Saint-Étienne
vendredi 26 avril 2024
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Les fans stéphanois de sneakers auront bientôt le graal à portée de pied

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La startup Graal Spotter, créée par le Forézien Enzo Soulier, vend des « sneakers » rares. Jusque-là exclusivement sur le e-commerce, l’entreprise se sent la voûte suffisamment solide pour s’installer dans le centre-ville de Saint-Etienne et y ouvrir un showroom. Pour les néophytes, un sneaker n’est pas une barre chocolatée mais une chaussure aux origines sportives, dévolue à d’autres usages dont certains modèles en série limitées sont des accessoires de mode que des collectionneurs s’arrachent à prix d’or…

En juillet la startup Graal Spotter devrait ouvrir son showroom dans le centre ville de Saint-Etienne. ©Graal Spotter

Avec un nom pareil, on ne peut pas s’empêcher de clamer que l’activité lui était prédestinée. Enzo Soulier, qui va seulement sur ses 22 ans, a en tout cas mis le pied au plancher en se lançant dans l’entrepreneuriat très tôt. Sa startup, il l’a créée officiellement le 1er juin 2021. Mais il y travaillait dessus depuis sa rentrée 2020 en licence « animateur des technologies de l’information et de l’Internet » à l’IUT de Saint-Etienne. « Avant cela, j’étais déjà à l’IUT mais à Roanne en technique de commercialisation. J’ai toujours été très geek, réseaux sociaux, touche à tout sur le web avec cette idée d’avoir mon affaire à moi rapidement. Ce sont mes études à l’IUT qui m’ont cependant orienté vers le marketing digital », raconte Enzo Soulier, à l’origine de Saint-Just-Saint-Rambert.

C’est cependant à Sury-le-Comtal, dans la maison où sont désormais installés ses parents, qu’est actuellement basée sa société. Voilà, une fois de plus, un garage parental sollicité – pour la préparation de commandes dans ce cas – dans le cadre d’un lancement d’une startup à succès. Avant cela, Enzo Soulier s’était essayé au flop, celui de sa marque de vêtements – vendus en drop shipping (sans stocks) – Target clothes, lancée alors ado via Instagram. « J’avais développé ma communauté sur Instagram, comme influenceur et même signé une collaboration avec JD sports et des marques. Une bonne expérience qui m’a incité à créer Target clother. Mais ça n’a pas marché. »

Des sneakers peuvent dépasser les 20 000 € !

Enzo Soulier est et lui-même collectionneur de sneakers. ©Graal Spotter

Mais comme on peut toujours apprendre de ses échecs et qu’Enzo Soulier a encore toute la vie devant soi, une autre idée lui est rapidement venue en faisant le rapprochement avec sa passion pour les « sneakers ». A l’origine, les sneakers sont des paires de chaussures à usage sportif mais finalement détournées pour une utilisation citadine quotidienne puis comme véritable accessoire de mode. Au fil du temps, des marques comme Nike, Adidas ou Converse et bien d’autres encore se sont rendu compte qu’elles avaient tout intérêt pour leur communication à organiser la rareté des certains modèles livrés volontairement au compte-goutte aux distributeurs. L’engouement pour ces éditions limitées est parfois incroyablement fort et relève désormais d’échanges entre collectionneurs passionnés. Un modèle peut de nos jours dépasser les 20 000 € !

« Pour les fans, cela relève d’œuvres d’art. Là où un tableau parle à la sensibilité de certains, pour eux, ce sont des sneakers au design et caractéristiques particulières. Moi, je suis tombé dedans à 16 ans. Il faut savoir que c’est tout un milieu avec ses codes, son champ lexical, explique Enzo Soulier, propriétaire d’une collection personnelle de 200 chaussures dont seulement 20 sont régulièrement empruntées par ses pieds. On ne trouvera jamais ce type de chaussures dans la grande distribution comme GO sport, Intersport ou Decathlon. Davantage chez des spécialistes, Snipes en tête même si JD Sports, Courir ou Foot Locker ont depuis suivi aussi. Mais une livraison chez eux reste un événement : ils sont très vite dévalisés. »

