Conseil municipal de Saint-Etienne : Jacques Guarinos démissionne de la majorité

Il était des « neuf » de la majorité municipale qui réclament depuis plus d’un an, la mise en retrait total, a minima de leur maire Gaël Perdriau à la suite des premières publications de Médiapart. Une dizaine d’élus de la majorité qui en revanche souhaitent poursuivre leurs taches d’élus, adjoint ou conseillers, au sein de cette dernière arguant qu’ils entendent mener jusque bout le projet pour lequel ils ont été élus, Gael Perdriau ou pas. L’un d’eux, cependant, vient d’annoncer dans un communiqué ce lundi après-midi qu’il jetait l’éponge. Il s’agit de Jacques Guarinos, conseiller municipal délégué à l’évaluation des politiques publiques et à la qualité de la commande publique et délégué à la démocratie locale et aux associations. Voici ses explications dans leur intégralité :

« C’en est trop pour moi »

« Je viens d’adresser ce jour au maire de Saint-Etienne ma lettre de démission du conseil municipal. Depuis la fin août 2022, le profond malaise que je ressens suite à la série de révélations de Mediapart n’a fait que grandir. Jusqu’à ces derniers jours, les raisons qui me poussaient à rester conseiller municipal délégué, et qui tiennent au fait que je m’étais engagé à servir la Ville et ses habitants, parvenaient à prendre le dessus sur les raisons qui me poussaient à partir. Hélas, les dernières révélations ont encore ajouté au dégoût que m’inspire cette affaire, d’autant qu’on peut se demander maintenant si les effroyables pratiques qu’elle a mises au jour ne constituaient pas un système de fonctionnement. C’en est trop pour moi. J’admire le courage de celles et ceux de mes collègues du conseil municipal qui, tout en exprimant publiquement leur condamnation de ces faits révoltants et en réitérant leur demande de mise en retrait du maire, continuent d’œuvrer pour le bien de Saint-Etienne dans le cadre de leurs délégations.  Ils le font dans des circonstances qui sont loin d’être toujours faciles. »

« Pour ma part, je n’en suis plus capable. Depuis le début de l’affaire, les faits reprochés au maire, à son ancien directeur de cabinet et à deux autres protagonistes sont graves. La justice s’en est saisie et, en attendant l’issue de la procédure, les personnes mises en examen sont présumées innocentes. Sur ce point, il n’y a jamais eu débat. La prétendue négation du principe de la présomption d’innocence dénoncée par certains membres de la majorité municipale n’a jamais existé dans notre assemblée. Mais je me permets de rappeler que les mots « juger » ou « jugement » ne sont pas réservés au seul vocabulaire de la justice. Même sans être juge au tribunal, tout individu a le droit d’avoir un jugement personnel et de l’exprimer. Selon moi, l’affaire qui secoue notre ville impose aux membres du conseil municipal le devoir d’exercer leur faculté de jugement. Dans les enregistrements rendus publics en 2022, les paroles prononcées par le maire et son directeur de cabinet sont intolérables et moralement condamnables. Rien ne peut les excuser, elles ont été formulées posément et non sous le coup de la colère, et l’argument selon lequel chaque enregistrement n’est qu’un extrait d’une conversation plus longue n’enlève rien à leur caractère choquant. On ne peut pas faire comme si ces paroles ignobles n’avaient jamais été prononcées. »

« Le torrent de boue va donc continuer à éclabousser notre ville »

« Pour cette raison, mais aussi à cause de l’image désastreuse que cette affaire renvoie de notre ville, sans parler de la perte de crédit qu’elle a entraînée auprès des acteurs économiques et de nos partenaires que sont le Département, la Région et l’Etat, le maire de Saint-Etienne aurait déjà dû se mettre en retrait de ses fonctions depuis longtemps. Un petit groupe d’élus de la majorité, dont je faisais partie, le lui a demandé à plusieurs reprises, publiquement et lors d’entretiens individuels avec lui. Sans succès. J’espérais qu’avec les dernières révélations et les enregistrements abjects qui les accompagnent, le maire aurait la décence de se mettre en retrait, ce qui, pour moi, est un minimum. Quel que soit son degré de connaissance des agissements de son directeur de cabinet, et même dans l’hypothèse où il ne serait pas impliqué dans ce nouveau projet de « kompromat », c’est lui, Gaël Perdriau, qui a choisi de faire de Pierre Gauttieri son plus proche collaborateur, son homme de confiance, et qui l’a gardé auprès de lui pendant huit ans. »

« Mais Gaël Perdriau n’a annoncé ni sa démission ni sa mise en retrait. Le torrent de boue va donc continuer à éclabousser notre ville et sa municipalité sans rien pour en atténuer les effets. Avec le risque qu’il détruise une bonne partie du travail accompli depuis 2014 par Gaël Perdriau lui-même et ses équipes pour redynamiser Saint-Etienne et redorer son image. Quel gâchis ! La déception, immense, et le dégoût que je ressens ont eu raison de ma capacité à trouver l’énergie nécessaire pour continuer à remplir mes engagements auprès des Stéphanois. Je leur demande de bien vouloir m’en excuser. »