrer, lui, pour Auchan. L’autre inconnue est le destin réservé à 26 hypers et supers encore non repris. « 18 d’entre eux ont reçu des marques d’intérêt de repreneurs potentiels dont nous ignorons le nom tout comme la situation géographique des magasins en question, précise Jean Pastor. Mais il faut encore que ça se fasse et 8 magasins sont donc pour l’instant sur la voie d’une fermeture. »

18 d’entre eux ont reçu des marques d’intérêt de repreneurs potentiels dont nous ignorons le nom tout comme la situation géographique des magasins en question.

Jean Pastor, délégué CGT Casino

Côté direction, Philippe Palazzi, nouveau DG du groupe Casino a commenté les intentions du groupe ainsi : « Après la restructuration financière du groupe et son recentrage sur les marques de proximité, ce projet de transformation constituerait une étape clé qui nous permettrait d’engager Casino sur une nouvelle trajectoire de développement. Nous allons investir significativement dans les points de vente d’ici 2028 afin de les moderniser et les réhumaniser (1,2 Md€, Ndlr). Nous souhaitons réaliser cette transformation en proposant un accompagnement responsable et personnalisé de tous les collaborateurs. »

Côté politiques, en cette fin d’après-midi de du 24 avril, la seule réaction officielle hors réseaux sociaux est venue du maire de Saint-Etienne Gaël Perdriau : « Nous devons rester mobilisés et à l’écoute, comme je l’ai toujours fait auprès des représentants syndicaux des salariés et des dirigeants, bien que nous ne disposions pas des leviers de décisions et d’actions dans la vie d’un groupe privé. En contact régulièrement, je rencontrerai prochainement de nouveau l’équipe de direction en place pour consolider la présence du groupe sur Saint-Etienne à travers entre autres son siège et préserver le plus grand nombre possible d’emplois, en rappelant que la véritable richesse du groupe, au-delà des chiffres de vente, a toujours été les femmes et les hommes qui y travaillaient. Ne l’oublions jamais. »

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