Un système d’authentification type NFT

Pour se distinguer de la concurrence, Graal Spotter mise sur l’authentification via la blockchain. ©Graal Spotter

Les plus passionnés poussent la logique à sans cesse acheter puis revendre des modèles dans l’objectif d’en acquérir d’autres plus prisés. Certains en ont carrément fait une profession. Les opportunités d’acquérir en magasins des sneakers de renom étant rares hors de Paris, Lyon et parfois quelques grandes villes, Enzo Soulier, lui, avait lancé avec un ami un groupe spécifique à l’agglomération stéphanoise sur Instagram. Il a compté jusqu’à 75 membres. Insuffisant pour en faire un business local. D’où le lancement de sa start-up et de son site e-commerce éponyme il y a 10 mois : Graal Spotter. « Avec mon associé, nous avons rapidement divergé et j’ai racheté ses parts. Je suis désormais seul à la tête de l’entreprise mais j’ai déjà pu recruter un alternant en janvier et un stagiaire. Nous ne sommes bien sûr pas les premiers dans ce domaine et il y a bien une dizaine de concurrents solides en France. »

Alors pour se distinguer, Graal Spotter a fait appel au système d’authentification en ligne du produit NFT que peut offrir la blockchain (technologie de transmission de l’information) en proposant à ses acheteurs l’application d’une start-up suisse, CollectID. « Le fonctionnement est assez simple : nous fournissons avec tous nos produits un zip-tie avec la technologie NFC implantée dessus. Nous configurons au préalable ce zip que nous accrochons à l’œillet de la paire de sneakers. Une fois configurées, les sneakers possèdent désormais un identifiant unique (token d’identification) qui prend place dans la blockchain développée par CollectID. L’utilisateur possède ainsi la garantie à 100 % que sa paire a été authentifiée par nos soins. »

Sa boutique de sneakers devrait ouvrir en juillet

2 500 modèles sont disponibles sur le site. ©Graal Spotter

Graal Spotter a vendu 600 paires depuis l’ouverture site qui propose pas moins de 2 500 modèles (avec pour chacun différentes tailles selon les stocks) aux marques emblématiques : Nike (dont des Airs Jordan), Adidas (dont les Yeezy de Kanye West) mais aussi des Alexander McQueen, Balenciaga, Converse et New Balance sans compter des « collaborations exclusives ». Sur le site qui accompagne ses descriptions avec des fiches témoignant d’un véritable effort de « storytelling » propre à l’univers des fans, là aussi certains modèles atteignent plusieurs milliers d’euros même si les prix démarrent pour d’autres à quelques dizaines. « Nous ne discutons pas avec les marques mais avec des milliers de particuliers, des professionnels de la revente dont nous nous assurons le sérieux et l’absence de contrefaçons », précise Enzo Soulier.

Avec un premier exercice sur un an et demi qui devrait déboucher sur 400 000 € de chiffre d’affaires, le jeune chef d’entreprise souhaite passer à une nouvelle phase de son business. Il ouvrira – la signature est imminente – dans une zone très passante du centre-ville de Saint-Etienne, normalement en juillet, un showroom-vente de 40 m2 en location auxquels seront accolés ses bureaux. « Pour échanger entre passionnés, c’est mieux d’avoir un ancrage physique. Pour toucher, aussi, une clientèle, les parents ou grands-parents d’ados notamment, encore rétive au e-commerce. Et puis, je suis content que Sainté puisse avoir sa boutique spécialisée en sneakers comme dans une très grande ville. » Enzo Soulier est optimiste sur le développement de son activité et vise les 3 à 4 M€ de CA dès 2023 et une dizaine d’employés dès le début de l’année prochaine. Alors fini le garage des parents : tout ce beau monde se serait sans doute marché sur les pieds.

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