« Proposer des formations dans l’air du temps »
Lancé en septembre 2021, le Bachelor universitaire et technologique (BUT), formation professionnelle en trois ans accessible dès le baccalauréat obtenu, est venu remplacer le Diplôme universitaire technologique (DUT). On fait le point sur cette nouveauté avec Magali Chaudey, directrice de l’IUT de Saint-Etienne.
Quels sont les changements engendrés par le BUT ?
Jusqu’à présent, nous avions un schéma de formation qui s’étalait sur deux ans, avec le DUT en bac +2. Le BUT passe les étudiants à bac +3, leur permettant d’atteindre le grade de licence et d’inscrire les formations des IUT dans le schéma européen LMD pour licence-master-doctorat.
Il existait ce souci pour certains étudiants à qui il manquait une année en sortant d’un IUT pour continuer en master ?
Oui, il manquait une année à ces étudiants afin d’atteindre le second cycle d’études supérieures.
A l’IUT de Saint-Etienne, comment s’est déroulée ce changement alors que vous veniez de prendre la direction en septembre 2021 ?
Nous sentirons le changement surtout à partir de 2023 où nous aurons pour la première fois des étudiants en troisième année dans tous nos départements. Cela car nous avons fait le choix à Saint-Etienne, au sein de nos sept départements, de proposer au moins un parcours en formation initiale, ce qui n’est pas le cas dans tous les IUT de France. Chez nous, vous trouverez donc 21 parcours dont sept en formation initiale et les autres en alternance. Nous avons fait ce choix non pas de manière aléatoire. Nous avons à l’heure actuelle encore des licences professionnelles. L’idée est de les faire entrer l’année prochaine dans des parcours de BUT. Nous n’avons donc pas tout créé à partir de rien. Sur nos 17 licences professionnelles en alternance actuelles, 12 vont se transformer en parcours BUT.
Parallèlement à ce lancement des BUT, il a été annoncé qu’un tiers d’heures adaptées aux réalités économiques et sociales du territoire dans lequel se trouve l’IUT allaient être instauré. Pouvez-vous nous en dire davantage ?
Nous avons d’une part un programme national et nous avons à côté effectivement une petite marge de manœuvre. Sur les trois ans de formation, nous pouvons consacrer 30 % du volume d’heures de cours global à ce que l’on appelle des adaptations locales. Cela dit, nous n’en avons pas fait en première année car nous avons mis en place le BUT dans un temps imparti assez court. Donc nous avons pensé davantage ces adaptations locales pour la troisième année. Par exemple, en mesures physiques, nous avons à Saint-Etienne une spécialité sur l’acoustique et la vibration. Nous pourrions donc envisager qu’un des modules national soit remplacé par un module dédié à ces thématiques, notamment si l’on voit une demande des professionnels sur ce secteur.
L’idée qui se cache donc derrière ces adaptations locales est de répondre aux besoins du tissus économique local ?
Oui tout à fait. L’idée est de former au mieux les étudiants en vue des besoins des entreprises de notre territoire.
Comment se sont déroulées les deux première rentrées sous le signe des BUT à Saint-Etienne ?
Je ferais une grande différence entre la rentrée 2021 et celle de 2022. Tout d’abord en termes de sérénité de tout le monde, des équipes, des familles et des étudiants. En 2021, cela a été un peu compliqué car nous avons fait rentrer des jeunes qui avaient subi deux années de restrictions sanitaires et de confinement et puis surtout qui s’étaient orientés sans avoir accès à toute l’information à laquelle les futurs étudiants ont droit d’habitude. Je pense aux journées portes ouvertes qui n’ont pas pu avoir lieu, au salon de l’Etudiant… Ces jeunes se sont donc orientés de manière plus aléatoire et nous l’avons vraiment senti. Il y a donc eu beaucoup plus d’abandons que les années précédentes. En 2022, la donne était complètement différente. A ce jour, nous n’avons quasiment pas d’arrêt, les jeunes connaissent davantage ce qu’ils peuvent trouver chez nous et les équipes sont plus sereines également.
La mise en place BUT ce n’est pas seulement passer de deux à trois ans d’études, mais bien repenser toute la pédagogie.
Il y a également 25 % des heures de cours qui peuvent être dispensés par des professionnels dans les IUT. Est-ce le cas à Saint-Etienne ?
