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vendredi 26 avril 2024
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Deux Stéphanois se lancent dans La Brèche, journal national « d’enquête »

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Journaliste indépendant, Clément Goutelle et Jean-Philippe Peyrache, enseignant chercheur, croient au papier, au dessin de presse et à un « journalisme lent face à la course au clique ». Ils lancent La Brèche dans les kiosques le 15 décembre, nouveau journal national « d’enquête » diffusé d’emblée à au moins 35 000 exemplaires…

L’association Barré éditions a consacré 2 ans de travail au lancement de La Brèche. Photo fournie par Barré éditions.

Une genèse et les leçons allant avec. Journaliste indépendant stéphanois (Le Progrès, Rue 89, Libération, AFP…), Clément Goutelle, 37 ans, était, entre autres, à l’origine du magazine Barré. Trois ans d’existence (2015-2018), sept numéros, un contenu en partie relayé par un site d’ailleurs toujours en ligne et une association éponyme derrière. Basée à Saint-Etienne, bien que mise en sommeil, elle n’a jamais cessé d’exister. Plutôt culture et contre-cultures mais déjà des enquêtes en France à l’étranger sur des sujets hors des sentiers rebattus. Et cette promesse, au moment d’annoncer, « épuisés », que l’aventure s’achevait, de ne pas en rester là, sur leur faim et celle de leurs lecteurs. Ce « nouveau souffle » annoncé et porté par la même équipe rejointe par l’enseignant-chercheur en informatique Jean-Philippe Peyrache en 2018 est là et s’appelle La Brèche. Un journal national de 12 pages consacré à des enquêtes sur « des scandales sanitaires, sociétaux et environnementaux ».

Oui, malgré son propre site web vitrine, proposant cependant des extraits, il est en papier. « Pour nous, c’est comme le vinyle qui offre à la musique un confort d’écoute, compare Clément Goutelle, directeur de la rédaction. Le papier apporte une qualité de lecture particulière. On doit s’arrêter pour lire l’information et on prend véritablement un moment pour soi. On croit qu’il restera toujours des amateurs de la presse papier. Le papier nous permet également de soigner le visuel. L’équipe est composée de nombreux journalistes pigistes1 mais aussi de dessinateurs2. » Et pour son lancement prévu le 15 décembre dans points de ventes, le bimestriel La Brèche devrait être édité à un impressionnant tirage d’au moins 35 000 exemplaires, peut-être même 40 000, quand Barré, certes en format magazine, n’atteignait que les 1 200 !

Enquêtes et dessins de presse

Un 12 pages au format du type Canard enchaîné. Photo fournie par Barré éditions.

« C’est un enseignement issu de cette expérience. On nous l’avait d’ailleurs signalé quand on s’est arrêté. Il ne faut surtout pas hésiter à oser, mettre le paquet pour être réellement visible en kiosques, explique Clément Goutelle. 1 200 exemplaires, c’était trop peu pour être vus avant même d’être lus. De même, on ne boude plus les réseaux sociaux mais seulement dans l’objectif d’attirer cette audience vers le papier. » Journal d’enquête au long cours « qui parle de tout mais surtout d’autres choses », La Brèche aborde, des failles écologiques, dans la santé publique, ou suscitées par les lobbies, sinon les nouvelles technologies. Une grande place est faite aux illustrations de dessinateurs de presse en allant même jusqu’à proposer des « articles dessinés », un peu comme l’avait déjà fait Barré en se penchant sur la mutinerie de la prison de Nancy en 1972. Le tout est « complété par une veille et un suivi des investigations des confrères à travers le monde ».

Au sommaire du premier numéro : le scandale sanitaire du « respiratorgate », une enquête sur l’impact des ondes électromagnétiques sur la santé, « les dérives de la Fifa », « Volvic une ville d’eau à sec ». Abordés à la manière de La Brèche, que les sujets aient pour théâtre le Puy-de-Dôme, la Bretagne, la capitale, sinon l’étranger, voire plusieurs territoires à la fois, plus besoin en 2022 d’être basé à Paris. « Vous serez confrontés aux mêmes canaux de communication en sollicitant, par exemple un ministère depuis Paris ou Saint-Etienne sur les types de sujet qui nous intéresse. Ça ne change rien. » Bref, du national décentralisé dont le modèle est devenu d’ailleurs relativement courant. Un premier article à paraître dans le premier numéro – Auvergne, Alsace, Bretagne : des mines de lithium au nom de… l’écologie – est en accès libre, histoire de se faire un avant-goût.

Une campagne de pré-abonnement sur Helloasso

L’objectif initial est d’atteindre 1 000 « pré abonnés » d’ici le 5 décembre. Montage fourni par Barré éditions.

La campagne de pré-abonnement avec l’objectif d’atteindre 1 000 abonnés (soit 20 000 €) est en cours jusqu’au 5 décembre sur Helloasso. A terme pour être à l’équilibre, il faudra atteindre les 5 000 abonnés et 3 000 ventes à l’unité (3,5 € l’exemplaire). « Le rêve, ce serait bien sûr que La Brèche devienne notre activité à plein temps. Mais peut-être que l’on ne tiendra qu’un an, deux ou trois ans mais en attendant, on ne lâchera rien », clame avec l’enthousiasme nécessaire Clément Goutelle. Le journal se dit non politisé, non militant, faisant parler les « pour » et les « contre » mais affiche l’ambition de « défendre ce que nous appelons un journalisme « actif ». Nous allons suivre nos sujets d’enquête de numéro en numéro. Donner et traiter l’information ne suffisent plus à faire bouger les lignes : il faut suivre, dénoncer, demander des comptes, encore et encore ».   

1  En plus de Clément Goutelle et Jean-Philippe Peyrache, par ailleurs directeur de publication, Antoine Costa (réalisateur et journaliste indépendant), Camille Grange (journaliste indépendante – Le soir… ex Barré), Antoine Guirimand (journaliste indépendant – France Culture, RTS, La Revue Dessinée), J.F. Maz (critique, ex Barré), Romain Molina (journaliste indépendant – The New York Times, BBC, Le Temps… ex Barré). Marion Sabatier est à la direction artistique.

2 Deloupy, Thiriet, Roxane Combes, Yetiz, Axel Garrigues, Halfbob.

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