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dimanche 28 avril 2024
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Cap Services : un cap, et ça repart

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Un an après la reprise de Talents Croisés par Cap services, la coopérative d’activité et d’emploi de la Loire a sorti la tête de l’eau. Retour sur un sauvetage in extremis qui fait la part belle aux porteurs de projets tout en ne perdant pas de vue la notion d’obligation de résultats.

Talents Croisés a vu le jour en 2003 dans la Loire. La société est née d’un essaimage de la structure Cap Services, première coopérative d’activité et d’emploi française, crée dans le Rhône en 1995. Au terme de nombreuses difficultés, Talents Croisés avait été placée en redressement judiciaire fin juin 2021, pour être reprise trois mois plus tard par l’entité lyonnaise et devenir Cap Services Loire. « Ce dispositif d’accompagnement à l’entrepreneuriat a failli disparaître dans la Loire et cela aurait été désastreux », explique Nicolas Planchon, directeur général de Cap Services et vice-président de la Chambre régionale de l’économie sociale et solidaire d’Auvergne Rhône-Alpes. Depuis la reprise, Cap Services Loire a quitté Firminy pour Roche-la-Molière, où le maire a pu proposer des locaux à loyer modéré pour aider la coopérative à redémarrer dans de bonnes conditions.

Indépendance et sécurité

Mais alors qu’est-ce qu’une coopérative d’activité et d’emploi ? « Elles permettent une phase de test pour les porteurs de projet, poursuit Nicolas Planchon. Elles sont encore très mal connues alors qu’elles ont été stabilisées par la Loi Hamon de 2014 sur l’économie sociale et solidaire, en permettant de créer le contrat d’entrepreneur-salarié qui permet de bénéficier de la liberté de l’entrepreneur, ainsi que de la sécurité du salariat ». Avant ce statut, Cap Services propose un contrat d’appui au projet d’entreprise, valable un an et reconductible deux fois. Il permet au porteur de projet de facturer afin de se constituer une trésorerie pour investir ou se verser des rémunérations. Ce contrat peut être cumulé avec un emploi ou même une Allocation de retour à l’emploi, avant de passer au contrat d’entrepreneur salarié. Et si jamais l’entreprise ne fonctionne pas, on peut se licencier soi-même et retourner à l’ARE ou au contrat d’appui. Pour bénéficier de cet accompagnement, pas de conditions requises sur la nature des projets.

L’équipe ligérienne a entièrement rénové ses locaux cet été. © JT/If Saint-Etienne

Veiller aux gains

« Notre accompagnement ne porte pas sur le métier en lui-même, mais sur la création et sur le modèle collectif, ajoute Nicolas Planchon. Les entrepreneurs salariés reversent 12 % de contribution sur leur marge brute. Pour le reste, nous sommes financés par la Région, les collectivités territoriales, les fonds européens. Cela permet de garantir le non-tri des projets. Néanmoins, si jamais quelqu’un vient avec juste une idée, on va l’orienter vers un incubateur, car le projet ne sera pas assez mature ». Si autrefois Cap services voyait surtout arriver dans ses rangs d’anciens cadres de plus de 50 ans, après un burn-out, la tendance semble avoir changé dernièrement avec l’adhésion de nombreux jeunes, primo-arrivants sur le marché du travail, attirés par le volet coopératif. En moyenne, à l’échelle nationale, la durée de transformation est de 18 mois et plus de 65 % des entrepreneurs salariés sont en capacité de gagner leur vie à deux ans. Toutefois, Nicolas Planchon et son PDG, Nicolas Berthet, n’exclu pas la vigilance de leur modèle coopératif.

Définir un cap

Désormais sortie des difficultés financières, Cap Services Loire a intégré son alter ego lyonnaise qui a généré 3,3 millions d’euros de chiffres d’affaires en 2021, dont 1,4 million de salaires redistribués. Pour autant, cela n’interdit pas la prudence, après que Talents Services ait fait perdre de l’argent à ses entrepreneurs à l’époque de son placement en redressement judiciaire. « Quand on voit que ça démarre mal, avec par exemple une personne qui, en plus, arrive en fin de droits, on lui explique qu’elle doit retrouver un emploi salarié », explique Nicolas Berthet. Chaque année, entre 30 et 50 entrepreneurs sortent de la coopérative pour se développer, retourner au salariat ou créer leur propre modèle coopératif. « Après quinze ans d’existence, la notion d’obligation de résultats avait été oubliée, se souvient Guy Tisseur, dirigeant de Déclic Comportement, société de coaching et formation, et accompagné par Cap Services Loire. Aujourd’hui, il y a une exigence bienveillante. C’est important, car le partage n’est équitable que si chacun s’investit ».

© JT/If Saint-Etienne

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