Départementales et Régionales : aujourd’hui, la Loire vote deux fois
Et sauf là où ce ne sera pas forcément nécessaire un dimanche prochain aussi ! Menacés comme jamais par l’abstention, les deux scrutins qui ne réclameront qu’un seul déplacement dans vos bureaux de vote, parfois dédoublés, ne manquent pourtant pas d’importance à qui veut faire entendre son avis sur des politiques publiques conçues par et pour le local. Qu’il s’agisse des élections départementales ou régionales, ces votes décideront de leur orientation, qu’elles soient déléguées par l’Etat ou pleinement décentralisées. A commencer par le Département. Alors, aux urnes Ligériens !
Il y en a quand même quasiment pour 830 M€ d’argent public. C’est en effet cette somme que le Département de la Loire va manier en 2021. Un budget par et pour le territoire de la Loire. Dont 111 M€ sont consacrés aux seuls investissements.
La partie sociale du budget est la plus importante. Elle représente près de 67 % des dépenses de fonctionnement total. Soit 461,3 M€ qui sont consacrés aux « solidarités humaines ». Autonomie (handicap et personnes âgées), insertion (la gestion RSA notamment), protection de l’enfance, y compris des mineurs non accompagnés, et des familles… Tout cela relève des compétences du Département. Même si l’État en finance une partie.
Ce n’est pas tout. En tant qu’aménageur du territoire, le Département planifie et construit des infrastructures. Il gère par ailleurs les collèges. Il investit dans des sociétés d’économie mixte et a pour tâche de préserver les espaces naturels sensibles. Le Département contribue aussi à financer la vie locale, associative, sportive agricole ou publique. Il orchestre à l’échelle de toute la Loire la promotion touristique. Au niveau de la sécurité, une partie de la voirie et le Sdis (service départemental d’incendie et de secours), c’est-à-dire les sapeurs-pompiers, relèvent de lui.
Pourquoi le Département ne sert pas à rien
« Premier partenaire des communes rurales et des intercommunalités », il les aide à mener leurs politiques d’assainissement et de distribution de l’eau, à investir dans les équipements publics (crèches, écoles, centres sociaux…) et promeut leur patrimoine culturel. Il joue enfin un rôle vis-à-vis du monde agricole dans le domaine de l’innovation, de l’irrigation et du développement durable.
Bref, que l’on soit d’accord ou non pour le maintien de cette couche administrative – sa disparition au profit des intercommunalités et des Régions souvent jugées plus pertinentes en termes de bassins de vie a longtemps été évoqué –, il est toujours là, gouverné par des élus locaux. Et donc, de facto, ne sert pas à rien. Plus de 3 000 de ses agents œuvrent quotidiennement au service des administrés dans différents services.
Un petit parlement local de 42 élus
C’est un binôme homme-femme d’élus, qui représente chaque canton du département pour un mandat de 6 ans au sein de l’assemblée départementale. Les règles et le découpage cantonal ont été revus en 2014 en vue des élections 2015. Introduisant une parité obligatoire, et éliminant le renouvellement triennal par moitié d’assemblée en vigueur jusque-là. La Loire est découpée en 21 cantons, dont la superficie varie en fonction de la concentration de la population.
Ce qui donne un petit parlement local de 42 élus. Chaque Ligérien inscrit sur les listes électorales vote bien sûr dans le canton où il réside. L’élection se déroule en deux tours : ce dimanche 20 juin et le 27 juin. Pour être qualifié au second , une formation politique doit réaliser un minimum de 12,5 %. Non pas de votants mais des inscrits sur les listes électorales. Elle peuvent donc être théoriquement plus de deux au 2e tour. Pour être élu dès le 1er, un binôme doit obtenir au moins la majorité absolue des suffrages exprimés (plus de 50 %). Et un nombre de suffrages égal à au moins 25 % des électeurs inscrits.
Mais autant dire que l’abstention redoutée comme jamais (elle avait été de 51,52 % au 1er tour en 2015) peut être dévastatrice pour les formations en lice. Encore plus quand elles sont cinq à briguer le même canton. Ce dimanche, ce sera le cas de 3 d’entre eux (Firminy, Rive-de-Gier et Roanne 1). Quand 11 en ont quatre et 7 trois. Les duos désignés, ceux-ci élisent, à la majorité, un président* la semaine suivant l’élection pour 6 ans. Le président formera alors son exécutif en choisissant ses vice-présidents au sein de la majorité. Actuellement 12 vice-présidents sont secondés par 13 conseillers départementaux délégués.
Il y aura peut-être un 3e tour à prévoir…
Une majorité qui peut-être plus ou moins difficile à dégager. Et des « indépendants », plus ou moins centristes ou « sans étiquette » peuvent très bien jouer les arbitres, au cœur de tractations, donnant ainsi lieu à une sorte de 3e tour. Ce fut notamment le cas dans la Loire en 2011, lorsque la gauche fut à deux doigts de ravir le Département à la droite. Avant des retournements inattendus issus des négociations en coulisses…
Avec 28 sièges, la majorité est toujours entre les mains de l’Union pour la Loire (UPL), « groupe des élus de la droite, du centre et des indépendants ». Si quelques formations de duos homme/femme sans étiquette ou réputés divers gauche ou divers droite, ainsi que cinq candidatures Europe Ecologie Les Verts (EELV) isolées sont en lice, l’UPL aura pour principaux adversaires la Loire en commun, union de cinq formations de gauche (PS, LFI, PC, Génération.s, EELV) et le Rassemblement national (RN). En Marche, ou plutôt, la majorité présidentielle, est, elle, présente dans seulement cinq cantons via l’étiquette En action pour la Loire.
*La fonction est incompatible avec certains autres mandats. Président d’un conseil régional, maire, membre de la commission européenne, exercice d’un mandat parlementaire…