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Antennes relais : décriées sur tous les toits

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Antenne-relais

En ville comme à la campagne, les opérateurs se bousculent pour installer la 4G ou la 5G à leurs clients. Des antennes relais qui poussent sur les toits ou dans les champs, et qui ne sont pas sans provoquer de mauvaises ondes chez les riverains concernés…

« On n’est pas des révolutionnaires, on n’est pas contre la technologie, mais là, c’est de la surenchère », lance Stéphane Mialon. En s’installant dans un petit village de moins de 600 âmes près de Montbrison, cet habitant de Saint-Thomas-la-Garde et sa famille sont venus chercher la tranquillité et la quiétude des paysages de campagne. Il semblerait que Bouygues en ait décidé autrement. En effet, depuis quelques semaines, il est question d’installer une antenne relais de 32 mètres de hauteur sur un terrain agricole à proximité de son habitation…

Le double en dix ans

Antenne-relais
Photo d’illustration de Pixabay.

« Le projet est prévu sur un terrain privé sur lequel il y a actuellement des vaches. Il y a quelques maisons autour et surtout, c’est un carrefour de randonneurs. Cela va entraîner une vraie pollution visuelle alors qu’il y a déjà une antenne comme celle-ci à 700 mètres. » Et Stéphane Mialon d’ajouter que dans cette affaire, ni le maire, ni la préfecture, ni les riverains n’ont été consultés. Au 1er novembre, l’Agence nationale des fréquences recensait 65 947 sites de réseaux mobiles en France. C’est presque le double du chiffre de 2012, année du lancement de la 4G dans le pays, qui en comptait un peu plus de 36 000. Tout le monde veut pouvoir accéder à ses e-mails et à Internet depuis partout ? Certes. Mais pas que…

Trop de mâts

En effet, si le chiffre a augmenté de manière exponentielle, c’est aussi parce que rien n’oblige les opérateurs à mutualiser les pylônes d’antennes relais. Aussi, Free, Bouygues, SFR et Orange sont alors davantage dans une démarche concurrentielle qu’esthétique. « Saint-Thomas-la-Garde n’est pas en zone blanche. Bouygues veut s’y installer alors que j’ai tous mes abonnements chez eux et aucune difficulté. Il n’y aura donc aucun impact positif pour les habitants, uniquement négatif. On voit déjà au loin l’antenne existante ! » Une autre antenne qui appartient à un autre opérateur. C’est ce qui fait penser à Stéphane Mialon qu’il s’agit de surenchère plus que de service. C’est pourquoi un collectif a été monté avec des pétitions et un site dédié.

Connecting people

Le terrain de Saint-Thomas-la-Garde où le projet d’antenne-relais est prévu, avec, au loin, l’antenne déjà existante.

« Il y a sûrement d’autres endroits à proximité où cela serait moins nuisible, on ne comprend pas trop. C’est pourquoi j’ai contacté l’opérateur qui m’a dit qu’il allait se mettre en relation avec le maire. Normalement, une demande d’autorisation va être faite auprès de la mairie. J’ai aussi contacté un cabinet d’avocats ». Car le riverain n’est pas dupe. Plus que l’obtention du refus de cette installation, qui n’incombe pas au maire puisque le terrain n’est pas communal, il espère surtout que l’opérateur leur propose un plan B, dans une zone moins dégagée. « La moindre des choses serait d’être consultés, habitants et municipalité, et d’y réfléchir ensemble ». Un sentiment partagé par la cliente d’Hallima Mellouki, avocate d’une habitante de Bergson, à Saint-Etienne.

Un loyer pour l’antenne

Propriétaire d’un appartement du quartier, une antenne-relais a été installée sur le toit de l’immeuble mitoyen. « Free avait demandé l’autorisation du conseil syndical de son immeuble et elle lui a été refusée par les co-propriétaires, précise l’avocate. Ceux de l’immeuble situé à côté, en revanche, ont eux dû accepter. » Et pour cause, les opérateurs de téléphonie mobile ont l’obligation de verser un loyer à la copropriété quand celle-ci autorise l’installation d’antennes relais. Géré par le syndicat de copropriété, le loyer en question est réparti entre les copropriétaires au prorata de leurs tantièmes. « Résultat, on se retrouve avec une antenne face à un Ehpad, et à proximité de deux écoles. Il peut y avoir des risques environnementaux et sanitaires. »

Quels risques ?

Les trois immeubles mitoyens de la rue Bergson, face à la maison de retraite, qui ont vu une antenne s’installer sur le toit du bâtiment central. ©JT/ If Saint-Etienne.

Sur ces points, difficile de trouver des études qui tranchent. Le portail du Gouvernement dédié aux radiofréquences estime qu’« à ce jour, l’expertise nationale et internationale ne conclut pas à l’existence de risques sanitaires liés à une exposition aux champs électromagnétiques émis par les antennes-relais de téléphonie mobile ». Cependant, elle ne conclut pas à son absence de risques. Hallima Mellouki entend alors saisir le tribunal. Sa cliente estime, elle aussi, ne pas avoir été consultée. Car il ne s’agit pas là de cas isolés. On trouve des pétitions de ce genre dans de nombreuses communes. Dans un autre quartier stéphanois, Valbenoîte, un immeuble compte pas moins de quatre antennes sur son toit. Pas de jaloux chez les opérateurs…

A l’antenne

Cela avait d’ailleurs fait l’objet de discussions lors du dernier Conseil municipal. Interrogée par l’opposition sur ce surplus d’antennes boulevard Valbenoite, Laura Cinieri, conseillère municipale déléguée à la santé et à l’environnement, avait rencontré les habitants pour connaître leur sentiment. « J’ai également écrit aux opérateurs pour relayer leurs inquiétudes. On a une instance de concertation qui est récente et que monsieur le maire peut solliciter dans ce cas. Nous avons décidé que le levier revienne au niveau national. C’est la première fois qu’elle est déclenchée car elle est récente. Elle réunira des représentants de l’État, de l’ARS, et la parole sera aussi donnée aux habitants autour de cette instance ». Quant à savoir si l’Etat prendra le relais…

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