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vendredi 26 avril 2024
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Gaël Perdriau : « La Primaire LR, c’est le meilleur moyen de perdre » (partie 2/2)

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Saint-Etienne, la Métropole, son rôle d’élu, sa vision de la collectivité, ses rapports avec l’Etat, Macron, ses ambitions pour lui, pour sa ville, son agglomération et enfin la Présidentielle : Gaël Perdriau s’est confié à If Saint-Etienne, dans un entretien fleuve et exclusif. Nous vous le proposons en deux parties. Propos recueillis par Xavier Alix et Nicolas Bros.

Vous êtes vice-président des Républicains, on vous a prêté des ambitions nationales voire même présidentielles, confirmez-vous une envie de servir la France au sommet. Si oui, sous quelle forme ?

« D’abord, je suis convaincu qu’on ne peut pas ignorer la politique nationale et qu’il faut s’en occuper car, de toute manière, elle s’occupe de vous au niveau local. Quand le gouvernement prend une décision en matière de santé, d’éducation ou de sécurité pour ne parler que des missions régaliennes, cela a des conséquences dans la vie quotidienne des Stéphanoises et Stéphanois. Moi qui suis là pour défendre les intérêts de la ville et de ses habitants, je me dois de réagir quand une décision prise au niveau national vient à l’encontre de ces intérêts ou bien faire des propositions pour améliorer les conditions de vie de mes concitoyens. Forcément, quand on est maire d’une grande ville comme Saint-Etienne, on ne peut pas faire fi de la politique nationale. C’est aussi pour cela que je me suis investi dans l’Association des maires de France en tant que membre du bureau et président de la commission des affaires sociales ou à France Urbaine en tant que président de la commission sécurité.

Quand j’entends certains députés évoquer la rentrée scolaire, je doute qu’ils sachent de quoi ils parlent.

Je pense que je sais beaucoup mieux de quoi je parle sur les questions que je viens de citer, qu’un parlementaire qui n’a jamais pris aucune décision concrète et qui n’est pas en prise avec les habitants. Quand j’entends certains députés évoquer la rentrée scolaire, je doute qu’ils sachent de quoi ils parlent. A Saint-Etienne, nous avons 16 000 enfants qui rentrent dans 100 écoles municipales chaque mois de septembre. Je sais tout ce que cela implique en termes de responsabilités. Ce vécu-là, les maires l’ont. C’est la raison pour laquelle il est important que nous nous mêlions du débat public national. »

Pensez-vous un jour valoriser cette expérience d’élu local à l’échelle nationale ?

« Je pense l’avoir déjà fait dans une moindre mesure en partageant ma réflexion à travers une dizaine de tribunes libres à propos de sujets nationaux, à la lecture de mon expérience en tant que maire de Saint-Etienne. Elles traitaient de sujets qui me tiennent à cœur car je suis attaché aux valeurs de la République. Très attaché également à une façon de faire de la politique. Je ne suis pas un politique professionnel, je n’ai pas un parcours d’énarque, d’apparatchik qui n’ont vécu que de la politique et qui en font car c’est leur seul moyen de subsistance. Je ne sors pas du moule qui fait que finalement on met ces politiques dans n’importe quel parti ou ministère, il en ressort la même chose. Je me considère comme un Français parmi les autres, avec une expérience professionnelle, familiale et qui accepte de consacrer son temps et de donner une partie de sa vie pour la ville et pour les autres. Je le fais avec la force de mes convictions.

Cet engagement ne vaut que si l’on reste fidèle à ce qui nous est le plus cher. Cela ne veut pas dire que l’on ne peut pas changer d’avis sur certains sujets mais je parle des valeurs fortes que l’on a en soi. C’est-à-dire l’engagement politique, sur la vie en société, la place de l’Homme dans la société. Je ne sacrifierai jamais ces convictions. Je l’ai défendu, parfois même contre des personnes qui étaient du même parti que moi, car cela est secondaire à mes yeux par rapport à l’engagement politique que j’ai pris vis-à-vis de mes concitoyens.

Concernant ma contribution au niveau national, évidemment que j’ai une réflexion, je pense des choses, je les dis, je les partage. Et je souhaite, finalement, les partager le plus largement possible. C’est le rôle d’un homme politique de dire ce qu’il pense, de le défendre. Et je ne suis ni un sociologue, ni un philosophe. Ça ne m’empêche pas de réfléchir. Mais ma raison d’être c’est l’action, faire, mettre en œuvre les idées auxquelles je crois. »

« Une primaire chez les LR reviendrait à se flinguer »

Je me désolidariserais d’une éventuelle primaire. C’est à l’envers de ce que veulent les Français : ils n’en peuvent plus de ces cuisines politiciennes.

Vous aviez soutenu Bruno Le Maire aux dernières Présidentielles. Mardi, votre parti a tenu son premier rendez-vous autour de la question des primaires. Est-ce qu’un candidat à la candidature LR pour 2022 a votre soutien ?

« Cette réunion, je la trouve ridicule. Pour deux raisons et en cela je partage totalement les propos de Michèle Alliot-Marie qu’elle a tenus en bureau des LR. Le président de la République, c’est la rencontre d’un homme, d’une femme, avec le peuple français. Il ou elle ne peut pas être l’homme ou la femme d’un parti. Ce dernier peut revendiquer des choses : faire des propositions, conditionner un soutien politique, un réseau d’élus, financer la campagne. Mais pas le choix, en son sein, ou de définir les modalités de désignation d’un candidat. C’est contraire à l’esprit gaulliste et à celui de la Ve République. La seconde raison, c’est que la primaire est le meilleur moyen de se flinguer et de ne pas être présent au second tour. Une primaire interne, c’est mettre en avant les faiblesses de chaque candidat, censé ensuite défendre ensemble les mêmes idées, les mêmes projets. Ce qui alimente un processus de destruction par nos adversaires ensuite. C’est le meilleur moyen pour perdre. 

A propos des présidentielles : « Je ferai des propositions »

Je me désolidariserais d’une éventuelle primaire. C’est à l’envers de ce que veulent les Français : ils n’en peuvent plus de ces cuisines politiciennes. Les LR, c’est le premier parti de France avec 70 000 adhérents. C’étaient 300 000 sous Nicolas Sarkozy. La représentativité des partis n’est plus ce qu’elle était et c’est de leur faute. Il faut accepter de remettre en cause nos méthodes et propositions. Sinon, on arrive aux résultats des Européennes : 9 %. Je regrette profondément que ce qui anime actuellement ma famille politique, c’est plus le « qui » et « comment » que le « quoi ». On n’est pas dans un concours de Miss France. Avant de soutenir un candidat, j’aimerais d’abord savoir ce qu’ils proposent. Et je n’ai rien entendu de nature à corriger les injustices, les inégalités que notre pays connaît aujourd’hui. C’est aussi pour cela que je ferai des propositions… »

Retrouvez la première partie de l’entretien avec Gaël Perdriau ici :
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