Oui, nous allons même au-delà de 25 %. Cela était déjà le cas dans les licences professionnelles. Donc c’est le prolongement dans le BUT, même si la pédagogie est un peu différente. La mise en place BUT ce n’est pas seulement passer de deux à trois ans d’études, mais bien repenser toute la pédagogie. Ce diplôme a été construit sur une approche par compétence. Le jeune qui intègre un BUT, a bien entendu des heures d’enseignement, mais également de nombreux travaux de groupe, des SAÉ (situations d’apprentissage et d’évaluation, Ndlr). Ces deux types d’exercice permettent au cours du temps d’acquérir un certain nombre de compétences. C’est vraiment très différent de ce que l’on avait avant. Il n’y a par exemple plus de « semestre », il n’y a plus de jury de semestre car on donne des années directement en cas d’assimilation des compétences. Il n’y a également plus de moyenne d’année et donc plus de classement. Le fonctionnement et la pédagogie ont donc été repensés totalement.
Le BUT a également été accompagné par le lancement des conseils de perfectionnement ?
Cela existait déjà dans les licences professionnelles ainsi que dans toutes les formations universitaires en alternance. Pour expliquer ce qu’est le conseil de perfectionnement, il réunit les équipes pédagogiques, des professionnels et des représentants des étudiants. Ils se réunissent pour discuter des contenus de la formation, établir des bilans de ce qui a été mis en place, et éventuellement de prévoir des évolutions. L’idée est de proposer des formations qui soient dans l’air du temps.
Comment se situe l’IUT de Saint-Etienne parmi les 11 IUT présent en Région Auvergne-Rhône-Alpes ?
Le plus important en nombre d’étudiants est celui de Lyon 1 avec environ 10 000 étudiants. Saint-Etienne est le deuxième IUT en zone Ain/Rhône/Loire. Si on agrandit la zone, il est difficile de vous répondre car par exemple l’IUT de Clermont a fusionné avec les autres IUT de sa zone et donc n’est pas comparable en termes de chiffres aux nôtres.
Nous sommes à la Métare, aux portes du Pilat, dans un site qui nous pousse à être tournés vers la nature.
Quand vous êtes arrivée à la direction de l’IUT, vous aviez l’intention de développer un éco-campus. En quoi cela consiste ?
Nous sommes à la Métare, aux portes du Pilat, dans un site qui nous pousse à être tournés vers la nature. D’autre part, nous avons un département génie biologique, spécialité génie de l’environnement. Ces deux points nous ont poussés à réfléchir au cadre dans lequel nos étudiants et personnels évoluent. Ainsi, nous avons réfléchi à l’aménagement de l’espace avec par exemple une tonte écologique faite avec des moutons, la présence de ruches, l’installation prochaine d’un poulailler, d’un verger… Nous sommes également labellisés « site refuge » de la Ligue de protection des oiseaux (LPO) et nous avons un ensemble de démarches de recyclage des déchets, des mégots, etc. Chaque année, nous essayons de mener une ou deux actions dans cet esprit-là pour continuer à instaurer cette dimension. L’idée est que le campus de la Métare possède cette image d’éco-campus.
Le site de Tréfilerie de l’Université Jean Monnet connaît d’importants travaux. Est-ce que le site de la Métare va également connaître des transformations ?
Il devait normalement y avoir, dans le cadre du Contrat de plan Etat-Région, une tranche de financement qui aurait dû arriver pour effectuer des travaux sur le site Métare, à la fois à l’IUT et à la fac de sciences. Aux dernières nouvelles, le nouveau CPER ne va pas du tout alimenter un quelconque financement pour le site Métare. Un petit reliquat devrait servir toutefois à rénover les logements étudiants mais rien pour rénover le campus, ce qui est contraire à ce qui nous avait été annoncé auparavant.
Plus d’infos à propos de l’IUT de Saint-Etienne sur cette page
Quelques chiffres à propos de l’IUT de Saint-Etienne :
- 2 200 étudiants
- 200 personnels permanents dont 135 enseignants-chercheurs
- 450 intervenants du monde professionnel
- 7 BUT proposés (GACO, GEA, GB, GEII, GMP, MP, TC) et 5 licences professionnelles en alternance
- L’IUT a obtenu en juin 2022 une nouvelle certification : NF Formation